La question de la création d’un bureau d’appui de l’ONU à la Force conjointe du Groupe des cinq pays du Sahel (G5 Sahel), récemment proposée par le Secrétaire général, a été vivement débattue, vendredi, par le Conseil de sécurité, a annoncé dans un communiqué, l’ONU.
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix a déclaré, vendredi, devant le Conseil, réuni pour examiner l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel, que la situation dans la sous-région était restée « très volatile » et que la Force conjointe se trouve « à la croisée des chemins », avec un risque de perdre ses acquis.
Pour maintenir ces acquis, le Secrétaire général de l’ONU avait en octobre dernier proposé au Conseil la création d’un bureau d’appui de l’ONU financé au moyen de contributions mises en recouvrement pour un appui pérenne, prévisible et fiable à la Force conjointe.
Cette option défendue, vendredi, par Lacroix, « permettrait une appropriation régionale et le renforcement de la capacité de la Force conjointe à devenir autonome, grâce également à des mesures supplémentaires des États du G5 Sahel », a souligné l’ONU dans son communiqué.
Figurant parmi les membres du Conseil ayant d’ores et déjà appuyé le principe d’un bureau d’appui financé à partir de contributions obligatoires, « la France a plaidé pour un soutien prévisible et durable de la Force conjointe du G5 Sahel, tandis que le Mexique l’a conditionné à l’apport de garanties politiques par les pays concernés ».
Le Tchad, qui a décrit les efforts de réforme consentis par les pays du G5 Sahel, a vivement appuyé la mise en place d’un bureau d’appui de l’ONU auprès de la Force conjointe, « pour en finir avec le souci du financement et se focaliser entièrement sur sa mission fondamentale qui est de ramener la sécurité dans la région ».
Opposés à la proposition du Secrétaire général, le Royaume-Uni et les États-Unis ont estimé que l’ONU n’était pas un « véhicule approprié » pour fournir un soutien logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.
Le Royaume-Uni et les États-Unis ont jugé que le Force conjointe est une coalition de forces de sécurité mandatées pour mener des opérations antiterroristes, principalement à l’intérieur de leurs propres frontières.
Les divergences au sein du Conseil de sécurité ont permis aux terroristes d’étendre leur influence, a déploré l’Inde, qui a soutenu l’avis du Secrétaire général, estimant « si nous ne le faisons pas, nous risquons d’être confrontés à des problèmes sécuritaires plus importants dans les années à venir ».
Sans se prononcer définitivement sur le bureau d’appui, la Fédération de Russie a fait cependant part de sa disponibilité pour examiner attentivement les alternatives proposées, en soulignant que tout dépendra des sources de financement et des dépenses liées à une telle création.
En 2017 le SG de l’ONU avait recommandé pour la première fois de faciliter un financement plus prévisible des opérations de la force.
Jusqu’ici, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) fournit un soutien opérationnel et logistique au G5 Sahel, qui est ensuite remboursé par l’UE.
Créée il y a plus de trois ans, la Force G5 Sahel, formée de 5.000 militaires fournis par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, peine toujours à convaincre de son efficacité.