Présenté par Boubacar Yalkoué, Président du MPV-Mali
Dans le cadre de la semaine nationale de la liberté de la presse, les organisations de la presse, UNAJEP et le MPV-MALI Mali ont eut comme tâche de faire une communication sur la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur profession : état des lieux.
Cet exercice nous amène à faire le diagnostic de la profession surtout les violences et autres actes peu orthodoxes dont les journalistes sont victimes dans leur métier.
Durant la dernière décennie, c’est-à-dire du putsch du capitaine Amadou Aya Sanogo, qui a renversé le pouvoir de l’ex président feu Amadou Touré à cette transition qui gouverne le pays en passant par le régime de feu, Ibrahim Boubacar Keita, la presse a fait l’objet de plusieurs cas de violations des droits des journalistes dans l’exercice de leur profession. Parmi ces cas nous pouvons citer :
-Le Directeur de Publication du journal l’Indépendant, enlevé dans sa rédaction par des inconnus, agressé physiquement puis laissé pour mort par ses kidnappeurs. Motifs ? sa ligne éditoriale ;
-Le Directeur de Publication du journal Le Républicain, enlevé par des agents des services de renseignements, séquestré, torturé durant des jours avant de passer devant le juge au tribunal de la commune IV. Acte inadmissible posé tout simplement parce que le journal a publié la lettre d’un militaire au front ;
-La disparition de notre confrère Birama Touré depuis le 29 janvier 2016 et qui reste introuvable jusqu’à présent malgré les indices donnés sur les circonstances de sa disparition ;
-Le journaliste Adama Dramé contraint à l’exil pour la simple raison qu’il s’est investi pour la manifestation de la vérité sur la disparition de Birama Touré ;
-L’enlèvement puis l’assassinat des journalistes français, Claude Verlon et Ghislaine Dupont au nord du Mali ;
-L’enlèvement puis la séquestration durant des mois du Directeur de Publication du journal Le Soft, Issiaka Tamboura, par des terroristes dans la région de Mopti
-Enlèvement et séquestration du journaliste de RFI, Olivier Dubois pendant plusieurs mois au nord du Mali ;
-Perquisition et arrestation arbitraire des journalistes du site Mali-Actu dans leur rédaction ;
-Enlèvement et la séquestration pendant cinq jours du Directeur de Publication du journal Le Démocrate, Aliou Touré par des inconnus.
Au même registre, le Président de la Maison de la Presse dans son discours lors du lancement a cité des cas d’enlèvement, dont je ferai économie, des journalistes qui restent introuvables jusqu’à présent.
En marge de ces cas inquiétants, d’autres phénomènes nouveaux ont vu le jour. Il s’agit de l’agression des journalistes par des forces de l’ordre lors de la couverture des évènements politiques ou de la société civile à la veille de l’élection présidentielle de 2018 qui a favorisé la mise en place d’une commission tripartite (presse- ministère de la sécurité et ministère de la communication).
Laquelle commission a confectionné des gilets pour les journalistes. Cette solution trouvée à l’époque n’a pas résolu définitivement les problèmes car lors des manifestions du mouvement M5 RFP, des confrères ont été agressés, gazés sur les différents lieux de manifestations par les mêmes forces de l’ordre.
La seconde inquiétude, c’est la présence des journalistes devant des unités d’enquête sur ordre des procureurs dans des affaires qui relèvent de délits de presse. Un acte qui viole carrément les textes qui régissent la profession en la matière. Plusieurs journalistes ont été victimes : Abdramane Doucouré du journal la Sirène ; Aliou Touré du journal Le Radar ; Aliou Touré du journal Le Démocrate, Bissidi du journal La Sirène ; Moussa Salif Diarra du journal Dabaliban ; moi-même Boubacar Yalkoué … je souligne aussi le cas des journalistes sportifs qui sont les plus touchés par cette situation. Le Président de l’AJSM, Oumar Baba Traoré, poura aussi donner des éclaircissements s’il est dans la salle.
Les récentes violations, sous la transition, qui sont une atteinte grave à la liberté d’expression ont fait régresser le Mali du classement de la 111 place à la 113 place sur 180 pays sur la liste.
La menace est réelle de nos jours pour deux facteurs. Dans les zones dites d’insécurité, les journalistes ne peuvent plus exercer librement la profession sous peine d’être victimes des groupes armés.
Dans les régions un peu épargnées, précisément à Bamako les journalistes ont peur de traiter certains sujets, d’alerter ou de dénoncer pour ne pas être victimes des menaces, injures et intimidations des regroupements qui se disent soutiens à la transition. Cette posture de prudence est motivée aussi par le fait que nous sommes sous un régime d’exception. Les journalistes s’inspirent des cas d’agression passés en 2012, donc se méfient.
Ces quelques lignes sur la sécurité des journalistes de 2012 à nos jours prouvent à suffisance que le tableau n’est pas du tout reluisant. La presse malienne souffre et il est temps que les pouvoir publics la remette à sa place avec toutes les garanties et protections qu’il faut.
Vos contributions sont les bienvenus pour résoudre définitivement cette question lancinante.