Sous le thème : « les médias face aux mutations en Afrique : enjeux, défis et perspectives », l’Ecole Supérieure de Journalisme et des Sciences de la Communication de la Communication a célébré mardi du 07 au mercredi 08 mai 2024, les 2èmes journées scientifiques et sciences de l’information et de la communication. L’ouverture de la cérémonie était présidée par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Pr Bouréma Kansaye, en compagnie de son collègue ministre de la Communication, Alhamdou Ag Ilyène, du directeur de l’ESJSC, Aboubacar Abdoulwahidou Maïga, des experts, enseignants-chercheurs, des panélistes nationaux et étrangers et ainsi que des étudiants.
Dans son mot introductif, le directeur de l’ESJSC a d’abord remercié la présence des deux ministres et rappelé combien ces journées scientifiques sont importantes. Il a rappelé qu’après leur être attaqués à la problématique des liens et frontières entre Médias et géopolitique l’année passée, la présente édition leur invite à nous pencher sur les enjeux, les défis et les perspectives des médias face aux mutations auxquelles nous assistons en Afrique. Pour en débattre, nous sommes ravis d’accueillir sur place et en ligne nos collègues des institutions d’enseignement supérieur et de recherche des quatre coins de l’Afrique. Il dira que les JOSSIC ont été imaginées pour devenir, en marge de la journée mondiale de la liberté de la Presse, un espace de promotion de la recherche en sciences de l’information et de la communication au Mali et en Afrique. Elles visent à créer une opportunité de rencontre et de confrontation intellectuelle entre professionnels des médias et de la communication, communauté universitaire, décideurs publics et monde des ONG.
Aujourd’hui, l’information représente un maillon essentiel de la souveraineté d’un État, puisque aucun État ne peut prétendre être bien gouverné sans maîtriser la façon dont son peuple s’informe et ce qu’il consomme comme actualité. Malheureusement, de ce point de vue, les Africains sont les plus grands consommateurs des informations fournies sans aucun filtre par ces médias des quatre coins du globe. Ainsi, le flux de l’information va du Nord vers le Sud, et rarement du Sud vers le Nord, partageant le continent africain en zones d’influence médiatique selon les langues parlées. Ce n’est pas pour rien que des médias russes, chinois et israéliens diffusent en français, en arabe ou en anglais. Une grande partie de leur public cible se trouve justement en Afrique. L’internet qui devait normalement pallier ce problème continue de l’accentuer jour après jour. Pour preuve, les internautes africains consomment plus d’infos venant des médias en ligne d’autres continents que du leur. « Pourtant, sans que nous en doutions, notre façon de percevoir le monde et de bâtir nos rapports et nos actions avec l’extérieur sont tributaires des faits qui s’implantent lentement et sournoisement dans nos esprits grâce aux satellites et aux fibres optiques », a-t-il déclaré avant d’ajouter que la raison est simple : détenir l’information, c’est détenir le pouvoir. Ensuite, l’arme informationnelle, gentiment désignée sous l’appellation de « Soft power », tue davantage en silence que les armes létales ordinaires. Aussi son impact (psychologique) est-il beaucoup plus important dans la durée que l’arme conventionnelle.
Prenant la parole, le Ministre de la communication, Alhamdou Ag Ilyène n’a manqué d’exprimer sa satisfaction pour l’école de journalisme qui constitue une référence pour le Mali. Il a exhorté la direction de l’école pour perpétuer ces journées, car selon lui, elles permettent de débattre les questions relatives à l’exercice des médias. Pour sa part, le département en charge de l’information et de la communication ne ménagera aucun effort pour accompagner ces journées. Dans son discours marquant l’ouverture des travaux, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr Bourema Kansaye se réjoui de voir à travers le programme que l’édition de cette année rassemble, autour du thème « Les médias face aux mutations en Afrique : enjeux, défis et perspectives », des experts, doctorants et enseignants-chercheurs nationaux, mais aussi des panélistes étrangers, venant du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la République du Congo, du Niger et du Sénégal. Ensuite, il a apprécié le grand travail abattu par le comité scientifique qui a examiné 66 propositions de communication et retenu 54 parmi elles. Il a aussi rappelé que l’année précédente le Comité scientifique avait retenu 38 communications. « Nous remarquons un progrès quantitatif et qualitatif qu’il convient de saluer », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que le thème de cette présente édition a suscité un véritable engouement car il pose des questions centrales pour notre continent. Il n’y a nul besoin de rappeler que l’Afrique cristallise de plus en plus l’attention des médias monde. « Nous sommes conscients que notre continent est devenu le champ d’affrontement exprimant un nouveau type de guerre difficilement perceptible s dévastatrice: la guerre informationnelle ! », a-t-il indiqué.
Dans son intervention, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a expliqué que les médias ont longtemps été considérés comme des outils d’éducation et de divertissement. « Nos peuples y ont foi et prennent leurs messages très au sérieux. En témoigne, par exemple, le dicton heureux : C’est l’ORTM ou la Radio Mali qui l’a dit. Cependant, l’actualité, telle que vous la connaissez, a fait des médias d’aujourd’hui de véritables sources de préoccupations pour nombre d’Etats africains, en raison de leur utilisation détournée à des fins de propagande, de désinformation, de déstabilisation et de diffusion de messages haineux ou de valeurs post humaines ou antivaleurs, opposés à nos intérêts », a martelé le Ministre. Il dira également que la prolifération des médias en ligne, surtout sur les réseaux sociaux, a rendu les choses encore plus complexes. « En fait, le consommateur de l’information de notre époque se trouve submergé de nouvelles et de données dont il ne peut vérifier la validité. Il lui est de plus en difficile de démêler le vrai du faux dans cet immense océan de données », a-t-il rappelé.
Selon lui, ce colloque vient donc à point nommé pour offrir un espace approprié aux acteurs et aux chercheurs dans le domaine des sciences et techniques de l’Information et de la Communication pour analyser les enjeux, les défis et les perspectives des médias face aux mutations que vit l’Afrique. Pour ce faire, quatre (04) principaux axes ont été retenus par les organisateurs, à savoir: médias face aux régimes de transition en Afrique; médias et conflits; politique de communication et dynamique de paix et de développement: journalisme et communication à l’ère du numérique. Je vous invite par conséquent à des échanges constructifs et rationnels pouvant déboucher sur des analyses et propositions susceptibles d’aider les décideurs africains et les acteurs de l’information à trouver des solutions idoines aux défis contemporains de notre continents.
Alassane Cissé