
NON À LA CHUTE DE LA TRANSITION !
Dans un communiqué que nous publions dans notre présente édition, l’Association Malienne d’Appui à la Promotion de la Justice (AMAPJ) écrit : « Pour éviter les troubles à l’ordre public, le Gouvernement de la Transition a pris ce jour, mercredi, 07 mai 2025, une décision hautement responsable en suspendant les activités politiques sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure salutaire est prise à moins de 48 heures d’une manifestation populaire projetée par les partis politiques au monument de l’indépendance le vendredi, 09 mai, dont les risques de débordement n’auraient pas manqué de causer de nombreux drames ». Et d’inviter conséquemment « toutes les Maliennes et tous les Maliens à faire bloc derrière les autorités de la Transition dans leur lutte hardie contre les partis politiques et assimilés » car « L’heure de se porter sur les remparts a sonné ». Vaste soulagement auquel il convient d’ajouter un bon point que tout esprit dépouillé d’entente avec l’ennemi ne manquera pas de décerner aux autorités de la Transition. Il est en effet évident que les Maliens ne sont pas si amnésiques au point d’oublier en si peu de temps, cinq ans, que les politiciens professionnels ont failli faire disparaître le Mali. Ce crime impardonnable et imprescriptible ne peut jamais être passé par pertes et profits, la complainte du Capitaine Sékou Traoré dit BAD devant les élèves-maîtres d’Aguel Hoc en 2012, quelques instants avant l’atroce trépas qu’il a subi avec ses compagnons d’armes, vaut réquisitoire éternel : « Allez dire partout que nous avons manqué de munitions, de nourriture, d’armes, mais que nous n’avons jamais manqué de combativité ». Faut-il en plus rappeler les douloureuses et inguérissables blessures subies par le Commandant Mamadou Keïta et d’autres, et fermer les yeux sur nos soldats morts jetés dans des fosses communes, nos populations civiles violentées et séquestrées, nos localités brûlées, avec des champs, des récoltes, des greniers et du cheptel incendiés ? Qu’est-ce qui nous a valu ce cataclysme ? Capitaine Sékou Touré a répondu, condamnant du coup aux flammes de l’enfer la classe politique qui s’agite à reprendre le Mali sous leur coupe assassine, et aussi une certaine hiérarchie politique demeurée le bras armé impie de la gouvernance nuisible, apatride et mécréante. Des félons politiques alliés des félons galonnés, les uns et les autres se disputant le symbole âne de l’indignité nationale. Il n’est pas question d’applaudir la Transition en cours, avec ses fautes, ses incohérences, ses énormités mêmes, mais il ne saurait être question d’aider les nuisibles d’hier de provoquer sa chute ou de créer les conditions incontournables de lui imposer le traditionnel partage de gâteau, morbide alliance qui a toujours permis aux prédateurs incorrigibles de se mettre au coude à coude pour saigner la patrie, au nom des principes de nos violeurs officiant hors de notre continent, et quels gardiens de leurs forfaits !
S’il n’y a pas eu la mesure de suspension des activités des partis politiques et assimilés du 05 mai 2025, ce qui serait arrivé, c’est, plus le remake de mars 1991, la réédition (copiée) de la lutte du M5-RFP, en se massant autour du monument de l’indépendance, pour la défense d’hypothétiques libertés individuelles et collectives, de la pagaille, comme l’aurait dit De Gaulle. C’est ragaillardis par leur sortie du samedi, 03 mai, que les organisateurs de cet assaut échoué ont pris du poil de la bête en osant de vouloir se glisser dans la peau du M5-RFP pour occuper ce vendredi la mythique place du monument de l’indépendance. Mais quelque chose d’important est à signaler à l’opinion publique. En effet, malgré le nombre relativement significatif des manifestants du samedi, 03 mai, il n’y a pas eu de morts comme en 1991 ; c’est parce que parce nos forces de sécurité ont fait prévue d’un professionnalisme salutaire. Autrement, ceux qui sont tapis derrière la nouvelle génération d’insurgés ne se seraient pas privés de recours aux nervis, en réalité des mercenaires qui auraient tiré sur le fous, les mendiants et les badeaux, comme en 1991. Ce qui nous amène à un tel raisonnement, ce n’est pas du cynisme, mais c’est parce que depuis bientôt 40 ans, nous restons avec un constat : aucun des dirigeants des événements de 1991 (qu’ils soient élèves, étudiants et hommes politiques) n’a rien subi, de même les membres de leurs familles. La seule victime connue est Ramatoulaye Dembélé, qui fut fauchée par 13 éclats d’une grenade à fragmentations qui n’existait pas dans les réserves des FAMa, selon le témoignage de feu le général Mamadou Coulibaly, qui était ministre de la Défense à l’époque. Grenade donc jetée sur la foule par des mercenaires ? Il importe de poser la question suivante aux acteurs du mars 1991 : qui, parmi vous, n’était pas du tout en contact avec les agents français (autorités supérieures, diplomates, officiers spécialisés en déstabilisation, qu’il lève la main ? En attendant que les généraux, inspirés par quelle muse, on se demande, arrêtent la ruse contreproductive de poser du spradrap sur une jambe de bois pour renouer avec les vrais patriotes, médecins qualifiés pour soigner la patrie, la chronique aura des éléments pour l’opinion publique.
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National n° 689 du vendredi, 09 mai 2025.