Selon des pseudos panafricanistes il y aurait 11 accords secrets entre la France et 14 pays d’Afrique francophones qui les maintiendraient dans une servitude coloniale.
Le juriste que je suis a donc cherché à se les procurer pour analyse. Mon 1er réflexe a été de chercher dans les journaux officiels des pays concernés. Nulle part je ne les ai trouvé. Je me suis donc souvenu que c’était des accords secrets.
Ces accords sont si secrets que c’est sur les réseaux sociaux que j’ai fini par les débusquer . Il se raconte même que le chef de la junte militaire au pouvoir au Mali voudrait s’en défaire alors que le président ivoirien, lui, entend les faire perpétuer ; rien que ça.
En droit, un accord est un contrat entre au moins deux personnes morales ou physiques. Ce accord peut être verbal ou écrit. Mais, même verbal, il doit être matérialisé dans son exécution. De coutume, un accord bilatéral ou multilatéral entre pays est signé par les parties concernées. Quels sont les chefs d’Etat africains qui ont signé ces accords contraignants ? Motus et bouche cousue.
À défaut d’avoir pu trouver trace de ces accords dans la documentation juridique des 14 pays d’Afrique francophones incriminés, contentons-nous d’analyser ceux qu’on trouve sur la toile et qui seraient une copie desdits accords.
ACCORD n⁰1: LA DETTE COLONIALE POUR REMBOURSEMENT DES BÉNÉFICES DE LA COLONISATION.
Il est ici question que les États nouvellement indépendants doivent rembourser le coût des infrastructures construites par la France pendant la colonisation.
Moi : si on part du postulat que la colonisation a été bénéfique aux pays colonisés et qu’il faille rembourser à la France le fruit de ce bénéfice, il est alors impératif que soit mis sur la table le détail des coûts, l’évaluation des bénéfices et des conditions de paiements imposés par la France aux pays africains. Curieusement, à ce jour, aucun des accusateurs de la France n’a pu nous dire ou faire l’évaluation exhaustive des coûts et des infrastructures concernées. Quand, où, comment, qui rembourse ? Nul ne le sait.
ACCORD n⁰ 2 : LA CONFISCATION AUTOMATIQUE DES RÉSERVES FINANCIÈRES NATIONALES.
Il est ici question que les pays africains déposent leurs réserves financières auprès de la Banque de France. Ainsi, la France « garde » les réserves financières de quatorze pays africains depuis 1961 : le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée Bissau, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo, le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée Équatoriale et le Gabon.
Ainsi, la gouvernance des politiques monétaires reste asynchrone et incomplète du fait qu’elles sont pilotées directement par le gouvernement français, sans aucun lien avec les autorités financières des pays tels que la CEMAC ou la CEDEAO.
Moi : Faux. le FCFA résulte d’un accord volontairement signé entre certaines anciennes colonies françaises d’Afrique et la France. De nombreux États après l’indépendance ont librement choisi de ne pas intégrer le CFA, tel que la Guinée Conakry ou d’en sortir, comme le Comores, la Mauritanie ou notamment Madagascar.
Par ailleurs, depuis les réformes au sein de la zone CFA qui suppriment notamment les comptes d’opération et la présence d’administrateurs français au sein des conseils d’administration de nos banques centrales, les réserves de change sont détenus entièrement par nos banques centrales.
ACCORD n⁰3 : LE DROIT DE PREMIER REFUS SUR TOUTE RESSOURCE BRUTE OU NATURELLE DÉCOUVERTE DANS LE PAYS.
C’est-à-dire la France a le premier droit d’achat des ressources naturelles de la terre de ses ex-colonies. Ce n’est qu’après que la France ait dit: « Je ne suis pas intéressé », que les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires.
Faux. Nestelé (Suisse), Olam (Singapour) qui opèrent en Côte d’Ivoire dans le domaine des matières 1ere ne sont pas dans entreprises françaises. Au contraire, elles sont leur concurrentes.
En septembre 2021, la Côte d’Ivoire a annoncé la découverte par Eni, une entreprise Italienne et son partenaire ivoirien Petroci Holding, d’un gisement baptisé «Baleine» au potentiel élevé : 2 milliards de barils de pétrole brut et 2.400 milliards de pieds cubes de gaz naturel. La France aurait-elle donc renoncée à ce pactole au profit de l’Italie ? Absurde.
ACCORD n⁰4 : PRIORITÉ AUX INTÉRÊTS ET AUX ENTREPRISES FRANÇAISES DANS LES MARCHÉS PUBLICS ET APPELS D’OFFRES PUBLICS.
Dans l’attribution des marchés publics, les entreprises françaises ont la priorité sur l’attribution, cela, même si les pays africains peuvent obtenir un meilleur rapport qualité-prix ailleurs.
En conséquence, dans la plupart des ex-colonies françaises, tous les leviers économiques des pays sont entre les mains des expatriés français.
Moi : Faux. En Côte d’Ivoire, il est de notoriété publique que les libanais, les marocains, les hollandais et les chinois notamment se taillent la part du lion dans le secteur commercial et industriel.
ACCORD n⁰5 : DROIT EXCLUSIF DE FOURNIR DES ÉQUIPEMENTS MILITAIRES ET DE FORMER LES OFFICIERS MILITAIRES DES COLONIES.
Grâce à un système sophistiqué de bourses, de subventions, et les « accords de défense » attachés au pacte colonial, les Africains doivent envoyer leurs officiers supérieurs en formation en France.
Moi : Faux. Il est de notoriété publique que les soldats ivoiriens vont en formation dans plusieurs pays avec lesquels la Côte d’Ivoire a des accords bilatéraux de formation ou d’assistance militaire. C’est le cas notamment d’Israël, du Maroc où même des usa…
En ce qui concerne les accords de défense, il appartient aux États concernés de librement les dénoncer et la France s’en irait comme cela a été le cas récemment avec le mali.
ACCORD n⁰6 : LE DROIT POUR LA FRANCE DE DÉPLOYER DES TROUPES ET D’INTERVENIR MILITAIREMENT DANS LE PAYS POUR DÉFENDRE SES INTÉRÊTS.
En vertu de ce qu’on appelle « les accords de défense » attachés au pacte colonial, la France a le droit d’intervenir militairement dans les pays africains, et aussi de stationner des troupes en permanence dans les bases et installations militaires, entièrement gérées par les Français.
Moi : faux. La France est dans certains pays francophones à la demande de ces pays. Gbagbo Laurent par exemple en 10 ans de pouvoir n’a jamais eu à dénoncer cet accord de défense. Par compte, le Mali qui avait un tel accord avec la France l’a dénoncé au profit de mercenaires russes de Wagner et l’armée française a quitté le Mali.
ACCORD n⁰7 : L’OBLIGATION DE FAIRE DU FRANÇAIS LA LANGUE OFFICIELLE DU PAYS ET LA LANGUE POUR L’ÉDUCATION.
Une organisation de la langue française et de la diffusion de la culture française a même été créée. Elle s’appelle la « Francophonie » et possède plusieurs organisations satellites. Ces organisations sont affiliées et contrôlées par le ministre français des Affaires étrangères.
Faux : c’est l’OIF qui gère la francophonie et non la France. D’ailleurs le pdt de cette organisation, actuellement une rwandaise, est élue par les différents membres et non imposée par la France .
ACCORD n⁰8 : L’OBLIGATION D’UTILISER LE FRANC CFA (FRANC DES COLONIES FRANÇAISES D’AFRIQUE).
Bien que ce système ne soit pas partagé par l’Union européenne, les colonies françaises sont contraintes à utiliser exclusivement le FCFA.
Faux : depuis 1960 il y a eu de retraits du FCFA : Guinée (1960), Mali (retrait temporaire en 1962), Mauritanie et Madagascar (1973). Il y a eu aussi de nouvelles adhésions : Mali (1984), Guinée équatoriale (1985) et Guinée-Bissau (1997).
ACCORD n⁰9 : L’OBLIGATION D’ENVOYER EN FRANCE, UN BILAN ANNUEL ET UN RAPPORT D’ÉTAT DES RÉSERVES. PAS DE RAPPORT, PAS D’ARGENT.
C’est-à-dire le directeur des banques centrales des ex-colonies présente ledit rapport lors des réunions bisannuelles des ministres des Finances sur les ex-colonies. Ce rapport est ensuite compilé par la Banque de France et le Trésor français.
Faux : c’est la BCEAO qui gère nos réserves de change. Il n’y a même plus de français au sein de son conseil d’administration
ACCORD n⁰10 : RENONCER À TOUTE ALLIANCE MILITAIRE AVEC D’AUTRES PAYS, SAUF AUTORISATION DE LA FRANCE.
La plupart de ces pays ont seulement des alliances militaires avec leurs ex-colonisateurs simplement par le fait que la France leur interdisait toute autre alliance militaire.
Faux : la CI se fournit en armement et équipements militaires là où elle le souhaite.
ACCORD n⁰11 : L’OBLIGATION DE S’ALLIER AVEC LA FRANCE EN CAS DE GUERRE OU DE CRISE MONDIALE.
C’est cet accord qui permet à la France de créer des rebellions et des groupes terroristes dans certains pays de l’Afrique de l’ouest avec l’argent de ces pays qui est au trésor français et venir par la suite jouer au pompier pyromane. C’est exactement ce qu’on a vu en Côte d’Ivoire avec la rébellion de 2002 (le coup d’état le plus long au monde) et les djihadistes dans le Sahel.
Moi : Faux. Gbagbo Laurent a dit que c’est au Burkina Faso que la rébellion ivoirienne s’entraînait et que c’est ce pays qui soutenait la rébellion en Côte d’Ivoire, d’où la dialogue direct entre Gbagbo et Compaoré qui ont donné les accords de Ouaga. Au contraire, la France a, sur demande de Gbagbo, stoppé l’avancée de la rébellion.
MON ANALYSE
Ces fameux accords, tout droit sortis de l’esprit fertile des néo panafricanistes, n’ont jamais existé et s’ils ont existé ne résistent pas à la confrontation avec les faits économiques, militaires et diplomatiques entre la France et ses ex colonies.
Ces accords introuvables ont probablement été inventés de toute pièce pour faire mousser le sentiment anti français et donner un sens à la propagande contre la France dans nos pays où le taux d’analphabétisme est tel que les populations sont très faciles à manipuler.