
Le quatrième anniversaire de la rectification de la trajectoire de la Transition a revêtu ce 24 mai 2025 les couleurs de l’épiphonème, au grand étonnement de beaucoup. L’évènement n’a en effet pas été une joyeuse fête qui a donné d’évidentes raisons de croire à un avenir meilleur. Les jours précédents ont même été ponctués d’explosions de violences qui ont ciblé les engins déployés sur les chantiers d’infrastructures majeures pour le désenclavement et ceux utilisés dans l’extraction des ressources du sous-sol, des mines d’or en particulier. À ces équipées macabres se sont ajoutés des assauts épistolaires de ceux-là qui souhaitent la chute de la Transition et qui s’y emploient désormais, de plus en plus, avec l’énergie du désespoir. Une telle prolifération de regains de tensions n’augure pas de jours paisibles et il faut s’interroger avec sincérité. Jamais, dans notre pays, une transition n’est jamais si vite passée du bénéfice de la résilience de l’écrasante majorité des citoyens à la perte vertigineuse de leur confiance. C’est parce que les attentes les plus fortes ont tardé à se faire jour qu’une phase d’exaspération s’installe avec une radicalité hier insoupçonnée. Au même moment, ceux qui ont cru aux slogans souverainistes constatent avec amertume que la gouvernance est en train de prendre, inexorablement, le chemin inverse qui est celui du riche mendiant tendant sa sébile aux institutions de Breton Woods, instruments d’asservissement des puissances occidentales, dont l’AND est impérialiste, et aux monarchies arabes du Golfe. Quant aux tares du passé récent qui ont joué plus d’un mauvais tour au pays (la corruption, le clientélisme, le népotisme, l’enrichissement illicite de ceux qui sont assures de l’impunité totale en raison de leur proximité avec des principes surgis, etc.), elles croissent sur des terreaux fertiles au vu et au su de tout le monde. Des exemples emblématiques existent. Au nom de quelle morale peut-on justifier la passation d’un marché de plus de deux milliards de francs CFA, par entente directe, à une société dénommée CMD (Compagnie Malienne de Distribution et Divers) pour fourniture de masques à l’occasion d’une élection présidentielle qui n’était point programmée ? Une société qui, du reste, a été créée depuis quand ? Au nom de quelle vertu offre-t-on 6,269 milliards à une société récemment née (Case Construction) pour achat de groupes électrogènes pour une solution fantomatique au problème de l’électricité qui est toujours comme un serpent de mer ? Pour quelle raison orthodoxe une société dénommée SIMO Technologies surgit du néant pour se voir attribuer un marché de 09 milliards à travers l’AGEFAU alors que la direction de cette entreprise est au cœur d’une rocambolesque qui l’a vu aménager dans un nouveau siège en violation des procédures en la matière, après avoir fait publier un avis d’appel d’offres dans L’Essor (le quotient national) pour un marché déjà totalement exécuté ? La liste n’est pas exhaustive. La République doit être égale et égalitaire pour l’ensemble des citoyens. Tout ne doit pas être permis à certains au visage de Jupiter et tout ne pas non plus être possible contre d’autres parce qu’ils n’ont que les cornes du Taureau. Il y a des faits intrigants en cours, qui méritent l’attention particulière des autorités pour des corrections rapides. Parmi ces choses inadmissibles, comme chez l’AGEFAU hier, l’INPS se signale dramatiquement. Le SMIG au Mali est de 40 000 FCFA, mais à l’INPS, il est de 150.000 FCFA. La nouvelle Direction à l’ACI est maintenant un bâtiment de 05 niveaux dont chacun est facturé à 05 milliards. Calcul facile pour connaître combien chaque niveau a coûté. Avec quelles ressources le siège a été construit. Ce qui est connu de tous, les ressources de l’INPS sont constituées de cotisations et de contributions des employeurs, elles ne lui appartiennent donc pas. Elle doit normalement utiliser un pourcentage des revenus encaissés pour son fonctionnement. Ce pourcentage devrait être fixé par des textes pour éviter les abus actuels. C’est un problème moral. Selon le Doyen Harouna Niang, ancien ministre qui n’a cessé d’alerter sur le problème, “Si l’INPS et la Caisse de retraite sont gérées, elles peuvent mieux contribuer au développement du pays. C’est une source de financement importante de notre économie qui n’est pas bien exploitée”. Pour l’heure, les pensions des pauvres retraités sont plombées depuis cinq ans. On ne doit pas l’ignorer.
Amadou N’Fa Diallo
Source : Journal Le National n° 694 du lundi, 26 mai 2025.