L’arrivée des batteries sodium-ion pourrait donner du fil à retordre aux pays africains producteurs de lithium. Même si elles ne sont pas encore adaptées à certaines applications comme les smartphones et les ordinateurs portables, les batteries au sodium pourraient engendrer une réduction de la demande mondiale de lithium allant jusqu’à 37%, d’ici à 2035. Les batteries sodium-ion, qui commencent à être adoptées par de grands constructeurs automobiles pour produire des voitures électriques plus abordables, pourraient pousser les pays africains producteurs de lithium et les compagnies minières spécialisées à réduire leurs ambitions, selon un rapport publié le 28 juillet 2023 par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels de plusieurs secteurs. Intitulé « Alerte sur le marché du lithium : les premières batteries au sodium sont annoncées en Chine », le rapport rappelle que la première génération de batteries sodium-ion a été lancée en 2021 par l’entreprise chinoise CATL, qui compte parmi ses clients les géants automobiles Tesla, BMW ou Volkswagen. Mais les recherches ont beaucoup évolué en moins de deux ans, à telle enseigne que le premier cas d’utilisation de cette technologie est intervenu au quatrième trimestre 2023. CTAL a confirmé que le constructeur automobile chinois Chery est le premier à utiliser ses batteries au sodium dans son modèle de véhicules à énergie nouvelle (NEV).
L’intérêt croissant des constructeurs automobiles pour les batteries au sodium tient au fait que cette technologie alternative est moins onéreuse que le lithium. Une batterie au sodium coûte 20% moins cher par kilowattheure qu’une batterie au lithium. Cela s’expliquerait par le fait que le sodium est beaucoup moins cher que le lithium, car beaucoup plus abondant (dans les sels de roche et les saumures du monde entier) et mieux réparti sur le globe. La fabrication d’une batterie sodium-ion ne nécessite pas également de nickel ou encore de cobalt, comme c’est le cas dans les cellules de batteries lithium-ion. De plus, l’extraction du sodium est moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement que l’extraction du lithium. Ainsi, le remplacement du lithium par le sodium permettrait de réduire de 10% le coût d’un véhicule électrique.
Au regard de cette situation, l’on peut dire que l’espoir tant suscité par la découverte de ce minerais au Mali risque de ne pas être comblé. Les autorités et les populations devraient revoir leurs ambitions à la baisse par rapport à l’exploitation du lithium.
Cyrille Coulibaly
Source : Le Nouveau Réveil