Le Mali à l’instar de la communauté internationale célèbre le 24 mars de chaque année, la journée mondiale de lutte contre la tuberculose. C’est dans cette optique que la Cellule Sectorielle de Lutte le VIH/SIDA, la tuberculose et les Hépatites Virales (CSLS-TBH) a organisé mercredi 27 mars 2024, au Ministère de la Santé et du Développement Social, une conférence de presse pour informer l’opinion publique nationale par rapport à l’état des lieux de la maladie, les défis et ainsi que les perspectives. La conférence était présidée par le conseiller technique du Ministère de la Santé et du Développement Social, M. Abdelaye Keïta et conjointement animée par la coordinatrice de la cellule Sectorielle de Lutte le VIH/SIDA, la Tuberculose et des Hépatites Virales, Dr Coulibaly Madina Konaté, de Dr Awa Samaké de l’Institut National en Santé Publique, de Dr Niaoula Koné de l’OMS et ainsi que les représentants de la société civile.
Rappelons d’abord que créée depuis 2019, la Cellule Sectorielle de Lutte Contre le VIII/Sida, la Tuberculose et les Hépatites Virales (CSLS-TBH) est une structure centrale intégrée chargée de coordonner la préparation des réponses du pays aux trois endémies majeures le VIH/Sida, In Tuberculose et les Hépatites virales, pour fédérer les efforts d’accès du citoyen malien aux soins de qualité, rationaliser l’utilisation des ressources et produire les synergies vectrices de meilleurs résultats d’impact durables. Parlant de la Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose, les conférenciers ont rappelé qu’elle est célébrée le 24 mars de chaque année par la communauté internationale. La décision de célébrer la journée mondiale de lutte contre la tuberculose le 24 mars remonte à 1982, au centenaire de la découverte par Robert Koch en 1882 du bacille responsable de la tuberculose. Cet événement hautement historique, socle des progrès et succès thérapeutiques engrangés dans la lutte contre cette redoutable maladie, mérite respect et considération, d’où sa commémoration. La première célébration de cette journée a été organisé par l’Union Internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires. Au plan national, la journée mondiale de lutte contre la tuberculose au Mali était organisée par le Comité Anti tuberculeux du Mali (CAM) devenu aujourd’hui Comité Anti tuberculeux et de lutte contre les Maladies respiratoires du Mali (CAMM). La célébration de cette journée depuis 1995, année de la création du Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNLT), était organisée conjointement par le CAMM et le PNLT. Le thème mondial est toujours maintenu au niveau national. Le thème retenu de cette année est « Oui! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose ». La poursuite de cette thématique de l’année 2023 attire l’attention sur la tuberculose et sur le fait qu’il est de leur pouvoir collectif de mettre fin à la tuberculose d’ici 2030 et donc d’atteindre les objectifs de développement durable. Cette thématique apporte de l’espoir et s’appuie d’une part sur le travail incroyable accompli en 2022 par notre pays à forte charge de tuberculose pour se remettre de l’impact de la COVID-19 tout en garantissant l’accès au traitement et à la prévention de la tuberculose et d’autre part sur l’engagement accru des personnes touchées par cette maladie, des communautés et de la société civile qui doivent s’unir pour diriger un mouvement d’ensemble visant à mettre fin à la Tuberculose. L’année 2023 a été donc une année cruciale pour faire avancer le programme visant à mettre fin à la tuberculose à travers l’engagement politique et-le-renforcement les investissements dans la riposte à la tuberculose. En faisant l’état des lieux de la maladie, Dr Coulibaly Madina Konaté dira que la tuberculose est une maladie qui se transmet essentiellement d’une personne à l’autre par voie aérienne. Lorsque les personnes atteintes toussent, éternuent ou crachent, elles projettent les germes de la maladie dans l’air. L’inhalation d’une infime quantité de gouttelettes contaminées peut suffire à l’infection des personnes contacts. Il existe deux formes: La forme pulmonaire qui se limite aux poumons, La forme extra pulmonaire qui attaque les autres organes. Seules les personnes atteintes d’une forme pulmonaire peuvent transmettre les bacilles ou contaminer les contacts immédiats. Une personne peut infecter jusqu’à 10 à 15 autres personnes avec lesquelles elle est en contact étroit en l’espace d’une année. Selon le rapport sur la tuberculose dans le monde publié en 2023 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS): en 2022, 10,6 millions de personnes sont tombées malades de la tuberculose (TB); 1,6 million de personnes sont mortes de la TB (dont 187 000 chez les personnes vivant avec le VIH/sida); 450 000 personnes ont été diagnostiquées avec une TB résistante à la rifampicine (+3%). Depuis de nombreuses années on assiste à une augmentation des cas de tuberculose et de la tuberculose résistante aux médicaments. Elle a aussi souligné que le Gouvernement à travers le Ministère en charge de la santé, avec l’appui de ses Partenaires techniques et financiers a fourni des efforts pour assurer la gratuité du diagnostic et du traitement de la tuberculose à travers l’ensemble du pays. Ainsi, à la suite de ces efforts, les résultats satisfaisants ont été enregistrés en 2023 par rapport à 2022: Le nombre de cas de tuberculose notifié en 2023 est de 8266 cas contre 7897 cas en 2022. Le taux de succès thérapeutique, c’est-à-dire les malades guéris de la tuberculose est de 85% en 2022 contre 82% en 2021. Le taux de décès parmi les malades ayant fait la tuberculose est de 6% en 2022 contre 7% en 2021. La majorité des cas TB sont survenus dans la tranche d’âge active des jeunes adultes de 25 à 44 ans (1899 cas). Au regard de ces chiffres des efforts doivent être consentis encore dans les activités de détection et dans le suivi du traitement. Selon les estimations de l’OMS, il était attendu 11254 cas de TB, et les structures ont notifié 8266 cas d’où 2988 qui n’ont pas été retrouvés.
En ce qui concerne l’organisation de l’offre de soin au Mali, les conférenciers ont rappelé signalé qu’elle est pyramidale à trois niveaux. Au niveau central, la cellule sectorielle de Lutte contre le VIII/Sida, la Tuberculose et les Hépatites virales (CSLS-TBH) définit, élabore et coordonne les politiques, les stratégies et les protocoles de lutte contre la TB. Au niveau intermédiaire, chaque Direction régionale de la Santé dispose d’un point focal régional TB en charge de la coordination de l’ensemble des activités TB de la région et d’un pharmacien chargé du suivi de l’approvisionnement et de la gestion des stocks des médicaments et produits antituberculeux. La particularité du Mali est que pour ce niveau intermédiaire, les structures de références sont plus représentées par les CSREF des capitales régionales que par les hôpitaux régionaux. Au niveau périphérique, tous les CSRéf des districts sanitaires disposent de Centres de Diagnostic et Traitement (CDT) pour la tuberculose au sein duquel se trouvent une unité de traitement et un laboratoire de microscopic. En plus du chargé TB et du laborantin, chaque CSRéf dispose d’un médecin d’appui qui est la référence pour la prise en charge des malades TB. Certains grands centres de santé communautaire (CScoms) ont été érigés en CDT pour augmenter la couverture en unités de diagnostic et de traitement. Toujours à ce niveau périphérique de la pyramide sanitaire, tous les CSComs ont été érigés en centres de traitement afin d’éviter de longs déplacements aux malades pour s’approvisionner en médicaments.
Ils ont signalé que le Ministère de la Santé en collaboration avec ses partenaires (ARCAD Sante Plus, CAMM) se fixe comme objectif d’améliorer la collaboration entre les secteurs privé et public dans la prévention, le diagnostic et la prise en charge de la tuberculose. Il équipe et forme au diagnostic et au traitement le personnel des CSCom, des cliniques et des cabinets privés de médecine. Pour la détection de nouveaux cas, il prépare les agents de santé dans les entreprises de filature de coton, de centres pénitentiaires et de structures paramédicales et confessionnelles. Pour améliorer le dépistage, le suivi des malades et la sensibilisation de la population aux bons gestes à adopter, Santé Sud forme des agents de développement communautaires (ADC).
En ce qui les défis, il s’agit entre autres : Insuffisance de couverture géographique en Centre de Diagnostic et de Traitement (CDT); Faible taux de détection des cas de tuberculose; Insuffisance en ressources humaines au niveau des laboratoires; Faible mobilisation de la contrepartie de l’Etat pour l’achat des intrants et des médicaments.
S’agissant des perspectives, les conférenciers ont cité : Réduire le taux d’incidence et de prévalence de la tuberculose; Accroitre le taux de couverture nationale en établissement de santé offrant de soins antituberculeux Assurer la disponibilité en médicament et en personnel de santé qualifié surtout au niveau de laboratoire Renforcer les mesures de prévention pour le contrôle de l’infection des structures de santé Mobiliser à hauteur de souhait la contrepartie de l’Etat. Ils ont profité de la conférence de presse pour annoncer que la célébration de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose se tiendra cette année le vendredi 27 mars 2024.
Alassane Cissé