
Suite à la publication de la (TRIBUNE D’UN CITOYEN MALIEN : POUR UNE SOUVERAINETE ECONOMIQUE EFFECTIVE SUR NOS RESSOURCES MINIERES), la rédaction de « Le Canal » vous présente la réaction d’un anonyme « À la lecture de votre tribune, M. le ministre, j’ai quelques observations et questions à vous poser avec tout le respect que je vous dois »
Que gagne réellement l’État malien de l’exploitation minière ?

Pourquoi aucune publication systématique des recettes minières par projet, par entreprise et par année ?
Quelles sont les parts exactes perçues par l’État dans la mine de Loulo-Gounkoto ? Pourquoi les chiffres globaux sont-ils si flous?
Pourquoi n’existe-t-il aucun tableau public de redistribution des recettes minières, malgré les obligations prévues dans le Code minier révisé ?
Pourquoi n’y a-t-il jamais eu d’audit indépendant publié sur les revenus miniers perçus et leur utilisation* ?
Où va l’argent destiné aux collectivités minières ?
Pourquoi aucune collectivité minière (Kéniéba, Yanfolila, Kayes…) ne publie les montants qu’elle reçoit au titre de la rente minière?
Pourquoi les mairies ne rendent-elles aucun compte public sur l’utilisation des 20 % prévus pour le développement local ?
Pourquoi les populations locales des zones minières vivent-elles toujours dans la misère, sans eau potable, sans routes, ni écoles dignes, malgré des milliards supposément transférés ?
Qui contrôle l’action de l’administration malienne dans ce domaine ?
Pourquoi n’existe-t-il aucune structure de contrôle citoyen ou parlementaire sur les contrats miniers ?
Pourquoi les rapports ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) du Mali sont-ils peu diffusés et parfois retardés ?
Pourquoi les anciens contrats miniers ne sont-ils pas rendus publics dans leur intégralité ?
Pourquoi le ministère des Mines ne met-il pas à disposition des citoyens les comptes-rendus d’audits ou de contrôles des entreprises minières ?
Pourquoi l’État malien n’a jamais proposé un mécanisme de suivi citoyen ?
Où sont les comités locaux de suivi de la gestion minière ? Pourquoi les populations n’ont-elles aucun droit de regard sur l’exploitation qui se fait sur leur sol ?
Pourquoi ne pas rendre obligatoire la consultation populaire avant la signature ou le renouvellement de tout contrat minier ?
Pourquoi ce manque de pédagogie sur les enjeux miniers?
Pourquoi aucun effort de vulgarisation n’est fait par les autorités pour expliquer aux citoyens ce que représentent les mines dans le budget national ?
Pourquoi l’État ne publie-t-il aucune brochure simple, claire et accessible sur la répartition des richesses minières?
Peut-on parler de souveraineté si le citoyen reste à l’écart?
Peut-on vraiment parler de souveraineté économique quand l’opacité domine ?
Peut-on revendiquer la justice dans les relations internationales sans instaurer la justice fiscale, sociale et territoriale en interne ?
Si le citoyen malien ne sait pas ce que l’État gagne, comment peut-il être convaincu que ce bras de fer avec Barrick est mené dans son intérêt et non pour d’autres motifs ?
Conclusion : Une souveraineté sans contrôle citoyen est un mirage
Oui, nous devons défendre notre souveraineté.
Oui, il faut mettre fin aux contrats injustes.
Mais une souveraineté qui n’inclut pas le citoyen, qui ne rend pas compte, qui cache les chiffres, qui néglige les communautés minières, n’est pas crédible.