Interpellé sur le chantier de la lutte contre la corruption, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le magistrat Mamadou Kassogué, invité de l’émission « Question d’actualité’’ sur l’ORTM, a fait le point des dossiers traités par la justice. Sur ce chapitre, le bilan de la justice sur les périodes 2018 à 2021 se chiffre à 1 462 dossiers de corruption ouverts pour 690 dossiers déjà clôturés et transmis.
Le Ministre de la justice s’est livré à un entretien bilan sur les antennes de l’ORTM. La croisade contre la corruption a été enclenchée par les autorités en 2018. De cette date à 2021, le Garde des Sceaux explique que 1 462 dossiers de scandales financiers ont été ouverts, relatifs à la mauvaise gestion des ressources publiques. Ces dossiers de corruption, déclare Mamadou Kassogué, portent sur un montant de plus de 126milliards, 119 millions FCFA. Le Ministre de la Justice indique que sur ces dossiers ouverts, « 690 ont déjàété clôturés et transmis par la justice, 295 dossiers ont été totalement jugés ». Les montants mis en cause sont de l’ordre de 126 milliards FCFA, poursuit le ministre Mamadou Kassogué. Au titre de remboursement, selon lui, la justice aurait déjà versé au niveau du trésor publicplus de 4,2 milliards FCFA et 15 milliards FCFA au titre de caution dont plus 1,5 milliards FCFA remboursés au trésor rien que lors des assises de décembre 2021.
S’agissant des condamnations qui ont été prononcées et dont le montant n’a pas encore été recouvré, elles se chiffrent à environ 86,8 milliards FCFA, selon les mots du ministre de la Justice. Le ministre a mis à profit cette occasion pour donner des gages par rapport au recouvrement des dizaines de milliards volatilisésauprès des personnes condamnées. C’est ainsi qu’il a réaffirmé la détermination de la Direction Générale du Contentieux de l’Etat à recouvrer ces montants incriminés.
« En matière d’atteinte aux biens publics, la médiation pénale est interdite. C’est pour dire lorsqu’il y a remboursement, le condamné peut voir sa peine atténuée mais l’action publique ne tombe pas », a expliqué le ministre de la justice lors de cette sortie médiatique.
Ces dernières années, la justice malienne a ouvert une croisade contre la mauvaise gestion des ressources publiques. Cette opération de la lutte contre la corruption a permis à la justice d’enquêter sur un millier de dossiers. Parmi ces dossiers de scandales corruptions, l’on retient les affaires dites « de l’achat de l’aéronef présidentiel et l’acquisition des équipements militaires » et « des avions de combats cloués au sol ». Rien que dans les enquêtes menées par la justice sur ces deux dossiers, des proches de l’ancien et défunt Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, et plusieurs de ses collaborateurs et anciens ministres ont été inquiétés et d’autres se sont vus placés en détention préventive et des mandats d’arrêts lancés contre certains.
D’autres dossiers, tels que le scandale de détournements des « ristournes des producteurs de coton », l’affaire des ‘’éclairage publics à Bamako’’, le détournement des fonds alloués au conseil régionale de Kayes et des scandales liés à la spéculation foncière ont défrayé la chronique. L’ouverture de ces dossiers a conduit à l’arrestation d’anciens ministres, des Directeurs généraux, des maires, des financiers et comptables, des officiers de l’armée. Malgré l’ouverture de ces dossiers, la justice reste pointée du doigt par de nombreuses personnes et les associations de droits de l’homme. Et pour cause, plusieurs dossiers de corruption ouverts peinent à connaître une évolution conséquente, au point que des centaines de personnes placées en détention préventive attendent des mois voire une année sans qu’elles soient fixées sur leur sort par un procès équitable. Cette lenteur dans le traitement des dossiers de présumés détournements de fonds publics est souvent décriée par les maliens lambdas qui réclament plus de célérité.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net