La campagne cotonnière 2022-2023 ne s’annonce pas bonne pour le Mali. Les professionnels du secteur s’attendent en partie à payer des dettes au lieu d’en tirer profit.
‘‘Le constat est le même partout. Cette année il ne faut pas s’attendre à de bons résultats’’. Mamadou Konaté, avec ses plus de 20 ans de carrière comme producteur de coton dans la zone de Kita (région de Kayes au Mal), a perdu tout espoir. Il prie pour avoir au moins 15 tonnes de coton dans son champ de 18 hectares : ‘‘J’ai fait 32 tonnes l’année dernière, mais c’est avec beaucoup de chance que je vais pouvoir avoir 15 tonnes cette année’’, nous confie-t-il
Selon Mamadou Konaté, cette situation s’explique d’abord par le retard et l’insuffisance dans l’acquisition de l’engrais : ‘‘On nous a donné 2 sacs et demi pour un hectare alors que la quantité normale est de 4 ou 5 sacs’’. Mais l’échec du coton n’est pas seulement lié à l’engrais.
Des insectes ravageurs
‘‘Zakobiela’’ pour les cotonculteurs de la zone de Sikasso et ‘‘Kouroukaseri’’ pour ceux de Kita, des insectes ravageurs scientifiquement non encore identifiés ont investi les champs de coton cette année : ‘‘Ils attaquent les feuilles et tige du cotonnier’’, explique Mamadou Konaté de Kita. Selon lui, des produits chimiques mis à leur disposition par les services techniques de la compagnie malienne de développement du textile et l’office de protection des végétaux, n’ont pas pu combattre le mal.
‘‘Rien ne les tue et nous avons en vain employé tous les insecticides ’’, ajoute un autre cotonculteur dans la zone de Dioïla au sud du Mali, région de Koulikoro. Ce dernier témoigne que ces insectes ravageurs ne s’attaquent pas au coton seul, mais aussi à d’autres cultures telles que l’oseille de Guinée (bisap), le Gombo et la courge. Notre interlocuteur nous indique également que les premiers semis du coton faits en début juin, ont pu porter des fruits avant l’arrivée des insectes ravageurs dans la zone de Dioïla.
‘‘Les zones ne sont pas les mêmes, j’ai semé du 10 au 17 juin, mais mon champ a été attaqué par les insectes ravageurs’’, indique le cotonculteur de Kita Mamadou Konaté qui appelle finalement les autorités maliennes à venir en appui aux producteurs de coton en ces temps difficiles : ‘‘Toute ma vie c’est le coton’’, dit-il.
Une baisse de production en Afrique de l’ouest
Au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso… la présence des insectes ravageurs a été signalée dans plusieurs pays ouest-africains. Johanna Adotevi, directrice commerciale à Ivoire Coton citée par commodafrica.com, indique que les productions en Afrique de l’ouest pourraient chuter de pourraient chuter de 20 et 30%.
Outre les insectes ravageurs le Burkina Faso est confronté à une situation sécuritaire aiguë qui a touché plusieurs zones de production de coton, selon les informations concordantes. Selon les mêmes sources, seul le Bénin qui a été détrôné par le Mali lors de la campagne précédente, ‘‘semble tirer son épingle du jeu avec une prévision prudente d’une reconduite du niveau de production de 2021/22 à au moins 700 000 tonnes’’.
Avec les tendances actuelles, le Mali qui détient le trophée de premier producteur de coton en Afrique à l’issue de la précédente campagne (2021/2022) pourrait donc perdre sa place.
Source: lindiscret.net