
L’information est tombée comme un coup de tonnerre : le Général Abdoulaye Maïga, directeur national de l’Administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, a été placé sous mandat de dépôt. À l’heure où j’écris ces lignes, aucun détail officiel n’a encore été communiqué sur les raisons exactes de cette incarcération. Un silence troublant, qui laisse libre cours aux spéculations.
Pourtant, le Général Maïga n’est pas un inconnu du grand public. Juriste de formation, il est détenteur d’un DEA en droit pénal et d’un DESS en science pénitentiaire obtenu à l’Université Panthéon Paris II. Il a gravi les échelons de l’administration pénitentiaire malienne avec rigueur, passant notamment par le poste sensible de régisseur de la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako-Coura. Ses actions en faveur de l’amélioration des conditions de détention lui avaient valu une certaine estime dans le secteur.
Mais son parcours n’a pas été sans remous. En 2014, à la suite d’une évasion spectaculaire de détenus, il avait été relevé de ses fonctions, alors même qu’il avait, bien avant le drame, alerté sa hiérarchie sur les failles sécuritaires du centre. Manque de personnel, équipements obsolètes, absence de moyens : autant de signaux ignorés, qui s’étaient soldés par une crise.
Depuis sa nomination à la tête de l’administration pénitentiaire, Maïga semblait pourtant avoir repris la main. Il a participé aux travaux d’élaboration de la politique nationale en matière carcérale, adoptée récemment, et portée sur la modernisation du secteur et la réinsertion des détenus.
Alors, que s’est-il passé ? Pourquoi cet homme, au parcours connu et suivi, est-il aujourd’hui derrière les barreaux ? Est-ce une affaire de gestion interne ? Une faille dans le système qu’il a contribué à réformer ? Ou tout autre chose ?
Dans un contexte où les institutions se veulent plus transparentes et rigoureuses, il est crucial que la lumière soit faite rapidement. Non seulement pour comprendre, mais aussi pour garantir que justice soit rendue dans la plus grande impartialité.
Je continue à creuser cette affaire. Une chose est sûre : cette arrestation n’est pas anodine. Elle pourrait bien être le révélateur de tensions profondes au sein de notre système pénitentiaire.
Par Oura KANTÉ
Source: Malikunafoni