
LE DIM : DE LA TURPITUDE À LA FORFAITURE
Si ce n’est pas un théorème mathématique, c’est quand-même un constat éprouvé à travers les âges que tout ce qui est conçu par la ruse finit toujours par laisser voir son habillage perfide. C’est le triste destin que subit actuellement le machin politique dit « Dialogue Inter-Maliens » (D.I.M.), navire politique qui prend de l’eau partout et d’où les rats s’échappent, non sans crier leur souhait de voir le bateau sombrer. Le Président de la Transition, Chef de l’Etat a annoncé, le 31 décembre 2023, la tenue du Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation afin, disait-il, « d’éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires dans le but ultime de réconcilier les communautés ». Avait-on besoin de cette assise de plus, après toutes celles qui l’ont devancée, notamment la toute dernière et toute première organisée par le Mali libéré, le 18 août 2020, d’une gouvernance démocratico-politique, pour amorcer un envol décisif le 24 mai 2021 ? Certes, il est loisible de justifier qu’une alternative était indispensable dès lors que par une décision souveraine malienne, l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger était devenu caduc. Préalablement à cette décision, les FAMas, entre 2021 et 2023, avaient tenu la dragée haute aux groupes terroristes armés, en allant les cueillir jusque dans leurs sanctuaires dont beaucoup ont été détruits. Les ANR, à travers la Thématique n° 9 justement intitulée « Paix, Réconciliation et Cohésion sociale ». Encore question : pourquoi une nouvelle concertation, une concertation de plus, qui ne manquerait pas d’être une foire à sous, les ANR ayant déjà mobilisé presque 85 000 citoyens au chevet de l’Etat et de la République en détresse ? L’idée à la base était des plus suspectes : on avait prétendu, tout simplement et c’était l’argumentaire pour eux imparable, que toutes les guerres finissent autour d’une table, ce qui n’est qu’un gros mensonge qui ne pense pas à la lumière de l’histoire. La réalité est qu’il y avait un complot ourdi depuis le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation visant une révolution de palais à un étage de la gouvernance. Rien d’autre. Aujourd’hui, nous vivons un paradoxe qui dévoile le front de la classe politique et le visage de la revente aux enchères de la République du Mali à la France. Il suffit d’être attentif pour observer les pas dans l’ombre. Tous les acteurs politiques mobilisés ces dernières semaines sont unanimes sur une chose : les documents soumis à eux ne font aucunement référence aux ANR, ce qui revient à dire, comme nous l’écrivions récemment dans un éditorial, que le D.I.M. n’est rien de moins que le dernier clou dans le cercueil des dites ANR. Tout dépend désormais de l’attitude, responsable ou irresponsable, des membres du Comité Indépendant de Suivi-Evaluation des recommandations des ANR pour que le peuple soit fixé. Avec un de ces paradoxes affolants dont l’histoire n’est pas riche, les politiciens qui ont refusé de prendre part aux ANR, qui les ont boudées sans la moindre réserve, sont aujourd’hui ceux-là qui prônent le recours aux recommandations des mêmes ANR afin de sauver le Mali. Avocat, juriste capable de bien lire les normes, Me Mountaga Tall a vertement signifié que rien, à part le référendum, ne peut être supérieur aux ANR. On comprendra à travers les propos d’autres que le D.I.M. ne peut être qu’une turpitude conçue par un ministre d’Etat, laquelle ne peut non plus cacher ses accoutrements de forfaiture. Ils doivent se mordre le doigt d’avoir été si naïfs de s’être rués dans les audiences du D.I.M., ignorant que c’est sur leurs civières qu’ils s’installaient.
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National n° 684 du vendredi, 18 avril 2025.