Le 19 août 1839 marque une date historique pour la photographie, lorsque le daguerréotype fut officiellement présenté par le gouvernement français. Cette invention révolutionnaire a permis de capturer des images de manière permanente, ouvrant la voie à la photographie moderne. Aujourd’hui, cette date est célébrée à travers le monde comme la Journée mondiale de la photographie, un hommage à un art devenu essentiel pour documenter l’histoire, les émotions, et le patrimoine culturel des nations.
Cet article a été publié sur Journée mondiale de la photographie au Mali : La préservation du patrimoine photographique au cœur des célébrations – Boub´s SiDiBÉ (boubs.xyz)
La Maison Africaine de la Photographie : Gardienne du patrimoine visuel malien
Le 19 août 2024, la Maison Africaine de la Photographie à Bamako organise une master class sur le thème ‘La gestion des archives et fonds photographiques : défis et perspectives’. Cet événement, prévu pour 14h00, vise à sensibiliser le public sur l’importance de la préservation du patrimoine photographique malien. La gestion des archives photographiques est cruciale pour la conservation de la mémoire visuelle du Mali, surtout dans un contexte où les conditions de stockage sont souvent inadaptées, menaçant ainsi l’intégrité des archives.
Un cadre juridique à renforcer pour protéger les photographes maliens
Cependant, malgré ces initiatives, les photographes maliens font face à des défis majeurs, notamment l’usage non autorisé de leurs œuvres par les médias, souvent en violation de leurs droits d’auteur. Le cadre juridique actuel, régi par la loi n°1984-26 du 17 octobre 1984 sur la propriété littéraire et artistique, offre une certaine protection aux photographes. En vertu de cette loi, les auteurs d’œuvres de l’esprit, y compris les photographes, jouissent d’un droit de propriété incorporelle exclusif, opposable à tous, dès la création de l’œuvre et sans formalité préalable (Article 1er).
Le droit exclusif des photographes de reproduire, publier, et vendre leurs œuvres est également affirmé par l’Article 21 de cette loi, ce qui souligne l’importance de protéger ces droits contre toute utilisation non autorisée. Pour garantir cette protection, la loi stipule que chaque photographie doit porter des indications obligatoires, telles que le nom du photographe et l’année de production (Article 23).
Toutefois, bien que cette loi fournisse une base légale, elle reste insuffisante face aux défis actuels, notamment dans le contexte numérique. La mise en place de lois plus adaptées et de mécanismes efficaces pour protéger les œuvres photographiques est essentielle pour garantir que les photographes puissent bénéficier équitablement de l’exploitation de leur travail et éviter les abus fréquents dans les médias.
La Biennale Africaine de la Photographie : Un levier sous-exploité
Le Mali, pays hôte de la prestigieuse Biennale Africaine de la Photographie, a une occasion unique de transformer cet événement en un véritable levier de développement pour le métier de photographe. Cependant, jusqu’à présent, la Biennale n’a pas eu l’impact espéré sur le quotidien des photographes maliens. Malgré la visibilité internationale qu’elle offre, les retombées sur le terrain restent limitées. Les photographes maliens continuent de travailler dans des conditions difficiles, avec un accès limité aux équipements de qualité, en raison de l’absence de représentations locales d’équipementiers photo.
Pour que la Biennale devienne un outil véritablement bénéfique pour les photographes maliens, des actions concrètes doivent être entreprises, telles que la création de subventions pour l’achat d’équipements, la formation continue, et l’intégration des photographes dans des projets de développement économique.
Bamako : Toujours capitale africaine de la photographie ?
Depuis 1994, avec les premiers pas de la Biennale Africaine de la Photographie, Bamako a été désignée comme la capitale africaine de la photographie. Cette désignation a été renforcée par la création de la Maison Africaine de la Photographie en 2004. Cependant, comme le souligne Siddick Minga dans Africultures, l’impact de ces institutions sur la vie quotidienne des photographes maliens est encore limité. Beaucoup de jeunes photographes à Bamako, notamment ceux qui travaillent dans la rue ou en studio, ne connaissent ni les Rencontres de Bamako, ni la Maison Africaine de la Photographie. Ils continuent de lutter pour se faire une place dans un secteur peu structuré, malgré l’existence de nombreuses associations professionnelles.
Conclusion : Vers un avenir prometteur pour la photographie au Mali
La célébration de la Journée mondiale de la photographie au Mali est une opportunité de réflexion sur les défis et les opportunités pour les photographes maliens. Avec des initiatives comme celles de la Maison Africaine de la Photographie et le soutien d’institutions culturelles, la photographie peut devenir un véritable moteur de développement économique et culturel pour le pays. Le renforcement du cadre juridique, la promotion continue à travers des événements internationaux, et l’amélioration des conditions de travail sont essentiels pour permettre aux photographes maliens de jouer pleinement leur rôle de témoins et de conservateurs de l’histoire visuelle du Mali.