Le Grand hôtel de Bamako a servi de cadre jeudi 12 octobre 2023, l’atelier national de restitution de l’étude diagnostique des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) partenaires du projet inclusif pour la digitalisation de leurs produits et services financiers et non financiers. L’ouverture de la cérémonie était présidée par le secrétaire général du Ministère de l’industrie et du Commerce, Adama Yoro Sidibé, en présence du Président de SFD, M. Modibo Coulibaly et ainsi que les acteurs concernés.
L’objectif général de l’atelier est d’une part d’examiner et valider le rapport de l’étude diagnostique et d’autre part, d’obtenir l’appui technique et financier des bailleurs et structures compétentes pour la mise en œuvre des projets digitaux des SFD.
De façon spécifique, il s’agira de :Faire adhérer les SFD et leurs PTF au soutien de la mise en œuvre des Plans d’Actions Individuels de digitalisation ; assurer la complémentarité et la synergie d’actions entre les acteurs impliqués dans le processus de digitations des activités des SFD au Mali ; Obtenir l’accompagnement des structures d’encadrement technique pour bien conduire le processus de digitalisation des SFD du Mali ; Faciliter l’accès des populations à revenus modestes aux services financiers numériques.
Il faut d’abord rappeler que le projet Inclusif a pour objectif d’accroître l’inclusion financière de 440.000 petits producteurs et petites et moyennes entreprises (PME) agro-alimentaires dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Kayes, Ségou et Mopti. Pour une durée de 6 ans (2018-2024) le projet Inclusif induira à terme : (i) une hausse de 35% du nombre des petits producteurs dans le portefeuille des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ruraux ; (ii) la viabilité de 6 institutions financières rurales ; (iii) un volume de crédit FCFA 20 milliards et d’épargne FCFA 6 milliards ; (iv) 160 partenariats productifs fonctionnels affiliant 360 OP et 60 PME ; (v) une augmentation des volumes commercialisés pour 22.000 petits producteurs ; et (vi) une augmentation du chiffre d’affaire des PME (150%). Pour atteindre ces résultats, le projet Inclusif s’appuie sur une théorie du changement qui considère le faible accès des ruraux et des agro-PME au financement comme un goulot d’étranglement qui compromet le développement économique des segments ruraux productifs. Pour inverser cette tendance, le projet met en œuvre une stratégie qui portera de 20 à 35% le taux d’inclusion financière rurale. Mise en œuvre dans la composante A, cette stratégie consistera, entre autres, à moderniser l’offre des produits et services financiers par des investissements conséquents dans la conception et/ou la promotion de solutions innovantes. Au nombre de ces solutions, le design du projet a prévu la digitalisation des services financiers et non financiers des SFD partenaires.
L’objectif visé à travers le présent Projet de digitalisation est d’élargir l’utilisation de services financiers numériques pour accroître davantage l’inclusion financière notamment en milieu rural. Il s’inscrit en cohérence avec la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière et son plan d’actions 2022-2026 du Mali notamment à son Axe 3 relatif à la promotion de la finance digitale. Le projet de digitalisation cible en priorité les petits producteurs et leurs organisations contribuant ainsi à minimiser les risques auxquels ils sont exposés et en facilitant l’engagement et le développement de relations de long terme au sein des chaines de valeur.
Les contraintes rencontrées en milieu rural tant du côté de la demande que de l’offre pour distribuer des services financiers au dernier kilomètre, appellent à une modification des modèles de distribution.
En effet les contraintes liées à l’automatisation des opérations de certaines institutions de microfinance ainsi que les coûts relatifs à la mise à niveau de leurs Systèmes d’Information et de Gestion (SIG) posent un frein au réel développement du secteur de la microfinance. Par ailleurs, les contraintes d’interopérabilités, la faible éducation financière des populations, les conditions d’accès aux systèmes de paiement et les besoins croissant d’innovation et de digitalisation des offres des SFD représentent des coûts et des facteurs déterminant pour le développement du secteur dans son ensemble. Pour relever ces défis, il est indispensable de développer une approche innovante qui prenne en compte la nécessité de réduction des coûts d’investissement et des charges d’exploitations pour les SFD.
Dans son discours marquant l’ouverture des travaux, le secrétaire général du Ministère de l’industrie et du Commerce dira que les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) communément appelées « la microfinance » ont pour mission de contribuer au développement socio- économique des populations à revenus modestes en facilitant leur accès aux produits et services financiers et non financiers à des coûts accessibles et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté et des inégalités. Ainsi les Institutions de Microfinance contribuent de manière significative à la promotion de l’inclusion financière à travers la facilitation de l’accès des populations vulnérables surtout en milieu rural aux produits et services financiers de base que sont l’épargne, le crédit, la microssurance et autres…). « Le présent atelier national nous interpelle à plus d’un titre, dans un contexte de transformation numérique dont les méthodes de développement de déploiement, d’intégration, de gestion des systèmes informatiques, d’utilisation des applications mobiles, imposent aux Systèmes Financiers décentralisés des innovations. Les acteurs de la microfinance que nous sommes ne sauraient donc être en marge de l’ère du numérique. Il faut être dans le train du numérique, car il est vital pour nos structures d’être compétitives dans un environnement ou le dynamisme des systèmes, la concurrence, le besoin continu de modernisation et de rénovation sont permanents » a-t-il déclaré.
Il a salué leur collaboration fructueuse avec le projet inclusif dans plusieurs domaines stratégiques notamment la mise en place du MEREF-SFD, le renforcement institutionnel de l’Association, le renforcement de capacité du personnel des SFD, la dotation en équipement, et bien sûre, l’appui à la transformation digitale du secteur de la microfinance. Les résultats de l’étude que nous allons bientôt partagés et ceux spécifiques à chaque SFD sont un aboutissement de plusieurs années de réflexions et d’échanges entre l’APSFD-Mali et le projet inclusif. Ces résultats permettront aux SFD, de mieux aborder leurs transformations digitales à travers des plans d’actions spécifiques pour offrir des produits et services financiers et non financiers digitaux à leurs membres/clients. Il a profité de son intervention pour lancer un appel à l’instar du projet inclusif l’accompagnement des autres partenaires sur le chantier de la transformation digitale des SFD dans un cadre de synergie d’interventions.
Alassane Cissé