Héritier, vous soupçonnez à l’occasion du décès d’un proche le détournement d’une partie ou de l’intégralité de la succession ? Le terme détournement d’héritage peut englober une multitude de situations et il convient de savoir différencier chacune d’entre elles pour mieux y remédier. On distingue en effet l’abus de faiblesse du recel successoral et de la captation d’héritage.
Faute d’arrangement à l’amiable avec son auteur, il est possible de chercher à récupérer sa part d’héritage par le biais d’une action en justice. L’héritier lésé peut en effet déposer plainte dans un commissariat, ou choisir de saisir directement le procureur de la République du tribunal judiciaire le plus proche. Si l’action publique n’est pas mise en mouvement par ce dernier, il reste possible de procéder à une citation directe au lieu où l’infraction a été commise ou au lieu de résidence du défendeur, ou encore de se constituer partie civile au tribunal judiciaire du domicile du demandeur.
Comment se défendre contre un recel successoral ?
Laissé sans définition dans le Code civil, le recel successoral peut être désigné comme “tout acte, comportement ou procédé volontaire par lequel un héritier tente de s’approprier une part supérieure sur la succession que celle à laquelle il a droit dans la succession du défunt et ainsi rompt l’égalité dans le partage successoral” (Cass. Civ. I, 15 avril 1890, 21 novembre 1955, 20 septembre 2006). Ainsi pour le qualifier, il est nécessaire de prouver qu’un bien qui aurait dû figurer à l’actif successoral a été dissimulé ou soustrait de ce dernier. Il peut s’agir d’une action, comme par exemple le fait de retirer de l’argent du compte bancaire du défunt, ou d’une omission comme celle de ne pas révéler l’existence d’un bien appartenant au défunt. Cet élément matériel doit être assorti d’un élément intentionnel, c’est-à-dire l’intention frauduleuse de rompre l’égalité successorale à son avantage.
Établir le recel successoral permet le cas échéant de récupérer tout revenu produit par les biens recelés depuis le jour de l’ouverture de la succession et de contraindre son auteur à accepter la succession, même dans l’hypothèse où elle serait déficitaire. Il est également possible d’obtenir le versement de dommage et intérêts de l’auteur de l’infraction à ses cohéritiers. Attention : il n’est pas toujours nécessaire de mener une action en justice pour obtenir la restitution des biens et la situation peut parfois se régler à l’amiable entre les héritiers. Le receleur peut également éviter les pénalités attachées à l’infraction dès lors qu’il fait preuve de repentir actif, et restitue spontanément les biens litigieux avant toute poursuite.
Tout héritier, légataire ou créancier peut agir contre le recel successoral. La première étape est de faire établir un inventaire de la succession par le notaire, afin de prouver plus facilement la disparition éventuelle d’un bien du patrimoine du défunt.
Source: l’Avocat chez vous