Dans une déclaration poignante, M. Diby N Keita s’interroge sur le devenir du pays.
Sommes-nous en train de nous diriger vers une demie décennie de transition en République du Mali ? ce serait une grande première dans l’histoire des démocraties avortées. Citer jadis comme pionnier et meilleur élève de la démocratie en Afrique Subsaharienne après le vent de la Baule des années 1990, le Mali est en train de devenir un navire sans gouvernail au regard des 06 ou 07 dernières années.
Victime collatérale du printemps arabe qui a eu raison sur Mouammar Kadhafi, la stabilité du Mali s’est vue ébranlée par l’invasion d’une coalition d’acteurs au profil et aux motivations divers et variés : des narcotrafiquants en passant par des islamistes fondamentalistes sans oublier les mouvements sécessionnistes du nord Mali. On nous avait parlé l’époque d’alliance de circonstance !
Face à ce cocktail d’évènements, les différents pouvoirs centraux qui géraient le pays ont lamentablement échoué à redresser le gouvernail du navire. A cela s’en est suivi la perte de contrôle sur les 2/3 du territoire. Cette perte de contrôle ayant entrainé des massacres et exactions de tout genre sans oublier les dérives du dernier pouvoir démocratiquement élu ont poussé l’armée à s’auto inviter dans le débat politique à 3 repises en 10 ans par des coups d’Etat successifs (mars 2012, août 2020, Assimi II).
Cette déliquescence pourrait s’expliquer par des facteurs endogènes et exogènes.
Facteurs exogènes :
La signature par le Mali de la reconnaissance des minorités à la convention de Rio en 1993 à servit de prétexte à certaines communautés des 7e et 8e anciennes régions du Mali de se faire appeler les peuples bleus pour tenter de légitimer leur velléité sécessionniste afin de procéder à la mise en place d’un Etat de Azawad.
L’implication de certaines ONG comme l’Eglise Norvégienne en est une illustration. Cette ONG voyait dans ce scenario une répétition quasi similaire de l’histoire de la Norvège. L’esprit de l’Azawad résulte aussi des spectres du contenu de la conférence d’Evian en 1961 qui avait pour non-dit la création d’un Etat du Sahara (esprit de désordre entretenu par la France).
Le narco trafique qui est un fléau mondial est également favorisé dans cette partie du pays compte tenu de son immensité et de l’incapacité de notre Etat central à entretenir cette partie du territoire. La lutte pour le contrôle de cet axe de trafic est aussi une raison exogène de déstabilisation.
Facteurs Endogènes :
- L’inexistence quasi-permanente d’une quelconque autorité de l’Etat depuis une dizaine d’année à tous les niveaux ;
- Le système éducatif entier du pays vacille entre tentatives irréfléchies de réforme et échec collective des acteurs de l’école à offrir à l’enfant malien ce que le pays leur a offert gratuitement à tous ;
- La justice du pays se jouant dans une arène Romaine ou c’est le plus fort qui a le dernier mot et fait la loi ;
- La classe politique du pays faisant allégeance à des guides religieux afin d’en faire un raccourci, réduisant ainsi la noble tâche de conquête du pouvoir sur base d’un projet de société à un opportunisme qui a fini par tuer les parties politiques en république du Mali.
- Les religieux confondant droits et devoirs et se croit désormais tout permis.
- Une société civile qui doit son existence et son espérance de vie qu’à la distribution de strapontins d’opportunités (argent et postes) ;
- Des élèves et étudiants manipulés jadis s’érigent en maitres chanteurs qui n’ont que des droits oubliant que leur sacerdoce s’appelle devoir.
- Les courtisans du régime animent le tissu économique à son plus haut niveau.
- L’existence quasi absolue de perspective pour les jeunes du pays etc. sont des éléments endogènes qui font du Mali un navire au gouvernail défectueux.
Notre récital ne peut être un justificatif des coups d’Etat à répétition. Un coup d’Etat est la mise en place d’un régime d’exception qui en aucun cas ne devrait s’éterniser.
Alors dans le cas du Mali que se passe-t-il ? Où sont passés ces brillants intellectuels ?
Où sont ces grands savants en politique qui jadis battaient le pavé pour un oui et un non ?
On oubliait :
Les margouillats de la politique malienne chancelants autour de tous les ‘’troncs d’arbre à pouvoir’’ à la recherche d’odeur de consensus ou de gouvernement d’union n’ont plus voix au chapitre et son incapable de se prononcer sur l’état de la nation. Chacun ayant servi dans un gouvernement ou l’autre, craint surtout de se voir interpellé pour sa gestion de la chose publique (aujourd’hui il n’y a plus de prescription). Plus personne n’ose donner son opinion car ayant peur de se retrouver en prison. Toute une armoirie d’intellectuels et de politiques soumis au musellement par défaut.
Cette triste réalité est entretenue par le jacassement de quelques développeurs de contenus vidéos sans ambition réelle pour leur pays et n’ayant aucune notion de l’ÉTAT. Face à cet état de fait, le peuple malien est abandonné à son triste sort sans visibilité aucune sur son avenir et le mutisme ahurissant des intellectuels s’apparente désormais à une complicité passive du très probablement chavirement du navire Mali.
Le point culminant de tout ce parfum nauséabond se trouve être le clairon du populisme soufflé par une catégorie de demi lettrés voir d’analphabètes qui se sont érigés en politologue du jour au lendemain tentant de vendre du virtuel creux à toute une nation sous un prétexte fallacieux de SOUVERAINETÉ.
1- Quel est le sort qui s’abat sur le Mali ?
2- Les gouvernés ont-ils désormais le choix sur leur destinée ?
3- Les gouvernants ont-ils une volonté réelle de transparence vis-à-vis de leur peuple ?
4- Les gouvernants ont il la lucidité d’accepter leurs limites ?
5- La classe politique aura-t-elle l’honnêteté de faire son autocritique en vue d’une possible renaissance ?
6- La société civile fera-t-elle son mea-culpa face à ses citoyens en exprimant son échec ?
7- La classe religieuse du Mali acceptera-t-elle de faire son mea-culpa face pour avoir joué le rôle qui ne devrait pas être le sien ?
Le peuple malien se trouve entre le marteau et l’enclume !
A nos gouvernant de cette transition de comprendre qu’il vaille mieux faire la différence entre SUBIR et être RESILIENT.
J’en appelle à la sagesse de nos gouvernants, je les invite à bien vouloir regarder dans le rétroviseur du Mali afin d’assumer leur rôle tout en gardant à l’esprit que l’histoire rétablie toujours la vérité des faits. Sortez des faux fuyants et proposer quelque chose de concret et de cohérent au peuple malien.
Le Mali, notre plus beau cadeau !
M. Diby N Keita