
Pour relever les défis liés à la Sécurité Alimentaire en 2025: l’État et ses partenaires mènent un Atelier National de Planification Conjointe

Les travaux de l’Atelier National de Planification Conjointe de la Réponse de l’Etat et Des Partenaires pour le Secteur de la Sécurité Alimentaire 2025 ont eu lieu ce mercredi 18 juin 2025 dans la salle de réunion au Grand hôtel de Bamako. Cet atelier est un fruit de partenariat entre le Gouvernement du Mali, Mali Cluster Sécurité Alimentaire, Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et le Programme Alimentaire mondial (WFP). La cérémonie était placée sous le parrainage du COMMISSARIAT À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, représenté par M. Mamadou Diarisso, chef du département Analyse prospective planification de suivi évaluation au ministère à la sécurité alimentaire, en présence du Représentant / Directeur Pays adjoint du PAM/Mali, M. IBRAHIMA DIALLO, et du chef d’unité des Systèmes Alimentaires de Bamako, M. Abdel RAMADI.
Après ses mots de bienvenue à l’occasion de cet atelier stratégique, consacré à la planification de réponse collective pour l’année 2025, selon le Représentant / Directeur Pays adjoint du PAM/Mali, M. IBRAHIMA DIALLO, l’analyse de la situation alimentaire, réalisée lors des dernières sessions du Cadre Harmonisé tenues en novembre 2024, indique que 1 369 173 personnes, soit environ 6% de la population du pays, sont en crise alimentaire ou pire. Parmi elles, plus de 2 600 pourraient basculer en phase catastrophe (Phase 5) et plus de 100 000 en urgence alimentaire (Phase 4) pendant la soudure agro-pastorale 2025, de juin à septembre. Par ailleurs, les différentes alertes issues des analyses régionales signalent une probable détérioration de la sécurité alimentaire des ménages durant la saison hivernale, en raison notamment des inondations, des invasions acridiennes et d’autres chocs climatiques. Face à une situation alimentaire toujours préoccupante, le gouvernement du Mali et ses partenaires doivent évaluer plusieurs aspects essentiels. Il s’agit notamment de la capacité des acteurs de la sécurité alimentaire à répondre aux besoins critiques identifiés, de l’identification des cercles ou zones où des insuffisances importantes dans la réponse pourraient apparaître au cours de l’année. Cette évaluation doit aussi concerner la qualité de la réponse saisonnière, notamment pendant les périodes de pré-soudure et de soudure, en ce qui concerne la couverture des rations alimentaires destinées aux populations vulnérables. Par ailleurs, la capacité de prise en charge des personnes déplacées internes doit être examinée, compte tenu de la persistance de l’insécurité dans certaines localités du pays. A rappeler que ce sont autant de questions sur lesquelles ils doivent réfléchir avant de dresser le bilan réaliste de leurs ressources et capacités disponibles.
Pour lui, l’exercice de planification conjointe qui leur réunit ici prend donc tout son sens. En effet, il leur permettra de collecter et d’analyser l’ensemble des capacités de réponse des organisations intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire au Mali. Cette analyse servira de base à la construction de synergies potentielles, afin d’améliorer la réponse et de mieux couvrir les besoins, dans un contexte marqué par une rareté et une faiblesse criante des financements. Il convient de rappeler, selon lui, la persistance de l’insécurité alimentaire résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs ou chocs. Il s’agit notamment de l’insécurité, qui continue d’entraîner le déplacement forcé de populations dans toutes les régions du pays, avec plus de 370 000 déplacés internes selon la Matrice de suivi des déplacements de décembre 2024. Ces populations déplacées ou retournées dépendent en grande partie de l’assistance humanitaire pour satisfaire leurs besoins de base, notamment alimentaires.
La détérioration de la situation sécuritaire a également fortement affecté les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, réduisant considérablement les moyens d’existence de nombreuses communautés. Celles-ci sont notamment confrontées, dans certains endroits du pays, aux vols de bétail, à la réduction des superficies cultivées, ou encore la destruction des cultures et des récoltes. Par ailleurs, en dépit d’une campagne agricole 2024-2025 jugée moyenne à bonne, les prix des denrées alimentaires restent très élevés. Comparés à la moyenne quinquennale, les prix sont en hausse au niveau national pour toutes les céréales, soit +15% pour le maïs, +17% pour le sorgho, +21% pour le riz local et 24% pour le riz importé, et +14% pour le mil. Dans certaines régions du Nord (Ménaka, Kidal, etc.), les hausses de prix des céréales dépassent parfois 100% Ces augmentations exceptionnelles ont un impact négatif sur l’accès des ménages les plus pauvres à la nourriture. Face à la persistance de l’insécurité alimentaire, le PAM a assisté plus de 780 000 personnes déplacées internes et réfugiées, ainsi que plus de 205 000 personnes dans le cadre du paquet intégré de résilience au cours du premier trimestre 2025. En revanche, le PAM poursuit ses efforts de mobilisation de ressources dans un contexte difficile marqué par une diminution significative des financements disponibles pour répondre aux besoins identifiés au cours de l’année. Ces ressources permettraient au PAM de compléter la réponse de l’État et d’autres partenaires, en apportant une assistance à environ 174 000 personnes pendant la période de pré-soudure (mars à mai) et 685 000 de personnes pendant la soudure agro-pastorale, à condition que les les ressources nécessaires sont mobilisées à temps. Cette réponse d’urgence prend en compte également un volet nutritionnel, qui devrait bénéficier à près de 430 000 enfants âgés de 6-23 mois et 23 000 femmes enceintes et femmes allaitantes, dans le cadre des activités de traitement et de prévention de la malnutrition, a-t-il avoué
En définitive, au regard de ce qui précède, pour monsieur Diallo, cet atelier est une opportunité précieuse pour conduire une planification détaillée et rigoureuse de la réponse que nous envisageons pour cette année 2025, en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes. Il a voulu remercier et féliciter tous les acteurs du cluster de la sécurité alimentaire pour leur engagement et leur détermination à contribuer activement à la souveraineté alimentaire au Mali, à travers une réponse d’urgence efficace et le renforcement des moyens d’existence ainsi que de la résilience des communautés. De manière collective, nous nourrissons l’espoir que les résultats issus de cet atelier permettront, sans nul doute, de définir un niveau de réponse effectif, commune par commune, tout en identifiant les insuffisances de ressources à combler le plus rapidement possible. À cet égard, il souhaite exprimer toute sa gratitude à l’ensemble de leurs partenaires financiers et saluer les efforts de coordination, les synergies et les complémentarités mises en œuvre avec tous les partenaires techniques, a-t-il conclut.
Saouti Cissé