Les systèmes agricoles, halieutiques, aquacoles et alimentaires mondiaux présentent une diversité inouïe. Tandis que certaines régions, comme l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, possèdent des terres agricoles abondantes et sont aujourd’hui des exportateurs majeurs de produits agricoles, d’autres, telles que le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, sont relativement mal pourvues en superficies exploitables et en eau. De plus, beaucoup de produits agricoles ne croissent que sous certains climats ou dans certains sols. Certains pays en développement, comme la Chine et le Viet Nam, ont détrôné les économies avancées et sont désormais les principaux fournisseurs mondiaux de produits à base de poisson.
En conséquence, les échanges de produits agricoles, halieutiques, aquacoles et alimentaires n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. Une grande partie des aliments que nous mangeons chaque jour parvient jusqu’à nos supermarchés, nos restaurants, nos réfrigérateurs et nos assiettes grâces aux échanges. Les consommateurs savourent des fruits et des légumes frais hors saison et peuvent se procurer de la viande ou du poisson provenant de pays étrangers ou d’océans lointains.
Actuellement, un petit nombre de pays s’arrogent une grande partie des exportations de certains produits agricoles de base, leur production jouissant d’un net avantage comparatif. Par exemple, cinq pays représentent plus des deux tiers des exportations mondiales de blé et de viande bovine. En ce qui concerne le soja, la proportion dépasse 90 %. Même dans les cas où la part des cinq principaux exportateurs est plus modeste, il est fréquent qu’un seul pays occupe une place prépondérante : le Brésil représente 45 % des exportations mondiales de sucre, le Canada 54 % de celles d’oléagineux et la Thaïlande 56 % de celles de racines et tubercules. Et il en va de même de plusieurs produits laitiers.
Les importations agricoles sont dans l’ensemble moins concentrées que les exportations, car les échanges s’opèrent entre un petit groupe d’exportateurs et un grand nombre d’importateurs. Le soja et les autres oléagineux, les racines et tubercules, et les autres céréales secondaires constituent toutefois des exceptions notables, la demande de la Chine étant en l’occurrence prépondérante.
Parallèlement, à la faveur de la constitution de chaînes de valeur mondiales (CVM), nos économies sont de plus en plus interconnectées, différents pays du monde se partageant les étapes de la production des aliments que nous consommons et des vêtements que nous portons. Cela peut éventuellement offrir aux agriculteurs et aux pêcheurs la possibilité d’accéder indirectement aux marchés mondiaux en participant directement aux chaînes de valeur nationales, mais ne leur facilite pas toujours la tâche. La demande des consommateurs évolue elle aussi, ce qui met également à l’épreuve les producteurs primaires et les transformateurs et distributeurs de produits alimentaires, tout en créant néanmoins de nouvelles opportunités.
Depuis l’époque de Malthus, le système alimentaire mondial répond aux besoins d’une population mondiale en expansion et de plus en plus aisée. Mais les agriculteurs et les pêcheurs opèrent dans un monde en perpétuelle évolution et le rythme des changements s’accélère. Les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour faire en sorte que les politiques, les institutions et les infrastructures soient adéquates et créent des conditions propices permettant au secteur d’être de plus en plus productif, durable, résilient et réactif à la demande des consommateurs.