Comment le coton malien sera-t-il impacté par les sanctions économiques et financières décidées dimanche par la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à l’égard du Mali ? A priori, de plein fouet…
Rappelons que dimanche la Cedeao a étendu aux domaines économiques et financiers ses sanctions qui étaient jusqu’alors que politiques à l’égard du Mali. En effet, la Cedeao « juge totalement inacceptable le chronogramme proposé pour la transition. Ce chronogramme signifie simplement qu’un gouvernement militaire illégitime tiendra le peuple malien en otage durant les cinq prochaines années. »
Ces sanctions supplémentaires portent, entre autres, sur « la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de la Cedeao et le Mali, à l’exception des produits alimentaires de grande consommation ; des produits pharmaceutiques ; des matériels et équipements médicaux y compris ceux pour la lutte contre la Covid 19 ; des produits pétroliers et de l’électricité ».
En 2020/21, le Mali était le deuxième producteur ouest-africain de coton avec 1,4 million de balles de 480 lb derrière 1,5 million pour le Bénin, selon les chiffres du Département américain de l’Agriculture (lire nos informations : La production de coton en Afrique de l’Ouest approche les sommets en 2021/22). Le Mali a fait un bond fantastique l’année dernière après une année de boycott, ses superficies cotonnières atteignant 795 000 hectares (ha), soit une hausse de 382% sur la campagne précédente lorsque seulement 165 000 ha avaient été emblavés (lire : Retour du coton au Mali avec une hausse de 382% des superficies cultivées).
Face à ces volumes et aux enjeux majeurs pour la région, on peut douter que le coton malien reste longtemps sous sanction.
« Je pense que le coton va être sorti des sanctions car la plus grande part est chargée d’Abidjan et de San Pedro et j’imagine mal la Côte d’Ivoire se passer de cette manne », souligne un trader interrogé par CommodAfrica. « Il y a près de 300 000 tonnes (t) à exporter. A défaut, le Mali et le monde paysan sont à genoux. »
« Des miettes partent de Lomé sinon presque tout part de Côte d’Ivoire. Pour le moment, cela ne se ressent pas car il y a des quantités déjà évacuées dans les ports et la crise du fret aidant, tout est ralenti… » Et le trader de conclure : « Je ne pense pas que ces sanctions tiennent très longtemps car la main de la France est évidente et la cohésion de la Cedeao va se fracturer. »