La 16e édition de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP 16) s’est achevée sans que les parties ne parviennent à se mettre d’accord sur une stratégie visant à mobiliser des fonds supplémentaires en faveur de la conservation de la nature. Avec un nombre record de délégués (environ 23 000), un segment de haut niveau auquel ont participé six chefs d’État, plus de 130 ministres et ministres délégués et plus de 70 hauts représentants d’organisations internationales, la conférence, qui s’est déroulée du 21 octobre au 2 novembre 2024 à Cali en Colombie, visait à faire la Paix avec la nature.
Les pays signataires n’ont toutefois pas réussi à se mettre d’accord sur un nouvel instrument de financement unique, le « Fonds Cali », en faveur d’un partage juste et équitable des bénéfices de l’utilisation de l’information de séquençage numérique. Les entreprises qui bénéficient du séquençage des ressources génétiques vont devoir partager une partie des profits ainsi obtenus avec les pays d’origine de la biodiversité.
En outre, après huit ans de négociations, une étape majeure a été franchie dans la description scientifique des aires marines d’intérêt écologique ou biologique. À l’avenir, une procédure améliorée et plus efficace sera créée pour identifier les zones marines importantes du point de vue biologique qui doivent être placées sous protection.
Renforcement de la participation des peuples autochtones
La conférence a adopté un programme de travail qui prévoit qu’à l’avenir, les savoirs traditionnels des peuples autochtones et des communautés locales seront mieux pris en compte pour lutter contre les crises de la biodiversité et du climat. Un comité permanent a, en outre, été créé pour renforcer la participation des peuples autochtones et des communautés locales qui représentent entre 300 et 500 millions de personnes dans le monde et environ 50 % de la population des régions possédant le plus de biodiversité.
Protection des forêts tropicales primaires
À l’occasion d’un événement parallèle, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le secrétariat du Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF), Wild Heritage et l’université australienne Griffith ont lancé le projet de taille moyenne, financé par le FEM, intitulé Améliorer la conservation des forêts primaires grâce à des partenariats renforcés et à un appui coordonné (Strengthening Conservation of Primary Forests through Partnership Enhancement and Coordination of Support) et ont évoqué l’importance cruciale de protéger et de conserver les forêts primaires, particulièrement dans les pays tropicaux riches en biodiversité. Ce projet a pour objectif de prévenir les pertes de forêts primaires tropicales dans le monde en renforçant leur protection et leur conservation et de contribuer ainsi à atténuer le changement climatique, à prévenir les pertes de biodiversité et la dégradation des terres et à améliorer les moyens de subsistance des communautés qui en dépendent.
Financement européen en faveur de la conservation de la biodiversité mondiale
En marge de la conférence, l’Union européenne a annoncé une contribution de 12 millions d’euros pour appuyer les efforts de conservation de la biodiversité mondiale menés par l’initiative de financement de la diversité biologique (BIOFIN) du Programme des Nations Unies pour le développement. Ces fonds viendront soutenir l’implication des peuples autochtones et des communautés locales dans le développement de marchés de crédit pour la biodiversité, l’amélioration de la base de données des ressources financières pour la biodiversité (FIRE) et le financement durable des aires marines protégées.
Depuis 2018, BIOFIN est parvenu à catalyser plus d’un milliard de dollars US en faveur du financement de la nature dans 41 pays et travaille actuellement avec 91 autres pays pour soutenir des plans de financement de la biodiversité qui devraient générer de nouveaux investissements dans la nature tout en réduisant les dépenses qui dégradent la biodiversité.
Nouveaux engagements en faveur du fonds du Cadre mondial pour la biodiversité
Lors de la conférence, huit gouvernements se sont engagés à abonder le fonds du Cadre mondial pour la biodiversité à hauteur de 163 millions d’USD, offrant ainsi un nouvel appui ciblé aux pays et aux communautés qui s’efforcent de conserver, de restaurer et de garantir la santé à long terme des écosystèmes et des espèces sauvages. Les pays concernés sont l’Autriche, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Royaume-Uni et le Québec. Le gouvernement du Québec est le premier gouvernement sous-national à apporter une contribution au fonds du Cadre mondial pour la biodiversité.
Créé à la demande des parties à la Convention sur la biologie de diversité biologique lors de la COP15, ce fonds a été lancé moins d’un an plus tard. Il dispose de procédures rationalisées permettant d’apporter un soutien efficace aux pays en développement et peut recevoir des contributions de toutes origines, notamment d’organisations publiques, privées ou philanthropiques.
Source: Rural 21