Les élections générales devant marquer la fin de la transition au Mali, auront-elles lieu à bonne date ? On peut en douter. Car, chaque jour qui passe, les autorités intérimaires semblent préparer les esprits à toute éventualité.
En effet, à l’occasion de la réunion du Comité de pilotage du référendum, le ministre de l’Administration territoriale, a annoncé la couleur. « Le chronogramme est un document de planification (…) S’il y a des modifications ou des annonces à faire », ce sera au terme d’échanges avec les plus hautes autorités mais aussi avec l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).
Et ce n’est pas tout. Car, comme s’il tentait de convaincre les plus sceptiques, le porte-parole du gouvernement a égrené un chapelet de difficultés qui militent en faveur d’un report des élections dont la date, on s’en souvient, avait pourtant été validée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Ce sont, entre autres, les contraintes de temps, de sécurisation du territoire, et autres questions en cours de traitement comme l’utilisation de la carte d’identité biométrique ainsi que le vote des forces de sécurité et celui des déplacés. On voit donc venir Assimi Goïta et ses frères d’armes avec leurs grosses godasses.
Mais conscients qu’il sera difficile de faire avaler la pullule à la classe politique et à la société civile maliennes, ils font montre d’une prudence de sioux. Ils préparent l’opinion, espérant ainsi obtenir une adhésion populaire. C’est dire qu’à l’allure où vont les choses, le Mali n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise politique.
Assimi Goïta va-t-il se raviser en respectant le chronogramme de la transition ? Pas si sûr d’autant que la CEDEAO qui constituait un véritable épouvantail, est aujourd’hui affaiblie ; ses décisions ayant toujours fait l’objet de vives critiques de la part de l’opinion malienne et au-delà, quand elles ne font pas parfois l’objet de railleries. Cela dit, ce serait tout de même une grave erreur pour les autorités de la transition de croire qu’elle peut tout se permettre.
Comme le disait un historien burkinabé : « Vous avez pris sur vos épaules de très lourdes charges. Il ne suffit pas de prendre le pouvoir. Encore faut-il pouvoir l’assumer pleinement et bien au service du peuple qui n’a que trop souffert. Faites en sorte que le peuple vous soit reconnaissant comme un digne fils au terme de la transition », fin de citation.
Le Point