Les conditions de production des aliments varient énormément d’un endroit à l’autre. Dans les pays avancés, les innovations apportent à beaucoup d’exploitations agricoles des solutions à la pointe du progrès technique. Parallèlement, les petites exploitations de moins de deux hectares représentent 84 % du total mondial, mais seulement un tiers de la production de végétaux. Les agriculteurs et les pêcheurs opérant à petite échelle possèdent rarement les ressources et l’instruction nécessaires pour accéder aux technologies les plus récentes, et ils hésitent souvent à expérimenter de nouvelles méthodes qu’ils perçoivent comme trop risquées pour leur propre sécurité alimentaire et leurs moyens de subsistance.
Consécutivement au décollage de la production aquacole, notamment en Asie, près de 60 millions de personnes travaillent dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture aujourd’hui, soit presque deux fois plus qu’au début des années 1990. Parallèlement, la consommation mondiale de produits de la mer augmente plus vite que la consommation totale de viande. La production alimentaire par agriculteur s’est elle aussi fortement accrue, alors que la proportion de la population mondiale travaillant dans l’agriculture diminue. Aujourd’hui, le secteur agricole ne représente que 3 % de l’emploi total dans les pays à revenu élevé, mais plus de 40 % dans certaines grandes économies émergentes comme l’Inde, voire davantage dans certaines économies peu développées, dont beaucoup se situent en Afrique.
La production d’aliments a toujours été une activité risquée. Les cultures nécessitent des sols et de l’eau de bonne qualité, des conditions météorologiques prévisibles et une saison propice suffisamment longue. Dans l’élevage, les maladies portent parfois gravement atteinte à la santé des personnes et des animaux. Les sécheresses peuvent entraîner des pénuries et les fluctuations des taux de change contribuer à la volatilité des prix, tout comme les nouvelles restrictions commerciales. Ces risques pèsent directement sur la rentabilité économique de l’agriculture et, par ricochet, sur les moyens de subsistance des agriculteurs.
Les difficultés auxquelles sont confrontés les secteurs agricole, alimentaire et halieutique vont s’aggraver sous l’effet du changement climatique. Les températures mondiales moyennes atteignent de nouveaux records presque chaque année et les précipitations sont moins régulières qu’auparavant. Les événements météorologiques extrêmes qui détruisent les cultures, comme les inondations, les sécheresses et les grandes tempêtes, sont de plus en plus communs. Les ravageurs, les plantes adventices, les virus et les maladies se propagent à de nouvelles régions et portent atteinte aux cultures, à l’élevage et à l’aquaculture. Le changement climatique altère également la productivité de la pêche et la répartition des stocks halieutiques, faisant peser une hypothèque sur les captures futures.
Malgré toutes ces incertitudes, les prix alimentaires ont nettement baissé sur le long terme, car la croissance de la production est demeurée supérieure à celle de la demande. Néanmoins, en 2007 2008, une flambée due à une improbable conjonction de facteurs (mauvaises récoltes, stocks limités, restrictions visant les exportations, etc.) a été suivie par une période de volatilité relativement prononcée. Dix ans plus tard, la situation sur les marchés agricoles mondiaux est très différente et les prix réels de presque tous les produits de base devraient renouer, pendant la décennie à venir, avec leur tendance de fond à la baisse.