CONTEXTE
Malgré l’importance économique, alimentaire et médicinales du piment, son offre reste inférieure à la demande, particulièrement pendant la période d’avril à juillet. La culture du piment revêt de nombreuses contraintes qui en limitent les rendements et les superficies. Nous pouvons en citer celles qui ont une grande importance : La difficulté de gestion des ravageurs et des maladies ; La faible utilisation d’itinéraires techniques par les producteurs ; L’utilisation de variétés dégénérées due à l’auto production de semences. La non maitrise de l’eau ; La faible utilisation des moyens rudimentaires ; Manque d’intrants spécifiques aux piments ; Les besoins en appui sont donc réels. L’obtention de bons rendements du piment est conditionnée par le respect de l’itinéraire technique de la culture du piment. Le non-respect conduit le plus souvent à la dégradation des sols et à la baisse de la productivité.
OBJECTIF
L’objectif de cette fiche est d’aider les producteurs à respecter l’itinéraire technique de la culture du piment pour améliorer les rendements.
CONCEPTE DE BASE
Le piment est un herbacé vivace originaire d’Amérique centrale. Au bénin, les variétés cultivées dépassent 0,80 m de hauteur. Le port de la plante peut être érigé (dressé), semi-érigé ou parfois étalé. Le feuillage est fin et les fruits peuvent être de forme ronde, allongée ou conique et de taille variable de 1 à 12 cm de long. Les piments les plus cultivés au Bénin sont de type africain et ont la particularité d’être piquants et parfumés. Ces piments résistent au transport en frais à condition que les fruits soient sains (non attaqués par des ravageurs ou des maladies). Du piment doux est également cultivé, il ressemble au poivron et il est surtout utilisé pour remplacer la tomate pendant les périodes de pénuries de tomate dans la région Nord du Bénin. Certaines variétés sont davantage adaptées à la production en frais et d’autres à la transformation en sec. Les variétés adaptées à la production en frais sont celles à fruits ronds, parfumées et parfois très piquants à maturité par exemple Gbatakin et toutes ses variantes (Par exemple antillais). Les variétés adaptées à la transformation en sec sont celles à fruits petits à moyens (longueur : 3 à 6 cm et 1 cm environ) ; très piquants, riches en matière sèche, gardant bien la couleur rouge pendant et après le séchage, par exemple Pili-pili, Elisée, Glazoué, sunny F1, Démon F1 et le tchobo.
TECHNIQUES ET OUTILS D’APPLICATION
ETAPE 1 : PÉPINIÈRE
La pépinière en résumée Etape la plus délicates de la culture de piment : S’approvisionner en semences de qualité auprès des structures agrées ; Utiliser 15 à 20 g de semences pour une pépinière de 4m2 afin de répliquer un champ de 400 m2 (environ 1 kanti) ; Réaliser une pépinière à même le sol ou dans des bacs 4 sur pilotis ; Remuer profondément le sol tout en enlevant les objets solides, pour la pépinière à même le sol ; Fertiliser avant le semis avec 1 à 2 kg/m2 de fumure organique et / ou 30 à 50 g/m2 d’engrais NPK sur un sol pauvre ou sableux ; Traiter le sol avec un insecticide ; Semer en lignes espacées de 15 à 20 cm ; Faire et maintenir un paillage jusqu’à la levée pendant 5 à 8 jours après le semis ; Désherber à la main régulièrement et effectuer deux binages ; Arracher soigneusement les plantules pour le repiquage 21 à 35 jours après le semis
ETAPE 2 : PRÉPARATION DU SOL
Deux semaines avant la plantation, un labour de 20 à 30 cm de profondeur est effectué pour rendre le sol meuble et favoriser l’infiltration de l’eau. Ce labour peut se faire à la main ou avec des engins légers pour éviter le tassement du sol. Il est conseillé d’enfouir la fumure organique (bouses de vache bien décomposées, fientes de poulet, compost) au labour. Lorsque la parcelle est infestée de chiendent et decyperus, il est recommandé de la débarrasser régulièrement de ces mauvaises herbes et de les brûler après le sarclage.
L’enfouissement des matières végétales comme les fanes de niébé et d’arachide, les feuilles de palmier et les mauvais herbes, est aussi conseillé mais seulement à deux conditions: (1) Qu’il soit effectué deux semaines avant le repiquage, pour permettre la décomposition des plantes enterrés ; (2) Que la parcelle soit débarrassée de chiendent (Imperate cylindrica) et de cyperus, car leur enfouille[1]ment par le labour favorise leur multiplication.
ETAPE 3 : REPIQUAGE
Repiquer un après- midi; Arroser les plantules avant l’arrachage ; Matérialiser les poquets sur la parcelle à repiquer à l’aide de ficelles et de piquets ; Eviter les trous trop profonds (3 à 4 cm) ; Sélectionner des plantules vigoureuses et les arracher avec la motte de terre autour des racines) ; Bien tasser la terre autour des racines sans endommager le collet de la plantule ; Arroser si possible immédiatement après le repiquage
Les écartements dépendent du port de la plante qui peut être érigé ou semi- érigé pour les variétés cultivées au Bénin : – Pour les variétés semi- érigés de petite taille 80 cm entre les lignes x 50 cm sur la ligne soit 1.000 plants pour 1 kanti (25.000 Plants /ha) – Pour les variétés érigées, 50 cm entre les lignes x 40 cm sur une ligne soit 2.000 plants pour 1 kanti (50.000 plans /ha)
ETAPE 4 : FERTILISATION
Les besoins moyens d’une culture de piment sont de 100 kg/ ha de N (Azote), 140 kg/ ha de P2O5 (phosphore) et 140 kg/ ha de K2O (potassium). La fertilisation doit tenir compte des besoins de la plante, des réserves du sol et de la dose économiquement acceptable pour le producteur. Elle comprend une fumure de fond et une fumure d’entretien.
Sur une nouvelle friche ou sur un sol alluvionnaire (sol de décrue par exemple) riche en matière organique, les variétés locales (Adologbo, Tchombo, Elisée, etc.) n’ont pas besoin de fertilisants en premier cycle. Toutefois, par la suite et surtout sur les nouvelles friches, les cultures successives devront être fertilisées. Dans les zones où il n’y a pas assez d’eau (pluviométrie moins abondante, inexistence d’une source d’eau proche) nous pouvons recommander l’utilisation de l’engrais foliaire homologué (super gros, D.I. Gros).Etape 5 : Premiers entretiens Entretien de la culture : L’entretien de la culture consiste en des opérations de sarclo-buttage, d’irrigation, de protection phytosanitaire et de fertilisation Sarclo- buttage : Le sarclo-buttage comprend deux opérations simultanées : le sarclage, qui élimine les plantes adventices dans les lignes de semis et le buttage, qui permet d’accumuler de la terre au pied de la plante. En début de culture, juste après le premier apport de fumure d’entretien, le sarclo- buttage permet un bon développement de la plante car il freine la compétition avec les mauvaises herbes et favorise un meilleur enracinement de la plante pour une bonne nutrition minérale. Irrigation: L’irrigation doit être régulière car les racines de la plante se distribuent dans les 30 premiers centimètres du sol. L’irrigation et l’insuffisance des apports d’eau pendant la floraison et la fructification réduisent fortement les rendements. Paillage: Il consiste à couvrir le sol avec de la paille ou une autre matière pour maintenir le sol humide et ainsi économiser l’eau. Il permet aussi de lutter contre les mauvaises herbes. Le paillage est conseillé en période sèche et fraiche au Bénin surtout pendant l’harmattan.
ETAPE 6 : RÉCOLTE DU PIMENT
La récolte commence 2 à 3 mois après la plantation selon la variété. Elle dure 3 à 4 mois, voire plus. La fréquence de récolte dépend du rythme de la maturation des fruits qui peut varier de 4 à 7 jours. Les fruits incomplètement mûrs se récoltent avec leur pédoncule pour prolonger leur maturation.
Source : Rural 24