La Ministre de l’Energie et de l’Eau, Bintou Camara, en présence de son homologue de l’Économie et des Finances, M. Alfousseyni Sanou, a présidé lundi 22 Janvier 2024, à l’hôtel Radisson Collection (Ex Sheraton), l’ouverture des travaux de la 76ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS ). Cette importante session s’est déroulée en présence du secrétaire général du haut-commissariat de l’OMVS, des Présidents des Conseils d’Administration de la SOGED, de la SOGEM, de la SOGENAV, de la SOGEOH et de la SEMAF, et ainsi que les représentants des partenaires au développement.
Dans son discours, le Ministre de l’Économie et des Finances a rappelé que le cadre d’Orientation Stratégique que les Etats membres de l’OMVS se sont fixés pour répondre aux exigences d’un développement durable, solidaire et participatif du bassin partagé du fleuve Sénégal. L’OMVS devrait, à ce titre, intensifier la mise en œuvre des programmes en cours et ceux planifiés, en particulier, accroître la production hydroélectrique pour, d’une part, créer un environnement favorable à une baisse des coûts de production par la recherche de financement adapté à la construction de centrales hydroélectriques de seconde génération, et d’autre part, accélérer la réalisation du projet navigation. Selon lui, la réalisation du projet Navigation donnera une impulsion nouvelle à la dynamique d’intégration et de consolidation de la paix dans la sous-région, assurera la diversification, le renforcement des échanges commerciaux et permettra de stimuler et d’améliorer la mobilité des personnes et des biens par le désenclavement des pays. Grâce au capital de confiance dont nous jouissons auprès de nos Partenaires Techniques et Financiers et leur appui constant, nos efforts dans le domaine des aménagements structurants se sont concrétisés par la mise en exploitation commerciale de la Centrale de Manantali depuis plus de deux décennies, la mise en service des Centrales Hydroélectriques de Félou et Gouina respectivement en 2013 et 2022. Il a saisi l’occasion pour saluer les efforts fournis par l’OMVS, au niveau de toutes ses structures, afin de répondre aux orientations données par les Chefs d’Etats et de Gouvernement de notre organisation. Il dira que la présente session du Conseil des Ministres se tient à un moment où malgré la forte demande en énergie dans nos pays, la situation a évolué positivement au vu des différentes actions menées par l’ensemble du système. .Il s’agit aujourd’hui pour l’Organisation de relever le défi de la mobilisation du financement du projet Navigation, du barrage de Koukoutamba, de Gourbassi et de poursuivre la réalisation des travaux de la ligne Manantali-Bamako, boucler le financement de la troisième ligne Kayes-Yélimané-Tintane-Kiffa pour l’intérêt de nos Etats. Prenant la parole pour l’ouverture des travaux de la session, la Ministre de l’Energie et de l’eau, Bintou Camara a aussi rappelé que le pilier manquant de l’exécution de leurs missions depuis 1972 reste, sans nul doute, la navigation, la seule activité qui n’a pas encore connu de concrétisation, malgré les différentes études menées de cette date à nos jours et les engagements des partenaires à de multiples reprises. Aussi, la stratégie de navigation rapide proposée par la Société de Gestion et d’Exploitation de la Navigation (SOGENAV) tarde à démarrer, en raison de lenteurs dans la mobilisation des quoteparts de financement par nos Etats. « La sécurité alimentaire apparaissant dans nos missions de 1972 sous le vocable << autosuffisance alimentaire », a enregistré des acquis majeurs, à travers la mise en service des ouvrages de Diama et de Manantali, qui ont permis l’aménagement accru d’un potentiel de 409 000 ha irrigables de notre bassin, restant encore pour moitié inexploité » a-t-elle déclaré. Dans ce domaine, la réalisation d’aménagements hydro-agricoles et d’équipements de transformation des produits agricoles s’est poursuivie en 2023, en appui aux efforts de nos quatre Etats, à travers les actions du Projet de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PGIRE 2) et du Plan d’Action pour l’Amélioration des Cultures Irriguées. « Le secteur de l’énergie est sans nul doute celui qui a connu le plus d’avancées en 2023, avec la mise en service de la ligne Kayes-Tambacounda reliée au réseau de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG), la reprise des travaux de la ligne Manantali-Bamako suite à la levée de la suspension des décaissements par l’Agence Française de Développement (AFD) et l’approbation du financement partiel de la ligne Kayes-Yélimane-Tintane-Kiffa-Aloun par la Banque Africaine de Développement (BAD) et d’autres partenaires stratégiques de l’Organisation »a-t-elle laissé entendre. Elle dira que l’année 2023 a également été marquée par la poursuite des actions de recherche de financement en faveur des projets d’aménagements structurants de Koukoutamba en Guinée et de Gourbassi au Mali, notamment, par des requêtes soumises au Groupe de Coordination des Bailleurs Arabes. Aussi, l’intérêt manifesté par Eximbank Chine, est une lueur d’espoir vers la réalisation de ces projets, notamment celui de la navigation. Elle a souligné que le Mali traverse aujourd’hui une crise énergétique sans précédent, situation qui mérite un soutien des états de l’OMVS dans le cadre de la solidarité entre nos Etats, principes gouvernant notre Organisation. Selon Elle, le développement du bassin ne saurait être réalisé si les populations vivant autour du fleuve souffrent du manque de services d’eau potable et d’électricité. C’est le paradoxe d’inégalité sociale que l’Organisation travaille à résoudre dans le bassin. Elle a expliqué que des avancées notoires ont été engrangées en 2023 au titre du volet électrification rurale, piloté par la SOGEM, et dans la préparation d’un Programme d’adduction en eau potable dans les zones rurales du bassin, qui a reçu l’accord de principe de la BADEA et du FADES pour participer au financement. « Le fleuve Sénégal n’est pas seulement un cours d’eau, c’est aussi une artère vitale qui soutient la biodiversité, régule notre climat, et fournit divers autres services » a-t-elle ajouté. Cependant, ce trésor naturel est menacé par la pollution, notamment la Falémé qui fait l’objet du projet de barrage de Gourbassi, dont l’environnement et le cadre de vie sont fortement dégradés sous l’impact des formes démesurées de l’orpaillage. Le Haut-Commissariat devrait, sur l’ampleur de ces phénomènes, veiller à la mise en œuvre des recommandations de l’étude effectuée à cet effet, ainsi que celles de l’atelier organisé en juin 2023 à Dakar, sur la prévention et la gestion des crues sur le bassin.
Alassane Cissé