A Tamba, le Conseil des ministres a adopté hier des projets de loi portant Code pastoral et la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale. L’adoption de ces instruments constituerait un remède aux conflits agriculteurs-éleveurs, comme l’ont montré les terribles évènements de Kirène, il y a trois semaines.
Par Justin GOMIS – Prévue aujourd’hui, la Journée de l’élevage, placée à la fin de la tournée économique du Président Sall à Tambacounda, arrive quelques jours après le drame de Kirène, qui montre la difficile cohabitation entre bergers et agriculteurs. Au titre des textes législatifs et règlementaires, le Conseil des ministres a examiné et adopté le projet de loi portant Code pastoral et aussi le projet de loi modifiant la loi n°2004-16 du 04 juin 2004 portant loi d’orientation agro-sylvo-pastorale.
Autant le vol de bétail est un sérieux problème en dépit de sa criminalisation, autant la gestion des parcours des troupeaux est un vrai souci causant une cohabitation tendue entre les pasteurs et les paysans. Régulièrement, une étincelle jaillit même si le baril de tensions n’explose pas, vu les relations entre les différentes parties, qui arrivent à surpasser ces différends. Alors, l’adoption d’un Code pastoral permettra de résoudre «à coup sûr, les problèmes fonciers et éviter ainsi les conflits liés à la divagation des troupeaux. Il permettra de gérer, d’arriver à un consensus sur la gestion des ressources naturelles, des pistes de transhumance et de la circulation pastorale des animaux. Cela aboutira à l’établissement des mécanismes de sécurisation comme le mentionne la Loi d’orientation sylvopastorale mise en place depuis 2004, par le renforcement de ses textes réglementaires».
Dans un contexte de changements climatiques et d’accaparement des terres par des multinationales et des privés fortunés, les zones de pâturage deviennent aussi «conflictogènes» comme le montre la multiplication des incidents dans la zone d’accueil des éleveurs. Ils sont nourris par le non-respect des réglementations nationales et régionales, les dégâts occasionnés aux champs et aux récoltes, l’exploitation pastorale des aires classées, les pertes d’animaux et la perte de biomasse à cause des feux de brousse.
Aujourd’hui, l’émergence d’une agriculture commerciale et familiale en zone périurbaine montre aussi l’importance de procéder à la modification de la loi n°2004-16 du 04 juin 2004 portant loi d’orientation agro-sylvo-pastorale. Dans son exposé des motifs, elle note clairement que le pâturage et le passage du bétail sont interdits dans les parc nationaux, dans les périmètres de reboisement ou de restauration, dans les parcelles de forêt en voie de régénération naturelle ou dans les zones repeuplées artificiellement, tant que la présence des animaux risque d’endommager les plantations ou les semis. L’abattage d’essences, protégées ou non, en vue de la nourriture du bétail, est interdit. Si le pastoralisme est reconnu comme constituant un mode de mise en valeur de l’espace rural et des ressources naturelles, ses activités doivent être exercées dans le respect de l’environnement et des autres activités agricoles, sylvicoles et rurales.
A l’image de plusieurs zones agro-sylvo-pastorales, le poumon économique de Diass vit au rythme des relations conflictuelles entre paysans et bergers, qui envahissent les périmètres champêtres avec leurs troupeaux. Une situation qui a provoqué la mort d’un jeune la semaine dernière. Après la mort de Abdou Faye du quartier Fouk dans le village de Kirène, tué par un berger, la riposte ne s’est fait attendre. Juste après le drame, un groupe d’individus s’est rendu dans le village de Thiambokh Peulh, qu’ils ont incendié. L’expédition punitive a été interrompue par l’intervention des gendarmes, mais la tension reste palpable dans la zone.
Le Quotidien (Sénégal)