Mais comment comprendre qu’à un moment donné, durant le vivant du Prophète (sur lui soit la paix), il ait pu être autorisé ? Sachant que seules les choses bonnes (tayyibât) sont déclarées licites (halal) et seules les choses mauvaises (khabîth) sont déclarées harâm, le Mut’a est-il en soi quelque chose de bien (tayyib), ou bien quelque chose de mauvais (khabîth) ?
Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a, occasionnellement, lors de certains voyages, donné rukhsa (autorisation) à ses Compagnons de pratiquer ce type de mariage. Al-Hâzimî dit ne pas avoir trouvé que le Prophète ait autorisé le recours à cela ailleurs que lors de certains voyages : « وهذا الحكم كان مباحا مشروعا في صدر الإسلام، وإنما أباحه النبي صلى الله عليه وسلم لهم للسبب الذي ذكره ابن مسعود؛ وإنما كان ذلك في أسفارهم، ولم يبلغنا أن النبي صلى الله عليه وسلم أباحه لهم في بيوتهم. ولهذا نهاهم عنه غير مرة، ثم أباحه لهم في أوقات مختلفة، حتى حرمه عليهم » (Al-I’tibâr fi-n-nâsikh wa-l-mansûkh min al-âthâr). At-Tahâwî aussi l’a écrit (cité dans Tafsîr ul-Qurtubî, 5/131). Ibn ‘Atiyya et al-Qurtubî affirment que le mariage temporaire qui a été pratiqué en ces quelques occasions par quelques Compagnons, a toujours nécessité la présence de deux témoins ; et si un enfant en résultait, il était systématiquement reconnu (Tafsîr Ibn ‘Atiyya et Tafsîr ul-Qurtubî, commentaire de Coran 4/24).
Ensuite, quelques jours après la Conquête de La Mecque, le Prophète relata que Dieu avait désormais définitivement interdit ce type de mariage.
Il ne s’est pas agi d’un Naskh ul-Qur’ân bi-l-Qur’ân, mais d’un Naskh à l’intérieur de la Sunna (An-Nâssikh wa-l-Mansûkh, Ibn ul-‘Arabî, p. 101) ; il semble s’être agi d’une Naskh us-Sunnat il-mûhâh mâ thabata bi-s-Sunna-t-taqrîriyya : نسخ السنة الموحاة ما ثبت بالسنة التقريرية.
« قال عبد الله: كنا نغزو مع رسول الله صلى الله عليه وسلم، وليس لنا شيء، فقلنا: ألا نستخصي؟ » فنهانا عن ذلك، ثم رخص لنا أن ننكح المرأة بالثوب. ثم قرأ علينا: {يا أيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم، ولا تعتدوا إن الله لا يحب المعتدين} » » (al-Bukhârî, 4787, Muslim, 1404).
« عن إياس بن سلمة، عن أبيه، قال: رخص رسول الله صلى الله عليه وسلم عام أوطاس في المتعة ثلاثا، ثم نهى عنها » (Muslim 1405/18).
« عن جابر بن عبد الله، وسلمة بن الأكوع، قالا: خرج علينا منادي رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: « إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قد أذن لكم أن تستمتعوا » يعني متعة النساء » (Muslim, 1405/13).
« عن الربيع بن سبرة، أن أباه غزا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فتح مكة، قال: « فأقمنا بها خمس عشرة – ثلاثين بين ليلة ويوم – فأذن لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم في متعة النساء، فخرجت أنا ورجل من قومي، ولي عليه فضل في الجمال، وهو قريب من الدمامة، مع كل واحد منا برد؛ فبردي خلق، وأما برد ابن عمي فبرد جديد، غض. حتى إذا كنا بأسفل مكة – أو بأعلاها – فتلقتنا فتاة مثل البكرة العنطنطة، فقلنا: هل لك أن يستمتع منك أحدنا؟ قالت: وماذا تبذلان؟ فنشر كل واحد منا برده، فجعلت تنظر إلى الرجلين، ويراها صاحبي تنظر إلى عطفها، فقال: « إن برد هذا خلق، وبردي جديد غض. » فتقول: « برد هذا لا بأس به » ثلاث مرار أو مرتين. ثم استمتعت منها، فلم أخرج حتى حرمها رسول الله صلى الله عليه وسلم » » (Muslim, 1406/20). « عن الربيع بن سبرة الجهني، عن أبيه سبرة، أنه قال: أذن لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم بالمتعة، فانطلقت أنا ورجل إلى امرأة من بني عامر، كأنها بكرة عيطاء، فعرضنا عليها أنفسنا، فقالت: ما تعطي؟ فقلت: ردائي، وقال صاحبي: ردائي، وكان رداء صاحبي أجود من ردائي، وكنت أشب منه، فإذا نظرت إلى رداء صاحبي أعجبها، وإذا نظرت إلي أعجبتها. ثم قالت: « أنت ورداؤك يكفيني. » فمكثت معها ثلاثا، ثم إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: « من كان عنده شيء من هذه النساء التي يتمتع، فليخل سبيلها » (Muslim, 1406/19). « عن الربيع بن سبرة الجهني أن أباه حدثه أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: « يا أيها الناس، إني قد كنت أذنت لكم في الاستمتاع من النساء؛ وإن الله قد حرم ذلك إلى يوم القيامة! فمن كان عنده منهن شيء فليخل سبيله، ولا تأخذوا مما آتيتموهن شيئا » (Muslim 1406/21).
Or, dans un article précédent, Le caractère « bon » ou « mauvais » d’une action humaine précédait-il ce que la Révélation est venue « révéler » (« الوحي », « السمع », « الشرع ») à son sujet ? ou est-il venu comme conséquence de que la Révélation est venue dire à son sujet ?, nous avons vu que les obligations / interdits sont de plusieurs types : 1.1 ; 1.2 ; 1.3 ; 2.1 ; 2.2 ; 2.3 ; 3.
La question qui se pose ici est :
— Si l’interdit du Mut’a est de type 1.2 (cela a toujours été quelque chose de munkar, mais « Distinguer que l’action, la Maslaha y domine la Mafsada, ou vice-versa, cela pouvait être établi par le « Raisonnement Humain », mais de façon pas aisée (huwa khafî). La Révélation montre (kashf) donc ce qu’il en est. Et la règle que la Révélation offre est formelle (qat’î) »), alors comment expliquer que le Prophète (sur lui soit la paix) ait enjoint une fois ses Compagnons à y avoir recours, fût-ce avant que cela ait été interdit ? Imagine-t-on le Prophète (sur lui soit la paix) dire à ses Compagnons de boire de l’alcool (lui aussi de ce type 1.2) avant que celui-ci ait été interdit ? Et si quelqu’un répond que les Compagnons étaient à ce moment-là dans une situation de nécessité, et c’est pourquoi le Prophète les avait enjoints à avoir recours au Mut’a, alors le problème c’est que, justement, aujourd’hui il devient autorisé (d’après l’un des deux avis) de boire de l’alcool si on craint de mourir de soif et qu’on n’a aucune autre boisson, alors même qu’aujourd’hui il ne devient pas autorisé de pratiquer le mariage temporaire même si on dit se trouver dans un cas de nécessité !
— Et si l’interdit du Mut’a est de type 2.3 (« Deux éléments constituaient en soi deux possibilités lors de l’accomplissement d’une action donnée. La Révélation vient alors orienter le choix des croyants vers l’une de ces deux possibilités. Si elle ordonne d’avoir recours à la première possibilité, c’est celle-ci qui constitue la Maslaha. Et si elle ordonne d’avoir recours à la seconde et interdit la première, c’est la seconde qui devient la Maslaha, et la première une Mafsada. Comme le fait de se tourner vers la Kaaba ou vers Bayt ul-maqdis »), alors cela se comprend aisément pour le cas de la Qibla (auparavant Bayt ul-Maqdis, ensuite et dorénavant la Kaaba), mais cela serait étrange par rapport au cas du mariage temporaire : « Avant l’interdiction, le mariage temporaire était un bien ; après l’interdiction, ce même mariage temporaire est devenu un mal ». Raisonnement étrange !
–
Comment expliquer donc que le mariage temporaire ait été autorisé puis définitivement interdit ?
Répondre à cette question requiert qu’on considère le mariage temporaire :
— a) soit cela a toujours été un munkar, mais un munkar du type « subtil à distinguer » (1.2). Dans la coutume arabe il ne se pratiquait jamais que lors de voyages, quand ils étaient loin de chez eux. Et au début le Législateur n’avait rien dit à son sujet (min al-maskût ‘anh). Et occasionnellement il autorisa des Compagnons à y avoir recours. Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Législateur l’a interdit définitivement. Cela fait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 » ;
— b) soit :
—– b.a) soit cela était auparavant un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de dharûra (comme l’est la consommation de la bête morte et de la chair porcine). Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, la législation a été durcie et cela est devenu un interdit ne devenant plus autorisé même en cas de dharûra. Cela fait du Mut’a quelque chose du type « 2.3 » ;
—– b.b) soit cela était auparavant un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de hâja. Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, la législation a été durcie, la rukhsa a ainsi été abrogée, et cela est devenu un interdit ne devenant même plus autorisé en cas de hâja. Quant à la situation de dharûra, elle n’existe pas vraiment quant aux relations intimes : Al-Jassâs l’a affirmé en ces termes : « ثم روي عنه أنه جعلها بمنزلة الميتة ولحم الخنزير والدم، وأنها لا تحل إلاّ لمضطر. وهذا محال، لأن الضرورة المبيحة للمحرمات لا توجد في المتعة؛ وذلك لأن الضرورة المبيحة للميتة والدم هي التي يخاف معها تلف النفس إن لم يأكل؛ وقد علمنا أن الإنسان لا يخاف على نفسه ولا على شيء من أعضائه التلف بترك الجماع وفقده. وإذا لم تحل في حال الرفاهية، والضرورة لا ترقى إليها، فقد ثبت حظرها، واستحال قول القائل: إنها تحل عند الضرورة كالميتة والدم » (Ahkâm ul-qur’ân). Al-Khattâbî affirme à peu près la même chose : « فهذا يبين لك أنه إنما سلك فيه مذهب القياس وشبهه بالمضطر إلى الطعام. وهو قياس غير صحيح، لأن الضرورة في هذا الباب لا تتحقق كهي في باب الطعام الذي به قوام الأنفس، وبعدمه يكون التلف. وإنما هذا من باب غلبة الشهوة؛ ومصابرتها ممكنة، وقد تحسم مادتها بالصوم والعلاج، فليس أحدهما في حكم الضرورة كالآخر » (Ma’âlim us-sunan). Cela fait du Mut’a quelque chose du type « 2.3 ».
–
– L’avis de Ibn Abbâs (que Dieu l’agrée) :
Ibn Abbâs était d’avis que le mariage temporaire fait partie des munkar, mais des munkar qui, en cas de nécessité, deviennent autorisés, à l’instar de la consommation de la chair de la bête morte d’elle-même (mayta) et du porc : « ويؤيده ما أخرجه الخطابي والفاكهي من طريق سعيد بن جبير قال قلت لابن عباس: « لقد سارت بفتياك الركبان وقال فيها الشعراء » يعني في المتعة فقال: « والله ما بهذا أفتيت! وما هي إلا كالميتة: لا تحل إلا للمضطر. » وأخرجه البيهقي من وجه آخر عن سعيد بن جبير وزاد في آخره: « ألا إنما هي كالميتة والدم ولحم الخنزير » (voir FB 9/214).
Ibn Mas’ûd (que Dieu l’agrée) était peut-être du même avis. Et peut-être pas : peut-être qu’il pensait que cela a été définitivement abrogé (voir FB 9/150).
Selon cet avis de Ibn Abbâs, l’interdiction formulée quelques jours après la conquête de La Mecque :
—– fut seulement une interdiction de circonstances, liée à la situation de fin du besoin : dès lors, si le besoin surgit de nouveau, ce type de mariage redevient autorisé : ce serait alors du nas’ et non pas du naskh (ce ne fut donc pas une abrogation) ;
—– ou bien fut bel et bien une abrogation, mais cette abrogation a concerné la situation normale (absence de hâja) : alors qu’auparavant, lors des longs voyages, le mariage temporaire pouvait systématiquement être pratiqué dans la coutume arabe, après la conquête de La Mecque il y a eu abrogation de son autorisation pour les voyages où il n’y a pas nécessité à y avoir recours ; désormais, ce fut seulement en cas de voyage impliquant nécessité qu’y avoir recours était autorisé. Exactement comme le fait que la bête morte et la chair de porc ont été interdits, mais que, en cas de nécessité, il devient autorisé d’en consommer.
Cet avis de Ibn Abbâs (avec ces deux possibilités) ne se marie qu’avec l’option a.
Cela ferait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 ». Simplement, d’après Ibn Abbâs, cet interdit laisse la place à la rukhsa (autorisation) en cas de réel besoin, à l’instar de la chair de la bête morte et de celle du porc, qui sont en soi interdits mais qu’il devient autorisé de consommer en cas de réel besoin.
« ولكن هاهنا نظر آخر، وهو أنه هل حرمها تحريم الفواحش التي لا تباح بحال؟
أو حرمها عند الاستغناء عنها وأباحها للمضطر؟ هذا هو الذي نظر فيه ابن عباس وقال: « أنا أبحتها للمضطر كالميتة والدم. » فلما توسع فيها من توسع ولم يقف عند الضرورة، أمسك ابن عباس عن الإفتاء بحلها، ورجع عنه.
وقد كان ابن مسعود يرى إباحتها، ويقرأ {ياأيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم}، ففي الصحيحين عنه قال: « كنا نغزو مع رسول الله صلى الله عليه وسلم وليس لنا نساء، فقلنا: ألا نختصي؟ فنهانا، ثم رخص لنا أن ننكح المرأة بالثوب إلى أجل. » ثم قرأ عبد الله: « {ياأيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم ولا تعتدوا إن الله لا يحب المعتدين}. » وقراءة عبد الله هذه الآية عقيب هذا الحديث يحتمل أمرين:
أحدهما: الرد على من يحرمها، وأنها لو لم تكن من الطيبات لما أباحها رسول الله صلى الله عليه وسلم.
والثاني: أن يكون أراد آخر هذه الآية، وهو الرد على من أباحها مطلقا، وأنه معتد، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم إنما رخص فيها للضرورة وعند الحاجة في الغزو وعند عدم النساء وشدة الحاجة إلى المرأة. فمن رخص فيها في الحضر مع كثرة النساء، وإمكان النكاح المعتاد، فقد اعتدى، والله لا يحب المعتدين » (Zâd ul-ma’ad, 3/461-462).
Cependant, cet avis de Ibn Abbâs est complètement erroné (khata’ qat’î).
–
– L’avis correct :
Un hadîth existe qui dit explicitement de ce type de mariage que « Dieu a interdit cela jusqu’à la fin du monde » : « عن الربيع بن سبرة الجهني أن أباه حدثه أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: « يا أيها الناس، إني قد كنت أذنت لكم في الاستمتاع من النساء؛ وإن الله قد حرم ذلك إلى يوم القيامة! فمن كان عنده منهن شيء فليخل سبيله، ولا تأخذوا مما آتيتموهن شيئا » : « O hommes, je vous avait donné l’autorisation de pratiquer al-istimtâ’ avec des femmes. Et Dieu a interdit cela jusqu’au jour de la Fin du Monde… » (Muslim 1406/21).
Ce hadîth montre clairement que le mariage temporaire est définitivement abrogé et que ce n’est pas non plus un interdit devenant autorisé en cas de nécessité.
Et Alî ibn Abî Talib (que Dieu l’agrée) a parlé à Ibn Abbâs de cette interdiction : « عن علي أنه سمع ابن عباس يلين في متعة النساء، فقال: « مهلا يا ابن عباس، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عنها يوم خيبر، وعن لحوم الحمر الإنسية » (Muslim, 1407) ; « عن الزهري قال: أخبرني الحسن بن محمد بن علي، وأخوه عبد الله بن محمد، عن أبيهما، أن عليا رضي الله عنه قال لابن عباس: « إن النبي صلى الله عليه وسلم نهى عن المتعة، وعن لحوم الحمر الأهلية زمن خيبر » (al-Bukhârî, 4825) : d’après certains spécialistes tels que as-Suhaylî, al-Humaydî, Abû ‘Awâna, et peut-être aussi al-Bayhaqî, c’est seulement la chair de l’âne domestique dont Alî a voulu dire qu’elle a été interdite l’année de Khaybar, alors que la date de l’interdiction du mariage temporaire n’a pas été précisée ici par Alî (voir Fat’h ul-bârî, 9/210-211 ; voir aussi Zâd ul-ma’âd, 3/343-345, 3/460-461). Or, Ibn Abbâs étant d’avis que cela n’est autorisé qu’en cas de réel besoin, c’est bien au sujet de ce cas de figure (le cas de réel besoin) également que ‘Alî lui énonça ce hadîth interdisant le Nikâh ul-Mut’a.
Ibn Abî ‘Amra (que Dieu l’agrée) a pour sa part affirmé à Ibn Abbâs ceci : « قال ابن شهاب: أخبرني عروة بن الزبير أن عبد الله بن الزبير قام بمكة فقال: « إن ناسا أعمى الله قلوبهم، كما أعمى أبصارهم، يفتون بالمتعة » يعرض برجل، فناداه، فقال: « إنك لجلف جاف، فلعمري، لقد كانت المتعة تفعل على عهد إمام المتقين » – يريد رسول الله صلى الله عليه وسلم. فقال له ابن الزبير: « فجرب بنفسك، فوالله، لئن فعلتها لأرجمنك بأحجارك. » قال ابن شهاب: فأخبرني خالد بن المهاجر بن سيف الله أنه بينا هو جالس عند رجل، جاءه رجل فاستفتاه في المتعة، فأمره بها؛ فقال له ابن أبي عمرة الأنصاري: « مهلا! » قال: « ما هي؟ والله، لقد فعلت في عهد إمام المتقين! » قال ابن أبي عمرة: « إنها كانت رخصة في أول الإسلام لمن اضطر إليها، كالميتة والدم ولحم الخنزير؛ ثم أحكم الله الدين ونهى عنها. » قال ابن شهاب: وأخبرني ربيع بن سبرة الجهني أن أباه قال: « قد كنت استمتعت في عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم امرأة من بني عامر ببردين أحمرين، ثم نهانا رسول الله صلى الله عليه وسلم عن المتعة. » قال ابن شهاب: وسمعت ربيع بن سبرة يحدث ذلك عمر بن عبد العزيز، وأنا جالس » (Muslim 1406/27). « وذلك الرجل هو ابن عباس » (Fat’h ul-bârî 9/214). Ce propos de Ibn Abî ‘Amra :
—– soit correspond à l’option b.a : auparavant le Nikâh ul-Mut’a était un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de dharûra, ensuite la législation a été durcie et cette autorisation lors du cas de dharûra a alors été définitivement abrogée.
—– soit (si on passe outre le parallèle fait avec la consommation de la chair de la bête morte, que seul un cas de dharûra peut rendre autorisée) se marie avec l’option b.b : auparavant, en cas de hâja uniquement, ce type de mariage était toléré, puis cette autorisation lors du cas de hâja a été définitivement abrogée.
Chacune de ces deux possibilités b.a et b.b conduit à faire du mariage temporaire quelque chose du type « 2.3 » (« Deux éléments constituaient en soi deux possibilités lors de l’accomplissement d’une action donnée. La Révélation vient alors orienter le choix des croyants vers l’une de ces deux possibilités. Si elle ordonne d’avoir recours à la première possibilité, c’est celle-ci qui constitue la Maslaha. Et si elle ordonne d’avoir recours à la seconde et interdit la première, c’est la seconde qui devient la Maslaha, et la première une Mafsada. Comme le fait de se tourner vers la Kaaba ou vers Bayt ul-maqdis »).
–
Jâbir (que Dieu l’agrée) n’eut pour sa part connaissance de cette interdiction que sous le califat de Omar ; c’est pourquoi il a attribué cette interdiction à Omar :
« عن جابر بن عبد الله قال: « كنا نستمتع بالقبضة من التمر والدقيق، الأيام على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وأبي بكر، حتى نهى عنه عمر في شأن عمرو بن حريث » (Muslim, 1405/16). Voir aussi 1405/17.
Ibn ul-Qayyim écrit : « فوجب حمل حديث جابر على أن الذي أخبر عنها بفعلها لم يبلغه التحريم، ولم يكن قد اشتهر؛ حتى كان زمن عمر رضي الله عنه؛ فلما وقع فيها النزاع، ظهر تحريمها واشتهر. وبهذا تأتلف الأحاديث الواردة فيها، وبالله التوفيق » (Zâd ul-ma’âd 3/463-464).
La preuve : « عن أبي نضرة، قال: كان ابن عباس يأمر بالمتعة، وكان ابن الزبير ينهى عنها، قال: فذكرت ذلك لجابر بن عبد الله، فقال: على يدي دار الحديث؛ تمتعنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ فلما قام عمر قال: « إن الله كان يحل لرسوله ما شاء بما شاء، وإن القرآن قد نزل منازله؛ فأتموا الحج والعمرة لله كما أمركم الله؛ وأبتوا نكاح هذه النساء، فلن أوتى برجل نكح امرأة إلى أجل إلا رجمته بالحجارة » (Muslim, 1217). « حدثنا بهز قال: وحدثنا عفان، قالا: حدثنا همام، حدثنا قتادة،عن أبي نضرة، قال: قلت لجابر بن عبد الله: إن ابن الزبير ينهى عن المتعة، وإن ابن عباس يأمر بها. قال: فقال لي: على يدي جرى الحديث؛ تمتعنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم – قال عفان: ومع أبي بكر -؛ فلما ولي عمر خطب الناس، فقال: « إن القرآن هو القرآن، وإن رسول الله صلى الله عليه وسلم هو الرسول؛ وإنهما كانتا متعتان على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم: إحداهما متعة الحج، والأخرى متعة النساء » (Ahmad, 369). On voit bien ici Jâbir relater la teneur du discours que Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l’agrée) fit alors : ce dernier ne dit pas que lui il interdisait désormais le Nikâh ul-Mut’a et abrogeait l’autorisation donnée par le Prophète ; il dit en substance : « Le Messager l’avait autorisé à son époque, cela était autorisé, mais ensuite à un moment donné il l’a interdit, et cela est alors devenu interdit ».
Par ailleurs, ce discours du second calife, Omar, peut lui aussi être interprété comme allant dans le sens d’un interdit de ce type 2.2 : « Quand cela avait été autorisé par le Messager, cela était autorisé et était quelque chose de bien ; puis, quand cela a été interdit par le Messager, cela est devenu quelque chose de mal ».
–
L’avis correct (c’est-à-dire l’avis interdisant définitivement le mariage temporaire) peut lui aussi se marier avec l’option a. C’est-à-dire que le mariage temporaire a toujours été quelque chose de munkar, mais un munkar subtil à distinguer. Et, au début, Dieu et Son Messager ont gardé le silence sur le sujet (min al-maskût ‘anh). Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Messager de Dieu fit savoir que Dieu avait désormais déclaré interdit cette pratique jusqu’à la fin des temps (et ce, contrairement à ce que pensait Ibn Abbâs, pour qui l’interdiction alors émise concernait seulement les cas d’absence de nécessité).
Cette possibilité fait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 ».
–
Et c’est vers cette possibilité que je penche : le mariage temporaire est quelque chose du type « 1.2 » (« Distinguer que l’action, la Maslaha y domine la Mafsada, ou vice-versa, cela pouvait être établi par le « Raisonnement Humain », mais de façon pas aisée (huwa khafî). La Révélation a donc montré (kashf) ce qu’il en est. Et la règle que la Révélation offre est formelle (qat’î) »), avec l’option a.
–
C’est-à-dire que le mariage temporaire a toujours été quelque chose de munkar, mais un munkar subtil à distinguer. Il était pratiqué dans la coutume arabe, mais seulement lors de voyages, quand ils étaient loin de chez eux. Et, au début, Dieu et Son Messager ont gardé le silence sur le sujet (min al-maskût ‘anh). Et occasionnellement, lors de voyages (Fat’h ul-bârî 9/214-215), face à leur situation, le Messager de Dieu autorisa des Compagnons à y avoir recours. Mais ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Messager de Dieu fit savoir que Dieu avait désormais déclaré interdit cette pratique jusqu’à la fin des temps. Et, différemment de ce que Ibn Abbâs pensait (نكاح المتعة من المحرمات التي ترخص فيها للمضطر), la vérité est que : « نكاح المتعة من المحرمات التي لا ترخص فيها بحال ».
–
Quant à la relation de Ibn Mas’ûd (« عن عبد الله رضي الله عنه، قال: « كنا نغزو مع النبي صلى الله عليه وسلم وليس معنا نساء، فقلنا: ألا نختصي؟ فنهانا عن ذلك، فرخص لنا بعد ذلك أن نتزوج المرأة بالثوب »), elle signifie seulement que, face à leur expression du besoin (hâja), le Prophète leur parla d’avoir recours à ce qui n’était jusqu’alors pas encore frappé d’un interdit, bien que déjà « en soi mal perçu » (mustah’jan). (C’est parce que cela était déjà « mal perçu » que ces Compagnons ne demandèrent alors pas au Prophète l’autorisation d’y avoir recours, mais d’avoir recours à une autre solution : al-ikhtissâ’.)
Cela un peu comme le fait que (d’après l’avis hanbalite), la consommation d’urine d’animaux halal est en soi autorisée, mais à ne pas faire, car mustahjan ; cependant, lorsque des gens de Urayna se trouvèrent malades, le Prophète leur parla de boire de l’urine ainsi que du lait de chamelle : ils se trouvaient alors dans le besoin (hâja) de le faire. La différence demeurant que la consommation de cela devient de nouveau autorisée d’après l’avis hanbalite lorsqu’il y a hâja à le faire, alors que désormais le Mut’a est à jamais interdit, même s’il y a hâja.
–
Quant à cette autre explication attribuée à Ibn Abbâs : « عن ابن عباس قال: « إنما كانت المتعة في أول الإسلام؛ كان الرجل يقدم البلدة ليس له بها معرفة، فيتزوج المرأة بقدر ما يرى أنه يقيم، فتحفظ له متاعه وتصلح له شيه. حتى إذا نزلت الآية {إلا على أزواجهم أو ما ملكت أيمانهم} »، قال ابن عباس: « فكل فرج سوى هذين فهو حرام » (at-Tirmidhî, 1122), elle est établie par une chaîne de transmission dha’îf ; de plus son contenu est shâddh (Fat’h ul-bârî 9/215) ; cependant, quelqu’un l’aurait-il interprété non pas comme parlant de la raison ayant conduit à l’autorisation du Mut’a, donnée au début et occasionnellement par le Prophète à des Compagnons se trouvant en voyage, mais comme parlant de la tradition des Arabes en matière de Mut’a, depuis avant la venue de l’islam jusqu’à avant l’abrogation complète : ils le pratiquaient lorsqu’ils se rendaient loin de chez eux ?
–
Quant à cette partie d’un verset : « فَمَا اسْتَمْتَعْتُم بِهِ مِنْهُنَّ فَآتُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ فَرِيضَةً وَلاَ جُنَاحَ عَلَيْكُمْ فِيمَا تَرَاضَيْتُم بِهِ مِن بَعْدِ الْفَرِيضَةِ » (Coran 4/24) :
elle n’évoque absolument pas le mariage temporaire (qu’elle aurait donc autorisé, avant que la Sunna finisse plus tard par l’interdire) mais le mariage normal (tout le contexte du verset 4/23 et 4/24 le montre) : cette partie du verset veut dire qu’il s’agit de donner à l’épousée son douaire (mahr), et qu’on peut lui donner plus que ce sur quoi on s’était mis d’accord :
أحدهما: أنه الاستمتاع في النكاح بالمهور، قاله ابن عباس، والحسن، ومجاهد، والجمهور.
والثاني: أنه الاستمتاع إلى أجل مُسمىً من غير عقد نكاح. وقد روي عن ابن عباس أنه كان يفتي بجواز المتعة، ثم رجع عن ذلك. وقد تكلف قوم من مفسّري القُرّاء فقالوا: « المراد بهذه الآية نكاح المتعة، ثم نسخت بما روي عن النبي صلّى الله عليه وسلّم أنه نهى عن متعة النساء. » وهذا تكلُّف لا يحتاج إليه، لأن النبيّ صلّى الله عليه وسلّم أجاز المتعة، ثم منع منها، فكان قوله منسوخاً بقوله. وأما الآية، فإنها لم تتضمّن جواز المتعة، لأنه تعالى قال فيها: أَنْ تَبْتَغُوا بِأَمْوالِكُمْ مُحْصِنِينَ غَيْرَ مُسافِحِينَ، فدل ذلك على النّكاح الصحيح » (Zâd ul-massîr).
Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).
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Y a-t-il eu des femmes-prophètes : des prophétesses de Dieu ?
Que prévoit l’islam à propos de la garde des enfants après uLe mariage temporaire (Nikâh ul-Mut’a) (نكاح المتعة) est définitivement et absolument interdit. Mais comment comprendre qu’à un moment donné, durant le vivant du Prophète (sur lui soit la paix), il ait pu être autorisé ? Sachant que seules les choses bonnes (tayyibât) sont déclarées licites (halal) et seules les choses mauvaises (khabîth) sont déclarées harâm, le Mut’a est-il en soi quelque chose de bien (tayyib), ou bien quelque chose de mauvais (khabîth) ?
Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a, occasionnellement, lors de certains voyages, donné rukhsa (autorisation) à ses Compagnons de pratiquer ce type de mariage. Al-Hâzimî dit ne pas avoir trouvé que le Prophète ait autorisé le recours à cela ailleurs que lors de certains voyages : « وهذا الحكم كان مباحا مشروعا في صدر الإسلام، وإنما أباحه النبي صلى الله عليه وسلم لهم للسبب الذي ذكره ابن مسعود؛ وإنما كان ذلك في أسفارهم، ولم يبلغنا أن النبي صلى الله عليه وسلم أباحه لهم في بيوتهم. ولهذا نهاهم عنه غير مرة، ثم أباحه لهم في أوقات مختلفة، حتى حرمه عليهم » (Al-I’tibâr fi-n-nâsikh wa-l-mansûkh min al-âthâr). At-Tahâwî aussi l’a écrit (cité dans Tafsîr ul-Qurtubî, 5/131). Ibn ‘Atiyya et al-Qurtubî affirment que le mariage temporaire qui a été pratiqué en ces quelques occasions par quelques Compagnons, a toujours nécessité la présence de deux témoins ; et si un enfant en résultait, il était systématiquement reconnu (Tafsîr Ibn ‘Atiyya et Tafsîr ul-Qurtubî, commentaire de Coran 4/24).
Ensuite, quelques jours après la Conquête de La Mecque, le Prophète relata que Dieu avait désormais définitivement interdit ce type de mariage.
Il ne s’est pas agi d’un Naskh ul-Qur’ân bi-l-Qur’ân, mais d’un Naskh à l’intérieur de la Sunna (An-Nâssikh wa-l-Mansûkh, Ibn ul-‘Arabî, p. 101) ; il semble s’être agi d’une Naskh us-Sunnat il-mûhâh mâ thabata bi-s-Sunna-t-taqrîriyya : نسخ السنة الموحاة ما ثبت بالسنة التقريرية.
« قال عبد الله: كنا نغزو مع رسول الله صلى الله عليه وسلم، وليس لنا شيء، فقلنا: ألا نستخصي؟ » فنهانا عن ذلك، ثم رخص لنا أن ننكح المرأة بالثوب. ثم قرأ علينا: {يا أيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم، ولا تعتدوا إن الله لا يحب المعتدين} » » (al-Bukhârî, 4787, Muslim, 1404).
« عن إياس بن سلمة، عن أبيه، قال: رخص رسول الله صلى الله عليه وسلم عام أوطاس في المتعة ثلاثا، ثم نهى عنها » (Muslim 1405/18).
« عن جابر بن عبد الله، وسلمة بن الأكوع، قالا: خرج علينا منادي رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: « إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قد أذن لكم أن تستمتعوا » يعني متعة النساء » (Muslim, 1405/13).
« عن الربيع بن سبرة، أن أباه غزا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فتح مكة، قال: « فأقمنا بها خمس عشرة – ثلاثين بين ليلة ويوم – فأذن لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم في متعة النساء، فخرجت أنا ورجل من قومي، ولي عليه فضل في الجمال، وهو قريب من الدمامة، مع كل واحد منا برد؛ فبردي خلق، وأما برد ابن عمي فبرد جديد، غض. حتى إذا كنا بأسفل مكة – أو بأعلاها – فتلقتنا فتاة مثل البكرة العنطنطة، فقلنا: هل لك أن يستمتع منك أحدنا؟ قالت: وماذا تبذلان؟ فنشر كل واحد منا برده، فجعلت تنظر إلى الرجلين، ويراها صاحبي تنظر إلى عطفها، فقال: « إن برد هذا خلق، وبردي جديد غض. » فتقول: « برد هذا لا بأس به » ثلاث مرار أو مرتين. ثم استمتعت منها، فلم أخرج حتى حرمها رسول الله صلى الله عليه وسلم » » (Muslim, 1406/20). « عن الربيع بن سبرة الجهني، عن أبيه سبرة، أنه قال: أذن لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم بالمتعة، فانطلقت أنا ورجل إلى امرأة من بني عامر، كأنها بكرة عيطاء، فعرضنا عليها أنفسنا، فقالت: ما تعطي؟ فقلت: ردائي، وقال صاحبي: ردائي، وكان رداء صاحبي أجود من ردائي، وكنت أشب منه، فإذا نظرت إلى رداء صاحبي أعجبها، وإذا نظرت إلي أعجبتها. ثم قالت: « أنت ورداؤك يكفيني. » فمكثت معها ثلاثا، ثم إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: « من كان عنده شيء من هذه النساء التي يتمتع، فليخل سبيلها » (Muslim, 1406/19). « عن الربيع بن سبرة الجهني أن أباه حدثه أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: « يا أيها الناس، إني قد كنت أذنت لكم في الاستمتاع من النساء؛ وإن الله قد حرم ذلك إلى يوم القيامة! فمن كان عنده منهن شيء فليخل سبيله، ولا تأخذوا مما آتيتموهن شيئا » (Muslim 1406/21).
Or, dans un article précédent, Le caractère « bon » ou « mauvais » d’une action humaine précédait-il ce que la Révélation est venue « révéler » (« الوحي », « السمع », « الشرع ») à son sujet ? ou est-il venu comme conséquence de que la Révélation est venue dire à son sujet ?, nous avons vu que les obligations / interdits sont de plusieurs types : 1.1 ; 1.2 ; 1.3 ; 2.1 ; 2.2 ; 2.3 ; 3.
La question qui se pose ici est :
— Si l’interdit du Mut’a est de type 1.2 (cela a toujours été quelque chose de munkar, mais « Distinguer que l’action, la Maslaha y domine la Mafsada, ou vice-versa, cela pouvait être établi par le « Raisonnement Humain », mais de façon pas aisée (huwa khafî). La Révélation montre (kashf) donc ce qu’il en est. Et la règle que la Révélation offre est formelle (qat’î) »), alors comment expliquer que le Prophète (sur lui soit la paix) ait enjoint une fois ses Compagnons à y avoir recours, fût-ce avant que cela ait été interdit ? Imagine-t-on le Prophète (sur lui soit la paix) dire à ses Compagnons de boire de l’alcool (lui aussi de ce type 1.2) avant que celui-ci ait été interdit ? Et si quelqu’un répond que les Compagnons étaient à ce moment-là dans une situation de nécessité, et c’est pourquoi le Prophète les avait enjoints à avoir recours au Mut’a, alors le problème c’est que, justement, aujourd’hui il devient autorisé (d’après l’un des deux avis) de boire de l’alcool si on craint de mourir de soif et qu’on n’a aucune autre boisson, alors même qu’aujourd’hui il ne devient pas autorisé de pratiquer le mariage temporaire même si on dit se trouver dans un cas de nécessité !
— Et si l’interdit du Mut’a est de type 2.3 (« Deux éléments constituaient en soi deux possibilités lors de l’accomplissement d’une action donnée. La Révélation vient alors orienter le choix des croyants vers l’une de ces deux possibilités. Si elle ordonne d’avoir recours à la première possibilité, c’est celle-ci qui constitue la Maslaha. Et si elle ordonne d’avoir recours à la seconde et interdit la première, c’est la seconde qui devient la Maslaha, et la première une Mafsada. Comme le fait de se tourner vers la Kaaba ou vers Bayt ul-maqdis »), alors cela se comprend aisément pour le cas de la Qibla (auparavant Bayt ul-Maqdis, ensuite et dorénavant la Kaaba), mais cela serait étrange par rapport au cas du mariage temporaire : « Avant l’interdiction, le mariage temporaire était un bien ; après l’interdiction, ce même mariage temporaire est devenu un mal ». Raisonnement étrange !
–
Comment expliquer donc que le mariage temporaire ait été autorisé puis définitivement interdit ?
Répondre à cette question requiert qu’on considère le mariage temporaire :
— a) soit cela a toujours été un munkar, mais un munkar du type « subtil à distinguer » (1.2). Dans la coutume arabe il ne se pratiquait jamais que lors de voyages, quand ils étaient loin de chez eux. Et au début le Législateur n’avait rien dit à son sujet (min al-maskût ‘anh). Et occasionnellement il autorisa des Compagnons à y avoir recours. Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Législateur l’a interdit définitivement. Cela fait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 » ;
— b) soit :
—– b.a) soit cela était auparavant un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de dharûra (comme l’est la consommation de la bête morte et de la chair porcine). Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, la législation a été durcie et cela est devenu un interdit ne devenant plus autorisé même en cas de dharûra. Cela fait du Mut’a quelque chose du type « 2.3 » ;
—– b.b) soit cela était auparavant un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de hâja. Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, la législation a été durcie, la rukhsa a ainsi été abrogée, et cela est devenu un interdit ne devenant même plus autorisé en cas de hâja. Quant à la situation de dharûra, elle n’existe pas vraiment quant aux relations intimes : Al-Jassâs l’a affirmé en ces termes : « ثم روي عنه أنه جعلها بمنزلة الميتة ولحم الخنزير والدم، وأنها لا تحل إلاّ لمضطر. وهذا محال، لأن الضرورة المبيحة للمحرمات لا توجد في المتعة؛ وذلك لأن الضرورة المبيحة للميتة والدم هي التي يخاف معها تلف النفس إن لم يأكل؛ وقد علمنا أن الإنسان لا يخاف على نفسه ولا على شيء من أعضائه التلف بترك الجماع وفقده. وإذا لم تحل في حال الرفاهية، والضرورة لا ترقى إليها، فقد ثبت حظرها، واستحال قول القائل: إنها تحل عند الضرورة كالميتة والدم » (Ahkâm ul-qur’ân). Al-Khattâbî affirme à peu près la même chose : « فهذا يبين لك أنه إنما سلك فيه مذهب القياس وشبهه بالمضطر إلى الطعام. وهو قياس غير صحيح، لأن الضرورة في هذا الباب لا تتحقق كهي في باب الطعام الذي به قوام الأنفس، وبعدمه يكون التلف. وإنما هذا من باب غلبة الشهوة؛ ومصابرتها ممكنة، وقد تحسم مادتها بالصوم والعلاج، فليس أحدهما في حكم الضرورة كالآخر » (Ma’âlim us-sunan). Cela fait du Mut’a quelque chose du type « 2.3 ».
–
– L’avis de Ibn Abbâs (que Dieu l’agrée) :
Ibn Abbâs était d’avis que le mariage temporaire fait partie des munkar, mais des munkar qui, en cas de nécessité, deviennent autorisés, à l’instar de la consommation de la chair de la bête morte d’elle-même (mayta) et du porc : « ويؤيده ما أخرجه الخطابي والفاكهي من طريق سعيد بن جبير قال قلت لابن عباس: « لقد سارت بفتياك الركبان وقال فيها الشعراء » يعني في المتعة فقال: « والله ما بهذا أفتيت! وما هي إلا كالميتة: لا تحل إلا للمضطر. » وأخرجه البيهقي من وجه آخر عن سعيد بن جبير وزاد في آخره: « ألا إنما هي كالميتة والدم ولحم الخنزير » (voir FB 9/214).
Ibn Mas’ûd (que Dieu l’agrée) était peut-être du même avis. Et peut-être pas : peut-être qu’il pensait que cela a été définitivement abrogé (voir FB 9/150).
Selon cet avis de Ibn Abbâs, l’interdiction formulée quelques jours après la conquête de La Mecque :
—– fut seulement une interdiction de circonstances, liée à la situation de fin du besoin : dès lors, si le besoin surgit de nouveau, ce type de mariage redevient autorisé : ce serait alors du nas’ et non pas du naskh (ce ne fut donc pas une abrogation) ;
—– ou bien fut bel et bien une abrogation, mais cette abrogation a concerné la situation normale (absence de hâja) : alors qu’auparavant, lors des longs voyages, le mariage temporaire pouvait systématiquement être pratiqué dans la coutume arabe, après la conquête de La Mecque il y a eu abrogation de son autorisation pour les voyages où il n’y a pas nécessité à y avoir recours ; désormais, ce fut seulement en cas de voyage impliquant nécessité qu’y avoir recours était autorisé. Exactement comme le fait que la bête morte et la chair de porc ont été interdits, mais que, en cas de nécessité, il devient autorisé d’en consommer.
Cet avis de Ibn Abbâs (avec ces deux possibilités) ne se marie qu’avec l’option a.
Cela ferait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 ». Simplement, d’après Ibn Abbâs, cet interdit laisse la place à la rukhsa (autorisation) en cas de réel besoin, à l’instar de la chair de la bête morte et de celle du porc, qui sont en soi interdits mais qu’il devient autorisé de consommer en cas de réel besoin.
« ولكن هاهنا نظر آخر، وهو أنه هل حرمها تحريم الفواحش التي لا تباح بحال؟
أو حرمها عند الاستغناء عنها وأباحها للمضطر؟ هذا هو الذي نظر فيه ابن عباس وقال: « أنا أبحتها للمضطر كالميتة والدم. » فلما توسع فيها من توسع ولم يقف عند الضرورة، أمسك ابن عباس عن الإفتاء بحلها، ورجع عنه.
وقد كان ابن مسعود يرى إباحتها، ويقرأ {ياأيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم}، ففي الصحيحين عنه قال: « كنا نغزو مع رسول الله صلى الله عليه وسلم وليس لنا نساء، فقلنا: ألا نختصي؟ فنهانا، ثم رخص لنا أن ننكح المرأة بالثوب إلى أجل. » ثم قرأ عبد الله: « {ياأيها الذين آمنوا لا تحرموا طيبات ما أحل الله لكم ولا تعتدوا إن الله لا يحب المعتدين}. » وقراءة عبد الله هذه الآية عقيب هذا الحديث يحتمل أمرين:
أحدهما: الرد على من يحرمها، وأنها لو لم تكن من الطيبات لما أباحها رسول الله صلى الله عليه وسلم.
والثاني: أن يكون أراد آخر هذه الآية، وهو الرد على من أباحها مطلقا، وأنه معتد، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم إنما رخص فيها للضرورة وعند الحاجة في الغزو وعند عدم النساء وشدة الحاجة إلى المرأة. فمن رخص فيها في الحضر مع كثرة النساء، وإمكان النكاح المعتاد، فقد اعتدى، والله لا يحب المعتدين » (Zâd ul-ma’ad, 3/461-462).
Cependant, cet avis de Ibn Abbâs est complètement erroné (khata’ qat’î).
–
– L’avis correct :
Un hadîth existe qui dit explicitement de ce type de mariage que « Dieu a interdit cela jusqu’à la fin du monde » : « عن الربيع بن سبرة الجهني أن أباه حدثه أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: « يا أيها الناس، إني قد كنت أذنت لكم في الاستمتاع من النساء؛ وإن الله قد حرم ذلك إلى يوم القيامة! فمن كان عنده منهن شيء فليخل سبيله، ولا تأخذوا مما آتيتموهن شيئا » : « O hommes, je vous avait donné l’autorisation de pratiquer al-istimtâ’ avec des femmes. Et Dieu a interdit cela jusqu’au jour de la Fin du Monde… » (Muslim 1406/21).
Ce hadîth montre clairement que le mariage temporaire est définitivement abrogé et que ce n’est pas non plus un interdit devenant autorisé en cas de nécessité.
Et Alî ibn Abî Talib (que Dieu l’agrée) a parlé à Ibn Abbâs de cette interdiction : « عن علي أنه سمع ابن عباس يلين في متعة النساء، فقال: « مهلا يا ابن عباس، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عنها يوم خيبر، وعن لحوم الحمر الإنسية » (Muslim, 1407) ; « عن الزهري قال: أخبرني الحسن بن محمد بن علي، وأخوه عبد الله بن محمد، عن أبيهما، أن عليا رضي الله عنه قال لابن عباس: « إن النبي صلى الله عليه وسلم نهى عن المتعة، وعن لحوم الحمر الأهلية زمن خيبر » (al-Bukhârî, 4825) : d’après certains spécialistes tels que as-Suhaylî, al-Humaydî, Abû ‘Awâna, et peut-être aussi al-Bayhaqî, c’est seulement la chair de l’âne domestique dont Alî a voulu dire qu’elle a été interdite l’année de Khaybar, alors que la date de l’interdiction du mariage temporaire n’a pas été précisée ici par Alî (voir Fat’h ul-bârî, 9/210-211 ; voir aussi Zâd ul-ma’âd, 3/343-345, 3/460-461). Or, Ibn Abbâs étant d’avis que cela n’est autorisé qu’en cas de réel besoin, c’est bien au sujet de ce cas de figure (le cas de réel besoin) également que ‘Alî lui énonça ce hadîth interdisant le Nikâh ul-Mut’a.
Ibn Abî ‘Amra (que Dieu l’agrée) a pour sa part affirmé à Ibn Abbâs ceci : « قال ابن شهاب: أخبرني عروة بن الزبير أن عبد الله بن الزبير قام بمكة فقال: « إن ناسا أعمى الله قلوبهم، كما أعمى أبصارهم، يفتون بالمتعة » يعرض برجل، فناداه، فقال: « إنك لجلف جاف، فلعمري، لقد كانت المتعة تفعل على عهد إمام المتقين » – يريد رسول الله صلى الله عليه وسلم. فقال له ابن الزبير: « فجرب بنفسك، فوالله، لئن فعلتها لأرجمنك بأحجارك. » قال ابن شهاب: فأخبرني خالد بن المهاجر بن سيف الله أنه بينا هو جالس عند رجل، جاءه رجل فاستفتاه في المتعة، فأمره بها؛ فقال له ابن أبي عمرة الأنصاري: « مهلا! » قال: « ما هي؟ والله، لقد فعلت في عهد إمام المتقين! » قال ابن أبي عمرة: « إنها كانت رخصة في أول الإسلام لمن اضطر إليها، كالميتة والدم ولحم الخنزير؛ ثم أحكم الله الدين ونهى عنها. » قال ابن شهاب: وأخبرني ربيع بن سبرة الجهني أن أباه قال: « قد كنت استمتعت في عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم امرأة من بني عامر ببردين أحمرين، ثم نهانا رسول الله صلى الله عليه وسلم عن المتعة. » قال ابن شهاب: وسمعت ربيع بن سبرة يحدث ذلك عمر بن عبد العزيز، وأنا جالس » (Muslim 1406/27). « وذلك الرجل هو ابن عباس » (Fat’h ul-bârî 9/214). Ce propos de Ibn Abî ‘Amra :
—– soit correspond à l’option b.a : auparavant le Nikâh ul-Mut’a était un interdit, mais un interdit devenant autorisé en situation de dharûra, ensuite la législation a été durcie et cette autorisation lors du cas de dharûra a alors été définitivement abrogée.
—– soit (si on passe outre le parallèle fait avec la consommation de la chair de la bête morte, que seul un cas de dharûra peut rendre autorisée) se marie avec l’option b.b : auparavant, en cas de hâja uniquement, ce type de mariage était toléré, puis cette autorisation lors du cas de hâja a été définitivement abrogée.
Chacune de ces deux possibilités b.a et b.b conduit à faire du mariage temporaire quelque chose du type « 2.3 » (« Deux éléments constituaient en soi deux possibilités lors de l’accomplissement d’une action donnée. La Révélation vient alors orienter le choix des croyants vers l’une de ces deux possibilités. Si elle ordonne d’avoir recours à la première possibilité, c’est celle-ci qui constitue la Maslaha. Et si elle ordonne d’avoir recours à la seconde et interdit la première, c’est la seconde qui devient la Maslaha, et la première une Mafsada. Comme le fait de se tourner vers la Kaaba ou vers Bayt ul-maqdis »).
–
Jâbir (que Dieu l’agrée) n’eut pour sa part connaissance de cette interdiction que sous le califat de Omar ; c’est pourquoi il a attribué cette interdiction à Omar :
« عن جابر بن عبد الله قال: « كنا نستمتع بالقبضة من التمر والدقيق، الأيام على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وأبي بكر، حتى نهى عنه عمر في شأن عمرو بن حريث » (Muslim, 1405/16). Voir aussi 1405/17.
Ibn ul-Qayyim écrit : « فوجب حمل حديث جابر على أن الذي أخبر عنها بفعلها لم يبلغه التحريم، ولم يكن قد اشتهر؛ حتى كان زمن عمر رضي الله عنه؛ فلما وقع فيها النزاع، ظهر تحريمها واشتهر. وبهذا تأتلف الأحاديث الواردة فيها، وبالله التوفيق » (Zâd ul-ma’âd 3/463-464).
La preuve : « عن أبي نضرة، قال: كان ابن عباس يأمر بالمتعة، وكان ابن الزبير ينهى عنها، قال: فذكرت ذلك لجابر بن عبد الله، فقال: على يدي دار الحديث؛ تمتعنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ فلما قام عمر قال: « إن الله كان يحل لرسوله ما شاء بما شاء، وإن القرآن قد نزل منازله؛ فأتموا الحج والعمرة لله كما أمركم الله؛ وأبتوا نكاح هذه النساء، فلن أوتى برجل نكح امرأة إلى أجل إلا رجمته بالحجارة » (Muslim, 1217). « حدثنا بهز قال: وحدثنا عفان، قالا: حدثنا همام، حدثنا قتادة،عن أبي نضرة، قال: قلت لجابر بن عبد الله: إن ابن الزبير ينهى عن المتعة، وإن ابن عباس يأمر بها. قال: فقال لي: على يدي جرى الحديث؛ تمتعنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم – قال عفان: ومع أبي بكر -؛ فلما ولي عمر خطب الناس، فقال: « إن القرآن هو القرآن، وإن رسول الله صلى الله عليه وسلم هو الرسول؛ وإنهما كانتا متعتان على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم: إحداهما متعة الحج، والأخرى متعة النساء » (Ahmad, 369). On voit bien ici Jâbir relater la teneur du discours que Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l’agrée) fit alors : ce dernier ne dit pas que lui il interdisait désormais le Nikâh ul-Mut’a et abrogeait l’autorisation donnée par le Prophète ; il dit en substance : « Le Messager l’avait autorisé à son époque, cela était autorisé, mais ensuite à un moment donné il l’a interdit, et cela est alors devenu interdit ».
Par ailleurs, ce discours du second calife, Omar, peut lui aussi être interprété comme allant dans le sens d’un interdit de ce type 2.2 : « Quand cela avait été autorisé par le Messager, cela était autorisé et était quelque chose de bien ; puis, quand cela a été interdit par le Messager, cela est devenu quelque chose de mal ».
–
L’avis correct (c’est-à-dire l’avis interdisant définitivement le mariage temporaire) peut lui aussi se marier avec l’option a. C’est-à-dire que le mariage temporaire a toujours été quelque chose de munkar, mais un munkar subtil à distinguer. Et, au début, Dieu et Son Messager ont gardé le silence sur le sujet (min al-maskût ‘anh). Ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Messager de Dieu fit savoir que Dieu avait désormais déclaré interdit cette pratique jusqu’à la fin des temps (et ce, contrairement à ce que pensait Ibn Abbâs, pour qui l’interdiction alors émise concernait seulement les cas d’absence de nécessité).
Cette possibilité fait du mariage temporaire quelque chose du type « 1.2 ».
–
Et c’est vers cette possibilité que je penche : le mariage temporaire est quelque chose du type « 1.2 » (« Distinguer que l’action, la Maslaha y domine la Mafsada, ou vice-versa, cela pouvait être établi par le « Raisonnement Humain », mais de façon pas aisée (huwa khafî). La Révélation a donc montré (kashf) ce qu’il en est. Et la règle que la Révélation offre est formelle (qat’î) »), avec l’option a.
–
C’est-à-dire que le mariage temporaire a toujours été quelque chose de munkar, mais un munkar subtil à distinguer. Il était pratiqué dans la coutume arabe, mais seulement lors de voyages, quand ils étaient loin de chez eux. Et, au début, Dieu et Son Messager ont gardé le silence sur le sujet (min al-maskût ‘anh). Et occasionnellement, lors de voyages (Fat’h ul-bârî 9/214-215), face à leur situation, le Messager de Dieu autorisa des Compagnons à y avoir recours. Mais ensuite, quelques jours après la conquête de la Mecque, le Messager de Dieu fit savoir que Dieu avait désormais déclaré interdit cette pratique jusqu’à la fin des temps. Et, différemment de ce que Ibn Abbâs pensait (نكاح المتعة من المحرمات التي ترخص فيها للمضطر), la vérité est que : « نكاح المتعة من المحرمات التي لا ترخص فيها بحال ».
–
Quant à la relation de Ibn Mas’ûd (« عن عبد الله رضي الله عنه، قال: « كنا نغزو مع النبي صلى الله عليه وسلم وليس معنا نساء، فقلنا: ألا نختصي؟ فنهانا عن ذلك، فرخص لنا بعد ذلك أن نتزوج المرأة بالثوب »), elle signifie seulement que, face à leur expression du besoin (hâja), le Prophète leur parla d’avoir recours à ce qui n’était jusqu’alors pas encore frappé d’un interdit, bien que déjà « en soi mal perçu » (mustah’jan). (C’est parce que cela était déjà « mal perçu » que ces Compagnons ne demandèrent alors pas au Prophète l’autorisation d’y avoir recours, mais d’avoir recours à une autre solution : al-ikhtissâ’.)
Cela un peu comme le fait que (d’après l’avis hanbalite), la consommation d’urine d’animaux halal est en soi autorisée, mais à ne pas faire, car mustahjan ; cependant, lorsque des gens de Urayna se trouvèrent malades, le Prophète leur parla de boire de l’urine ainsi que du lait de chamelle : ils se trouvaient alors dans le besoin (hâja) de le faire. La différence demeurant que la consommation de cela devient de nouveau autorisée d’après l’avis hanbalite lorsqu’il y a hâja à le faire, alors que désormais le Mut’a est à jamais interdit, même s’il y a hâja.
–
Quant à cette autre explication attribuée à Ibn Abbâs : « عن ابن عباس قال: « إنما كانت المتعة في أول الإسلام؛ كان الرجل يقدم البلدة ليس له بها معرفة، فيتزوج المرأة بقدر ما يرى أنه يقيم، فتحفظ له متاعه وتصلح له شيه. حتى إذا نزلت الآية {إلا على أزواجهم أو ما ملكت أيمانهم} »، قال ابن عباس: « فكل فرج سوى هذين فهو حرام » (at-Tirmidhî, 1122), elle est établie par une chaîne de transmission dha’îf ; de plus son contenu est shâddh (Fat’h ul-bârî 9/215) ; cependant, quelqu’un l’aurait-il interprété non pas comme parlant de la raison ayant conduit à l’autorisation du Mut’a, donnée au début et occasionnellement par le Prophète à des Compagnons se trouvant en voyage, mais comme parlant de la tradition des Arabes en matière de Mut’a, depuis avant la venue de l’islam jusqu’à avant l’abrogation complète : ils le pratiquaient lorsqu’ils se rendaient loin de chez eux ?
–
Quant à cette partie d’un verset : « فَمَا اسْتَمْتَعْتُم بِهِ مِنْهُنَّ فَآتُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ فَرِيضَةً وَلاَ جُنَاحَ عَلَيْكُمْ فِيمَا تَرَاضَيْتُم بِهِ مِن بَعْدِ الْفَرِيضَةِ » (Coran 4/24) :
elle n’évoque absolument pas le mariage temporaire (qu’elle aurait donc autorisé, avant que la Sunna finisse plus tard par l’interdire) mais le mariage normal (tout le contexte du verset 4/23 et 4/24 le montre) : cette partie du verset veut dire qu’il s’agit de donner à l’épousée son douaire (mahr), et qu’on peut lui donner plus que ce sur quoi on s’était mis d’accord :
أحدهما: أنه الاستمتاع في النكاح بالمهور، قاله ابن عباس، والحسن، ومجاهد، والجمهور.
والثاني: أنه الاستمتاع إلى أجل مُسمىً من غير عقد نكاح. وقد روي عن ابن عباس أنه كان يفتي بجواز المتعة، ثم رجع عن ذلك. وقد تكلف قوم من مفسّري القُرّاء فقالوا: « المراد بهذه الآية نكاح المتعة، ثم نسخت بما روي عن النبي صلّى الله عليه وسلّم أنه نهى عن متعة النساء. » وهذا تكلُّف لا يحتاج إليه، لأن النبيّ صلّى الله عليه وسلّم أجاز المتعة، ثم منع منها، فكان قوله منسوخاً بقوله. وأما الآية، فإنها لم تتضمّن جواز المتعة، لأنه تعالى قال فيها: أَنْ تَبْتَغُوا بِأَمْوالِكُمْ مُحْصِنِينَ غَيْرَ مُسافِحِينَ، فدل ذلك على النّكاح الصحيح » (Zâd ul-massîr).
Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).
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Auteur des articles : Anas Ahmed Lalan divorce ? – لمن حق الحضانة بعد الطلاق أو الفرقة ؟
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Quelques points complémentaires à propos du concept d’adoration de Dieu
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