L’organisation régionale réagit ainsi à la rupture de l’ordre constitutionnel provoquée par le putsch militaire.
La suspension du Burkina Faso de la Cédéao était, selon les textes de cette organisation, la démarche à suivre en cas de rupture de l’ordre constitutionnel.
Parmi les résolutions prises par les chefs d’Etats de l’organisation sur la question actuelle duBurkina Fasose trouve celle d’envoyer une mission ministérielle d’évaluation à Ouagadougou pour discuter avec la junte de la durée de la transition.
Le colonel Paul Henri Damiba, chef de la junte au pouvoir, avait promis « un retour à l’ordre constitutionnel quand toutes les conditions seront réunies ».
Selon Seidik Abba, spécialiste du Sahel, les sanctions pourraient davantage s’aggraver, si les promesses de la junte ne sont pas tenues : « Ils vont définir les modalités de gestion de la transition. Si la période n’est pas jugée correcte par la Cédéao, on va franchir un deuxième degré des sanctions qui peuvent être des sanctions ciblées : gel des avoirs, interdiction des déplacements, gel des relations entre le Burkina Faso et la sous-région. »
Les consultations entre militaires
L’argumentaire de la junte au pouvoir après le coup d’Etat survenu cette semaine était de vouloir rétablir la sécurité dans les deux tiers du territoire du pays conquis par les djihadistes.
Les résolutions de la Cédéaoprévoient aussi l’envoi d’une délégation de chefs d’état-major pour consultations sur le plan à adopter dans la lutte anti-djihadiste.
Danny Ayida, spécialiste de la politique au Sahel : « La Cédéao a pris en compte l’argumentaire développé par la junte à savoir que l’important est la gestion sécuritaire marquée par le terrorisme, par l’occupation des deux tiers du pays. S’il en est ainsi, il n’appartient qu’aux militaires d’aller au contact de leurs confrères pour savoir si cette motivation est légitime. »
Vers une longue période de transition ?
Danny Ayida poursuit, cependant, en disant que la mission de reconquête du territoire contrôlé par les djihadistes risque d’être longue, ce qui prolongerait la transition, comme c’est le cas au Mali.
Quand les militaires disent que leur objectif est de reconquérir le territoire national, cela peut prendre des mois ou des années. Est-ce que le retour à l’ordre constitutionnel normal va dépendre de cela ? s’interroge Dany Yida
Par ailleurs, une autre institution, le G5 Sahel, est aussi plongée dans une crise profonde puisque trois de ses cinq pays membres, le Tchad, le Mali et le Burkina Faso, sont dirigés par des juntes militaires ayant réalisé un coup d’Etat.
Auteur: Etienne Gatanazi