Depuis un certain temps, les groupes armés terroristes ont mis à exécution leur menace d’imposer le blocus sur la ville de Tombouctou. Le trafic est interrompu sur les principales routes d’approvisionnement, entraînant du coup une augmentation inattendue du prix des produits de grande consommation comme l’huile, les céréales, les carburants.
Les habitants de la ville des 333 Saints tentent de comprendre ce blocus sans y parvenir. Ce qui est sûr, depuis que la Minusma a rétrocédé son camp de Ber aux Forces armées maliennes (FAMa) il y a quelques jours, la situation sécuritaire s’est vite détériorée à Tombouctou et ses environs. Les groupes armés terroristes n’ayant pas pu empêcher les FAMa de prendre possession du camp de Ber se trouvant à 15 km de la ville de Tombouctou, après quelques accrochages meurtriers qui ont tourné à l’avantage de notre vaillante Armée, ont juré de se venger les populations locales. Ils ont ainsi bloqué les routes sur lesquelles transitent les marchandises à destination de Tombouctou.
Souvent, les véhicules sont vidés de leur chargement et les passagers dépouillés de leurs biens. Selon nos informations, les véhicules qui quittent Mopti pour Tombouctou sont bloqués à Douentza. À Mopti, Sékou Haïdara est le gérant de la place de Tombouctou. Il confirme que le transport est fortement perturbé en raison de la situation sécuritaire. «Un véhicule a quitté Mopti le 24 août, il a été intercepté par des hommes armés à 5 km du fleuve. Ils ont séquestré les passagers pendant deux jours avant de leur demander de rebrousser chemin», témoigne le transporteur qui interpelle les autorités pour un dénouement rapide de la crise.
Du côté de la route de Goundam, la situation est encore pire car plusieurs camions chargés de produits de consommation ont été contraints de vider leur contenu sur place. Rien ne doit entrer à Tombouctou, telles sont les instructions données par les chefs terroristes à leurs éléments. Les gros porteurs venant de l’Algérie et de la Mauritanie n’ont pas été vus à Tombouctou depuis plus de 2 semaines.
Le blocus imposé par les groupes terroristes a tout de suite impacté l’économie dans la ville des 333 Saints avec la flambée des produits de consommation. Par exemple, le prix d’un litre d’essence est passé de 800 à 1.200 Fcfa. Le litre d’huile qui était de 500 Fcfa est actuellement vendu à 1.100 Fcfa. Un camion citerne rempli d’essence qui a tenté de forcer le passage le 27 août dernier, a été brûlé par des hommes armés non identités près de l’entrée de la ville de Tombouctou.
Plusieurs habitants s’inquiètent de l’augmentation des produits de consommation. Certains craignent même une pénurie de certains produits dans les jours à venir si rien n’est fait. En plus de bloquer les principales voies d’approvisionnement, les groupes armés terroristes continuent de harceler les FAMa et les populations. En effet, le 26 août vers 17 heures, la ville de Tombouctou a été la cible de deux obus. Le 1er est tombé en plein centre-ville et le second aux alentours du marché Yobou-Tawo, bénissant trois civils et un militaire de passage.
Face à la situation, les autorités tentent de rassurer les populations. Le gouverneur de la Région de Tombouctou, le commissaire-divisionnaire Bakoun Kanté, celui de la Région de Taoudéni, le général Abderrahmane Ould Meydou et le commandant de la Zone militaire de Tombouctou, Mamadou S. Koné, ont demandé aux commerçants de maintenir les prix de leurs marchandises en attendant les nouveaux arrivages dans les prochains jours. Ils ont également demandé aux populations de ne pas céder à la panique.
Avec ces agissements criminels, les groupes terroristes et leurs alliés indépendantistes montrent leur vrai visage. Ceux qui prétendent se battre pour les populations, n’hésitent pas à organiser des blocus pour tenter de leur rendre la vie infernale. Les rencontres entre certains groupes signataires de l’Accord et les terroristes sont désormais au grand jour. Une situation qu’ils avaient jusqu’ici réussi à dissimuler avec la complicité des forces étrangères.
La tentative d’asphyxier la capitale de la 6ème région est une entreprise criminelle à laquelle il faudra mettre un terme le plus rapidement. Les autorités en sont conscientes. Elles agiront certainement en conséquence.
Moulaye SAYAH
Amap Tombouctou
Source : L’essor