PESTICIDE… PESTE ICI ?
Faut-il donc un titre alarmiste pour dessiller les yeux de la majorité d’entre nous Maliens sur l’extrême dangerosité des pesticides sur notre santé ? Si la définition du mot « pesticide » renvoie à un produit chimique destiné à lutter contre les parasites animaux et végétaux nuisibles aux cultures et aux produits récoltes ; le dictionnaire ne s’attarde guère sur les conséquences nocives de son utilisation et encore moins sur les préjudices directs ou collatéraux supposés voire suspectés que son application a sur nos vies. Aujourd’hui, le débat est béant ; il avive même de plus en plus les discussions populaires, et ravive désormais bien des peurs jusque-là enfouies. Dès lors, se taire participerait à standardiser un problème de santé publique. Le Poing refuse de faire l’autruche, tant le sujet exige de mettre les autorités face à la réalité d’une situation dont la gravité s’avère majeure. Le Poing assume ainsi et comme toujours sa responsabilité de lanceur d’alerte et sa mission civique de générer une réaction officielle mais surtout des actions réelles.
La santé du peuple doit être une des principales priorités de toute gouvernance. Notre santé collective, nul n’a le droit de la brader et nul ne doit se permettre de la sacrifier sur l’autel des intérêts spéculatifs commerciaux. Une gouvernance responsable impose qu’une réglementation exigeante soit appliquée, surtout quand il est question de la santé des populations. Notre Mali est-il d’une vigilance irréprochable sur l’importation, la fabrication locale et le commerce des pesticides ? Est-il rigoureux dans ses contrôles? Est-il vigoureux pour prévenir toute dérive, tout manquement, tout abus? Ces interrogations nous semblent légitimes, comme elles n’accusent en rien les autorités. À elles d’apporter, plus que les bonnes, les vraies réponses à une angoisse qui monte chez les populations et qui obsède leur quotidien.Le pesticide a pris corps presque fusionnel avec nos fruits et légumes, altérant leur goût et leur saveur. Ce qui, pour le producteur, peut sembler un bienfait pour sa culture, est devenu un méfait pour le consommateur. Un méfait qui attaque sa santé, sournoisement, irrémédiablement. Délibérément ? Le peuple doit savoir si sa santé est petit à petit mise en péril par une utilisation massive, désorganisée et/ou abusive des pesticides ! Le peuple doit savoir si la peste « pesticide » ronge, gramme par gramme, son corps sans qu’il en soupçonne les conséquences.
Tenez ! Nos mangues, par exemple, à cause justement de l’utilisation démesurée de pesticides dans leur production, n’ont plus rien du fruit naturel succulent que nos pères et mères consommaient avec délices. Nos mangues doivent redevenir, pour nos enfants, celles de nos pères et mères. Celles d’aujourd’hui sont balafrées par les carabines, à seule fin d’anticiper leur mûrissement. La conséquence est sans appel : elles manquent de tout ce que nos pères et mères produisaient alors, avec la vertueuse complicité de dame Nature, avec ferveur et attention.
Et d’ailleurs, n’y a-t-il que les mangues qui « mangent » notre moral ?
Source: Le Poing