Les rites et traditions
Le mariage traditionnel au Mandé et l’indispensable rôle des furu nyalo
Ce rite très ancien dans les sociétés traditionnelles est toujours rythmé par les va et vient des cadeaux de mariage qui est nécessaire à la formation du « dyo » ou pacte qui unit les deux familles. Si le père de l’épouse acceptait la dot en un seul versement, ce serait un acte grossier et comme s’il vendait sa fille comme une esclave.
les deux parties fixent après le dantikèli( prendre à témoin) la date du départ de la jeune épouse chez son futur époux, cette discussion était assortie de part et d’autre, d’un florilège de proverbes évoquant la vitalité des alliances, la nécessité d’être fideles pour les époux : « Nous nous sommes souvent réunis pour boire ensemble une décoction d’écorce de cailcedrat. »Une allusion aux difficultés vécues en commun, le cailcédrat donnant une infusion très amère.. « Mieux vaut dire dix fois la même parole que dix fois toutes les paroles. ». « l’homme est comme l’eau, quand on s’y mire, on y voit son image, quand on la boit on trouve à la fin des impuretés » « On dit que la femme ne doit pas être battue, c’est faux, pour que le fer soit droit, il faut le battre. » « Nous vous donnons cette enfant pour que vous la placiez entre votre chair et votre peau. »
Avant son départ, la mariée reçoit sa corbeille de mariage : pagnes, calebasses, mortiers à mil et à mais, cuvettes en email, savon. L’ensemble de la parenté participe à la constitution de cette corbeille. Le pagne blanc Kun biri fini dyè, symbole de virginité et de pureté dans lequel la mariée s’enveloppe lui est remis par sa mère. Konyo est un terme qui désigne l’acte de mariage proprement dit : la fête nuptiale, la nuit de noces, l’accouplement, alors que furu exprime l’acte social, le contrat, les prestations, le jeu de dons et contre-dons procédant du mariage après, les premiers rapports, il apparait que la mariée n’était pas vierge, elle sera rouée de coups renvoyée chez le furu nyalo du fiancé à qui elle devra dénoncer son amant qui risque fort d’être chassé du village ou tout au moins sévèrement réprimandé. A noter que l’importance des démarches du mariage est telle que l’intervention des furu nyalo n’est pas seulement nécessaire, lorsque les époux appartiennent à des villages différents. Elle est indispensable même à l’intérieur d’un même village.
B.CAMARA, Journaliste, Chercheur