Secoué par une crise multidimensionnelle aiguë et affligé par des sanctions économiques et financières à lui infligées par l’organisation régionale, suite à une tergiversation interminable sur le délai de la transition, le Mali n’est pas au bout de ses peines. En cause : la grave menace sur la campagne agricole, causée par un incroyable et inexplicable manque d’engrais en ce moment de l’année. Un lourd péril qui n’est pas de nature à calmer une situation déjà insoutenable si les mesures urgentes ne sont pas envisagées entre temps.
Pays agricole de premier ordre, pour respecter la réputation de cette terre de culture, les signaux pour la campagne qui commence ne sont pas pour autant au beau fixe, à en croire les informations concordantes qui nous parviennent des milieux concernés, généralement plus alertes sur les difficultés de parcours. Selon ces sources, la campagne agricole à venir risque d’être dangereusement compromise. Et cela, à cause d’un retard inexpliqué de commande d’engrais par les autorités compétentes, en ce tournant crucial de l’année, où la marge d’erreur n’est pas admise. Cela, on le sait, de milieux avertis, pouvant occasionner l’indisponibilité criarde de l’engrais dans les zones de culture. Notamment dans les zones Cmdt, fortement dépendantes de cette précieuse substance.
En fait, rien ne sort de la magie dans ce domaine. Et pour cause, dans ce pays, l’on passe habituellement la commande des engrais vers le troisième trimestre de l’année, précédant la nouvelle campagne. Mais, pour ce coup-ci, indique-t-on, à cause de la crise qui a ébranlé la toute puissante Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton, la commande des engrais n’a pu se faire à temps opportun. C’est finalement, nous a-t-on précisé, l’administrateur judiciaire qui a passé la commande des engrais, coïncidant avec la flambée des prix des intrants et la crise russo-ukrainienne, avec son lot des coûts non maîtrisés, en a fait le reste.
Résultat catastrophique ? Estimés à plus de 108 tonnes pour le coton, pour un coût total de 66,9 milliards de FCFA, il y a moins de 10% des besoins en engrais qui sont disponibles. Selon les informations recueillies, aucune zone à ce jour n’a reçu de l’engrais à suffisance. Les plus chanceuses ont reçu la moitié de leur besoin habituel, indiquent les mêmes sources. Cela est aussi valable pour le complexe céréalier qui exprime un besoin de 58 300 tonnes pour un coût total de 35,8 milliards de FCFA.
Quant à l’urée, indispensable pour la production, le Mali avait passé une commande de 94 300 tonnes. Mais, à la date du 13 mai 2022, elle demeurait introuvable dans plusieurs zones de culture de coton. Dans certains villages, la situation devient un mystère, car ils n’ont pas encore reçu un seul sac d’urée. C’est notamment le cas dans plusieurs contrées dans la commune de Massigui, cercle de Dioïla, un des fiefs du coton dans le pays.
En termes de prévision, et pour rassurer les cotonculteurs, il nous est revenu que l’administrateur judiciaire, Souleymane Fomba, a rencontré les secrétaires généraux des Société coopératives des producteurs de coton (Scpc)du cercle de Dioïla. C’était le jeudi 12 mai, où il a effectivement reconnu les difficultés d’approvisionnement des paysans en engrais.
A la rencontre des secrétaires généraux des Sociétés coopératives des producteurs de coton (Scpc) de Dioïla, on apprend que l’administrateur judiciaire Souleymane Fomba a tenté de minimiser le manque d’engrais. Pour ce faire, dans un jeu de diversion, il a voulu masquer l’indisponibilité de l’engrais en invitant les paysans à réduire les superficies prévisionnelles pour le coton. Afin de privilégier les cultures vivrières pour, dit-t-il, faire face à la famine qui menace le pays. Une sortie hasardeuse de l’administrateur judiciaire qui n’a pas manqué du reste d’intriguer les acteurs du coton qui auront tout de suite compris que ce message de sensibilisation pouvait être crédible s’il avait été distillé au moment où la crise de l’engrais ne se posait pas.
Source: Mali actu