Voilà une affaire qui a pété ces dernières semaines au bureau des Douanes de Kati et que l’on tente vaille que vaille d’étouffer dans l’œuf.
C’est peut-être le premier vrai scandale financier de ce début d’année et dont la bombe risque d’éclater la figure du tout nouveau patron des Douanes du Mali, l’Inspecteur Général Amadou Konaté.
Il s’agit, en effet, de la mystérieuse disparition d’une grosse somme d’argent entre le bureau des Douanes de Kati, le trésor ? De sources bien introduites, on parle d’environ 3 à 5 milliards de FCFA ? Plus aucune trace de ce pactole qui devrait normalement être viré sur les comptes du trésor public, mais qui malheureusement aurait pris une destination inconnue.
De quoi s’agit-il ?
Voilà une question qui a tout sens si l’on veut comprendre la mafia qui se cache derrière cette embellie que l’on tente de faire croire à l’opinion. Pour ce faire, on n’hésite pas à coup de campagne médiatique, de vanter au quotidien par ci, par là, les mérites du service des Douanes du Mali pour l’atteinte de ses objectifs en termes de recettes. Chose qui est de bonne guère. Sauf qu’ici, l’arbre semble cacher la forêt tant les malversations et détournements sont légions dans ce maillon ô combien important des services d’assiette de l’Etat. Et Dieu sait combien de milliards de FCFA sont perdus chaque année par l’Etat en raison des pratiques frauduleuses érigées en mode de gestion. Et, disons-le tout de suite, cela ne date pas d’aujourd’hui. Mais, l’on a cru avec l’avènement d’une nouvelle ère (transition militaire) avec son nouveau slogan, Mali Kura (le Mali nouveau), suivie de la nomination de l’Inspecteur Général, Amadou Konaté, que les choses allaient peut-être changer. Mais, rien! C’est la même pourriture du sommet jusqu’au planton. On se la coule douce au fil du temps sur le dos du contribuable malien dans les services des Douanes du Mali. C’est le cas au bureau des Douanes de Kati.
En effet, l’éclatement ces dernières semaines de cette sulfureuse affaire de ‘’détournement’’ d’environ 3 à 5 milliards de FCFA en dit long sur la mafia qui y sévit. Cet argent, selon nos sources, proviendrait d’un ‘’réseau parallèle’’ de dédouanement, crée depuis maintenant plusieurs années par des responsables douaniers en complicité avec certains barons des Douanes ? Cela à travers un ‘’logiciel parallèle’’ de dédouanement conçu pour la circonstance? Des chèques et de la liquidité seraient ainsi encaissés pour une destination inconnue. Des sources parlent d’un compte fictif sur lequel serait reversé ses sous encaissés frauduleusement. Vrai ou faux ! Dans tous les cas, les regards sont à présent tournés vers les nommés Bady Maiga et Awa Traoré (respectivement patron des sections Recherche et du Trésor) que l’on soupçonne d’être les têtes de proue de ce gigantesque réseau ? Deux hauts responsables du Bureau des Douanes de Kati. Le premier, notamment le sieur Bady Maiga, un ‘’protégé’’ de la famille présidentielle d’alors et proche du Général Diawara (ex patron de la sécurité d’Etat), nous dit-on, aurait été interpellé dans cette scabreuse affaire qui n’a pas encore livré tout ses secrets. Ce dernier qui avait disparu des radars depuis la découverte du pot aux roses aurait commencé à faire des révélations. Aux dernières nouvelles, il serait en train de reverser au trésor public des sous indument perçus à cet effet. Quant à la patronne de la section du Trésor au bureau de Kati, elle aurait été relevée il y a quelques jours seulement.
Depuis, les langues commencent davantage à se délier. Et ce qui intrigue le plus, c’est le mutisme du patron des Douanes dans cette affaire. Lui, qui, pourtant, avait été prompt à pondre un communiqué, il y a quelques jours, pour démentir l’information selon laquelle la Douane du Mali appliquait des droits et taxes illégaux en ce qui concerne les véhicules automobiles. Que faut-il alors comprendre de cette attitude ? Est-il aussi mouillé dans cette affaire ? L’on ne saurait le dire. Toutefois, l’homme, selon nos sources, tenterait d’étouffer cette sale affaire qui ne l’honore pas. D’ailleurs nos tentatives de le joindre pour recouper l’information sont restées vaines. Il n’a pas non plus daigné répondre au message écrit que nous lui avons envoyé sur la question. Idem pour le chef de bureau des Douanes de Kati, Issiaka Tanou. Le Directeur Régional des Douanes de Koulikoro (d’où relève d’ailleurs le bureau de Kati), Oumar Coulibaly , que nous avons voulu aussi rencontrer, le 18 janvier dernier, toujours sur la même affaire, nous a fait part, dans un premier temps, de son indisponibilité à nous recevoir sous prétexte qu’il ‘’venait de commencer une vidéo conférence’’ avant de nous envoyer le message suivant : ‘’Par rapport à cela veuillez plutôt vous adresser à la Direction générale pour tenir compte du fait que je suis un porteur d’uniforme et que la discrétion professionnelle s’impose à moi par le code de la conduite et de la déontologie de l’Administration des Douanes. Merci pour la compréhension.’’ Comme quoi, cette rocambolesque affaire cache encore des mystères.
Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions sur de nouvelles révélations qui risquent d’éclabousser le D.G, l’Inspecteur Général Amadou Konaté.
Le Point