Dans un entretien accordé hier à L’Essor, le ministre du Développement rural explique les raisons de la mise à disposition tardive ou de la non mise à disposition de l’engrais subventionné dans la zone hors système coton (offices, agences, DRA, projets/programmes). Modibo Keïta a par ailleurs tenu à assurer que la problématique liée à la subvention qui ne représente que 15% des besoins en engrais minéraux des exploitants agricoles ne saurait compromettre la campagne. Il estime que notre pays pourrait atteindre ses objectifs alimentaires si la pluie continuait jusqu’à la fin du mois de septembre.
Affichant un optimiste mesuré, le ministre du Développement rural précise que le montant total de la subvention hors zone CMDT est estimé à 17 milliards de Fcfa en 2022. Sur ce montant, 60% sont prévus pour l’achat d’engrais organiques et 40% pour les engrais minéraux. «Ces 40% représentent 15% des besoins en engrais minéraux des
exploitants agricoles et les 85% sont à leur charge», insiste notre interlocuteur. Il s’empresse de préciser que les 17 milliards sont une programmation budgétaire (et non de l’argent liquide). En réalité, les fournisseurs d’engrais seront payés dans un an.
Avec les fournisseurs, l’État s’est mis d’accord sur des prix repères. L’Urée, coûte 33.750 Fcfa le sac de 50 kg cette année. L’État prend en charge 21.250 Fcfa soit 63% contre soit 37% représentant 12.500 Fcfa/sac pour le producteur. Comparé à 2021, l’État paye 15.500 Fcfa de plus par sac de 50 kg.
Quant au DAP, la part de l’État est de 29.875 Fcfa/sac de 50 kg soit 71% contre 12.500 Fcfa/sac de 50 kg pour le producteur soit 29%. Comparé à 2021, l’État paye 21.125 Fcfa de plus par sac de 50 kg. Concernant le NPK, l’État prend en charge 20.000 Fcfa/sac de 50 kg soit 62% contre 12.500 Fcfa/sac de 50 kg pour le producteur soit 38%. Comparé à 2021, l’État paye 11.200 Fcfa de plus par sac de 50 kg.
Le ministre du Développement rural souligne que ces préalables définis, l’avis de manifestation d’intérêt a été publié le 14 janvier 2022 dans le journal L’Essor en vue de répertorier 46 opérateurs économiques. Le marché a été passé dans les règles de l’art, assure-t-il, reconnaissant que ces prix n’ont pas été du goût des fournisseurs traditionnels. Ceux-ci ont, selon lui, posé des exigences : « apurer les arriérés de subvention au titre des campagnes agricoles de 2019, 2020 et 2021 ; payer au comptant la subvention 2022 sans cautions techniques ce qui n’est pas conforme au manuel de gestion de la subvention ; le prix du sac de 50 kg fixé à au moins 55.000 Fcfa».
Face à ces exigences, soutient notre interlocuteur, le département a été contraint de collaborer avec les acteurs qui ont manifesté un intérêt à accompagner l’État malgré les contraintes que le pays traverse. Ces derniers ont été, selon lui, confrontés à un problème d’accompagnement au niveau des banques, les empêchant ainsi de pouvoir honorer intégralement leur engagement. D’où les difficultés constatées dans la mise à disposition de l’engrais subventionné qui est de deux sacs de 50 kg par hectare.
Pour prévenir une telle situation à l’avenir, le ministre Keïta trouve nécessaire de libéraliser la fourniture d’intrants agricoles pour éviter les effets néfastes de ce qu’il appelle «un oligopole (monopole par un groupe de personnes) qui contrôle le marché». Le patron du département en charge de l’Agriculture propose également de procéder à une réforme de la subvention en la liant à la production et non aux intrants. Cette méthode, selon lui, offre des garanties de transparence, nécessaire à une agriculture performance et qui nourrit son homme».
Point des placements par fournisseur
Toguna Agro Industries : sur une quantité totale de 1.841 tonnes d’engrais minéraux attribuée, 1.942 tonnes ont été mis en places soit 105%. Cependant le fournisseur a constitué plus de stocks dans certains bassins de production (ORM 166%) pour se désengager dans d’autres (DRA de Nioro et Nara 0%) ;
Société Mohamed Alhousseni Maiga : Sur une quantité totale 328 tonnes attribuées, elle a constitué 146 tonnes, soit 45% ;
Société Mali Sènè Jigui : sur une quantité totale de 160 tonnes attribuées, elle a constitué 160 tonnes soit 100% des stocks ;
Société DPA SA : sur une quantité totale de 2.725 tonnes, elle a constitué 162 tonnes soit 6% ;
SGFS : sur une quantité totale de 1.494 tonnes, elle a constitué 321 tonnes, soit 21% ;
Planete distribution : Sur une quantité totale de 6.360 tonnes attribuées, elle a constitué 1.794 tonnes, soit 28% ;
Sewa Agro business : sur une quantité totale de 489 tonnes, elle a constitué 285 tonnes soit 58% ;
Global Commerce : sur une quantité totale de 700 tonnes, elle a constitué 300 tonnes 43% ;
GIB Sarl : sur une quantité totale de 2.576 tonnes, 679 tonnes ont été constituées soit 26% ;
FAD services : sur une quantité total 15 tonnes attribuées, le fournisseur a constitué 15 tonnes, soit 100% ;
Ely KO2 : sur une quantité totale de 2.000 tonnes, elle a constitué 1.425 tonnes soit 71% ;
Société Salah Touré : sur une quantité totale de 647 tonnes, elle a constitué 250 tonnes soit 39% ;
Société Houloulou : sur une quantité totale de 694 tonnes, elle a constitué 340 tonnes soit 49% ;
Société Gnoumani SA : sur une quantité totale de 3.472 tonnes, elle a constitué 3.000 tonnes soit 46%.