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Ghana : un accord avec le FMI qui ne résout pas la crise financièreTOURNANT. Cet accord de principe, qui doit encore être confirmé, propose un financement nécessaire mais insuffisant.Par Le Point Afrique
Mais nombre de Ghanéens craignent qu’avec cet accord le gouvernement ne soit forcé d’imposer de nouvelles mesures d’austérité qui accableraient un peu plus la population.
Publié le 16/12/2022 à 18:00
Sans un plan massif de l’institution financière, ç’aurait été la banqueroute et le Ghana n’aurait pas pu affronter les remboursements de son endettement faramineux. Après de longs mois de négociations, le gouvernement et le Fonds monétaire international ont trouvé un accord sur un prêt de 3 milliards de dollars de renflouement. L’annonce a été officialisée par le FMI, à l’heure où le pays fait face à une grave crise économique.
Éviter un défaut de paiement
Déjà accablé par une forte dette, le Ghana est confronté à une inflation historique de plus de 40 % et à l’effondrement du cours de sa monnaie – le cedi –, des difficultés économiques aggravées depuis l’invasion russe en Ukraine. « J’ai le plaisir d’annoncer que l’équipe du FMI est parvenue à un accord avec les autorités ghanéennes sur un programme triennal […] au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) d’un montant […] d’environ 3 milliards de dollars américains », a déclaré le chef de mission du FMI au Ghana, Stéphane Roudet. Le prêt « vise à rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette tout en jetant les bases d’une croissance plus forte et plus inclusive », a-t-il ajouté dans un communiqué. Cet accord doit maintenant être approuvé par le Conseil d’administration du FMI à Washington, a-t-il poursuivi. « Parallèlement aux efforts visant à réduire le déficit public, les autorités ont annoncé une opération globale de désendettement pour assurer la viabilité de la dette », a encore expliqué le FMI. « Nous saluons les politiques visant à assurer la viabilité des finances publiques, y compris l’ajustement budgétaire prévu et les politiques à moyen terme visant à jeter les bases d’une croissance forte et inclusive tout en protégeant les personnes vulnérables. »
La stabilité économique encore loin
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise économique et notamment pour avoir sollicité l’aide du FMI, lui qui avait autrefois promis un « Ghana sans aide ». Nombre de Ghanéens craignent qu’avec cet accord le gouvernement soit forcé d’imposer des mesures d’austérité qui accableraient un peu plus la population, déjà confrontée à l’explosion des prix. Le gouvernement a par exemple déjà augmenté la TVA de 2,5 % et gelé les embauches dans la fonction publique afin de réduire les coûts et d’augmenter les recettes intérieures.
Si l’accord avec le FMI est très controversé au Ghana, le pays a « vraiment besoin » d’un renflouement pour « assurer la stabilité et la crédibilité macroéconomiques », a commenté à l’AFP l’économiste ghanéen Daniel Anim Amarteye. Doté de réserves de pétrole et de gaz, le Ghana est un des principaux producteurs de cacao et d’or mais ses paiements de remboursement de la dette ont grimpé en flèche, la faute notamment à l’effondrement de 50 % du cours de sa monnaie par rapport au dollar. Le remboursement de la dette absorbe actuellement plus de la moitié des recettes publiques. Les principales agences de notation ont revu à la baisse leurs perspectives sur le Ghana, reflétant les inquiétudes du marché quant au risque de défaut de paiement de sa dette. La situation du pays inquiète les investisseurs et Accra est actuellement exclu des marchés financiers mondiaux.
Le gouvernement doit désormais entamer des pourparlers avec des prêteurs bilatéraux et des investisseurs étrangers, a déclaré ce mardi à la presse le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta.