
La Fédération des Associations des Bénéficiaires et Demandeurs des Logements Sociaux au Mali (FDAL-MALI) joue un rôle clé dans la défense des intérêts des habitants des logements sociaux et des demandeurs. Son président, Bourama Guimbala Siby, revient dans une interview exclusive accordée ce samedi 8 février 2025 sur le bilan des activités menées en 2024, les défis rencontrés et les perspectives pour 2025. Il met notamment en garde contre l’occupation illégale des sites réservés aux logements sociaux et appelle à une intervention urgente de la justice pour préserver le programme.
Bilan des activités de la FDAL-MALI en 2024
M. Siby : Le bilan est positif. Nous avons mené des activités de sensibilisation pour encourager le paiement régulier des loyers mensuels des logements sociaux. Nous avons également organisé des actions pour sensibiliser davantage la population à l’assainissement de l’espace que nous avons hérité des plus hautes autorités.
Quand je parle de cet espace, je fais référence aux logements sociaux qui constituent un patrimoine de l’État. Tout citoyen ayant eu la chance d’en bénéficier, que ce soit en tant qu’habitant ou attributaire, doit se réjouir et accompagner le processus. Cela passe par l’entretien du cadre de vie et le paiement régulier des cotisations.
Nous avons aussi mené des actions pour les logements inachevés ainsi que pour la protection des sites réservés à la réalisation des logements sociaux. Malheureusement, ces sites sont aujourd’hui envahis par des constructions anarchiques.
Quelles sont les difficultés auxquelles l’association est confrontée ?
M. Siby : L’association rencontre de nombreuses difficultés. Nous avons traversé des périodes de tensions et de doutes. À certains moments, nous nous sommes même demandé si l’association pouvait continuer à exister en raison des nombreux blocages à tous les niveaux.
Le premier obstacle vient des habitants eux-mêmes. Nous venons tous d’horizons différents et n’avons pas les mêmes comportements ni les mêmes conceptions des choses. Beaucoup ignorent que ces logements sociaux doivent être protégés et entretenus, qu’ils doivent être payés à l’État. Ce paiement est essentiel pour rembourser l’investissement de l’État et permettre à d’autres citoyens d’en bénéficier après nous.
Malheureusement, le paiement pose souvent problème. En tant qu’association, nous jouons un rôle d’interface entre les bénéficiaires et l’État. L’Office malien de l’habitat (OMH) est le propriétaire de ces logements, tandis que nous sommes les habitants et, par extension, leurs représentants. Lorsqu’il y a des difficultés, nous intervenons auprès de l’OMH pour trouver des solutions.
Les textes sont clairs : tout retard de paiement entraîne des sanctions. Mais dans le contexte actuel du pays, les autorités hésitent à appliquer ces sanctions. Nous ne sommes pas dans un bras de fer avec elles, mais nous plaidons pour qu’elles nous accordent un délai suffisant afin de nous mettre à jour. Cette situation de retard de paiement est une difficulté récurrente que nous vivons au quotidien.
Vos relations avec les partenaires (OMH et le ministère)
M. Siby : Nos relations sont parfois bonnes, parfois tendues. Nous ne pouvons pas être en conflit avec l’OMH, car nous habitons dans leurs logements. Il serait insensé d’occuper un bien et de refuser de collaborer avec son propriétaire.
Cependant, l’OMH a aussi un devoir moral envers nous. Parfois, il y a des manquements, et nous faisons en sorte de les rappeler à l’ordre pour améliorer la communication et la collaboration. Dans l’ensemble, nos relations restent amicales.
Les perspectives de la FDAL-MALI pour 2025
M. Siby : En tant que fédération des associations, nous sollicitons davantage l’accompagnement des plus hautes autorités pour assurer la continuité du programme des logements sociaux.
Nous souhaitons que les autorités actuelles, qui œuvrent pour améliorer les conditions de vie des Maliens, s’investissent pleinement dans la poursuite du programme.
Récemment, il y a eu une cession directe des logements sociaux. Beaucoup ont cru que cette démarche marquait la fin de l’attribution classique. Or, nous ne partageons pas cette vision. Après cette cession directe, nous souhaitons que l’OMH et le gouvernement relancent un autre programme d’attribution classique.
À un moment donné, il a été nécessaire de trouver des fonds pour renflouer les caisses et sauver le programme. Une fois cet objectif atteint, la cession directe ne devrait plus être prioritaire. Nous espérons que l’OMH, en collaboration avec ses bailleurs et partenaires, envisagera sérieusement la reprise de l’attribution classique. C’est aussi ce que souhaitent les Maliens.
Que faut-il faire pour pérenniser le programme des logements sociaux ?
M. Siby : Pour garantir la pérennité du programme, il est impératif de libérer les sites dédiés à la réalisation des logements sociaux.
Malheureusement, au Mali, certains citoyens excellent dans la manipulation et le mensonge. Les sites réservés aux logements sociaux sont en grande partie occupés par des constructions anarchiques. Ces pratiques ne font honneur à personne et doivent cesser immédiatement.
L’implication de la justice est indispensable. Sans une intervention ferme de la justice, le désordre continuera et les Maliens sans foi continueront à s’accaparer illégalement ces terrains. Nous, habitants des logements sociaux, constatons chaque jour des occupations illicites, de jour comme de nuit.
Si cette situation perdure, le programme des logements sociaux est voué à l’échec. Les autorités doivent impérativement agir pour stopper ce désordre.
Avez-vous autre chose à ajouter ?
M. Siby : Nous tenons à remercier les autorités compétentes pour leurs efforts. Nous les encourageons à continuer à s’investir dans le programme des logements sociaux, car c’est tout le Mali qui attend ces logements.
Nous souhaitons que l’attribution classique reprenne et que l’OMH, avec ses partenaires, œuvre pour que la voix des demandeurs soit entendue par les plus hautes autorités. Cela permettra de garantir la continuité et la réussite du programme.
Entretien réalisé par B D
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