
POUR LICENCIEMENT ABUSIF:
La justice condamne l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali à verser plus de 18 millions de francs CFA à un ancien agent
Le président de l’APCAM, Sanoussi Bouya Sylla, semble conduire la plus haute instance paysanne du Mali droit dans le mur. Est-ce par ignorance des textes ou par arrogance assumée ? Une chose est sûre : sa gouvernance laisse des traces indélébiles. Dernier épisode en date : l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM) a été condamnée à verser plus de 18 millions de francs CFA à un ancien agent, Mamadou Baba Traoré, pour licenciement abusif. Faute d’avoir exécuté cette décision dans les délais impartis, la justice a ordonné la saisie de tous les comptes bancaires de la structure. Un coup dur pour une institution censée soutenir le monde rural.
Arrivé à la tête de l’APCAM en 2021, Sanoussi Bouya Sylla avait promis la relance de plusieurs activités phares : le Salon international de l’agriculture (SIAGRI), la tenue régulière des sessions statutaires et l’organisation des journées paysannes. Quatre ans plus tard, aucune édition du SIAGRI, aucune journée paysanne organisée, et des sessions tenues au compte-gouttes. L’APCAM apparaît aujourd’hui comme une structure amorphe, déconnectée des réalités des exploitants agricoles qu’elle est censée représenter.
Pire encore, son mandat s’est illustré par une gestion autoritaire, marquée par une purge ciblant les agents contractuels. Parmi les victimes : Mamadou Baba Traoré, licencié dans des conditions jugées illégales par la justice. L’intéressé a saisi les juridictions compétentes et obtenu gain de cause, en première instance puis en appel. Selon les documents judiciaires consultés, l’APCAM a été condamnée à verser 18,5 millions de FCFA, tous frais compris : dommages et intérêts, indemnités de licenciement et frais accessoires. Une somme jugée d’autant plus lourde que d’autres procédures sont en cours. Parmi elles, celle de Dr Yahaya Kane, qui a obtenu une décision favorable pour non-paiement de ses indemnités de retraite, ainsi que celle de M. Abdoulaye Sissoko, ancien coursier, qui a également fait valoir ses droits. L’ordre de saisie des comptes de l’APCAM sonne comme un véritable camouflet en ce début d’hivernage pour une direction obstinée. Et l’affaire est loin d’être close : selon plusieurs sources internes, le président Sylla envisagerait dans les prochains jours de licencier l’ensemble des agents contractuels. Une décision unilatérale qui risque d’aggraver la crise et de plonger davantage l’institution dans l’impasse, en violation flagrante des textes qui la régissent. Dans ce contexte de turbulences, certains appellent l’État à assumer ses responsabilités, pour préserver les efforts déjà consentis notamment dans le paiement des cotonculteurs et la distribution des engrais. Personne, affirment-ils, ne doit compromettre la campagne agricole pour des agendas personnels. Les autorités de la Transition ont mis en œuvre plusieurs mesures pour assurer le bon déroulement de la saison agricole. Il est impératif que l’APCAM ne devienne pas un facteur de perturbation, mais un levier de soutien au monde rural.
Face à cette gestion décriée, une question demeure : Sanoussi Bouya Sylla agit-il par méconnaissance ou par mépris des règles institutionnelles ? Ce qui est certain, c’est que son mandat se termine sur un bilan désastreux : entre paralysie institutionnelle, tensions internes et naufrage judiciaire.
À suivre.
Fousseyni SISSOKO