
Éditorial : BIEN LIRE DIOURA, BOULKESSI, DIAFARABÉ, TOMBOUCTOU
« Dioura la martyrisée ! Dioura la torturée ! Dioura l’agressée ! Dioura la violentée ! Dioura la surprise ! Que non ! Que ça ne soit plus le cas ! Que nous ne soyons plus surpris nulle part ! Messieurs les chefs militaires, je vous y engage instamment en le nom de la patrie. Nous en sommes en guerre. Aucune négligence ne saurait plus être tolérée. En tout cas, je ne la tolèrerai pas. Pour la vie de nos enfants, pour la vie de la patrie, chacun doit savoir, en quelque lieu où il se trouve, que nous sommes sous des regards qui ne sont pas des regards amicaux ; que nos moindres fautes, nos moindres failles, seront exploitées… » Ainsi s’adressait Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République, aux chefs militaires après l’attaque du camp de Dioura en mars 2019, qui avait causé la mort de plus de vingt de nos vaillants soldats. Six ans après cette cruelle forfaiture, voilà encore Dioura continuer à porter sa croix, avec l’attaque terroriste que la localité a subie le 23 mai dernier. Cette date, elle-même, rappelle tristement le 23 mai 2006, quand des rebelles intégrés, il y a 19 ans, parce qu’ils étaient ceux qui détenaient les clés de tous les magasins d’armes et de munitions (explications officielles) ont infligé de lourdes pertes à l’armée nationale dans différentes garnisons du nord du pays, pour créer « l’Alliance du 23 mai » aux conséquences douloureuses. Mais puisqu’il s’agit encore de Dioura, le décompte donne au moins cinq assauts meurtriers qui doivent être analysés minutieusement par la docte hiérarchie militaire. Car c’est, une semaine après Dioura, que les terroristes ont jeté leur dévolu sur Boulkessi le 1er juin, vaste et stratégique camp militaire qui n’essuyait pas non plus pour la première fois la furie des tueurs formés et financés par des parrains et sponsors désormais bien connus. Les attaques ont été quasiment simultanées, visant aussi, avant, Diafarabé et, après, Tombouctou, afin de déborder les FAMa sur leur flanc. Le coup porté à Boulkessi a beaucoup plus retenu l’attention nationale. Des criminels habillés comme des bergers, à bord des motos vieillies, ont réussi à saccager le camp militaire et faire des prisonniers, de jeunes militaires qu’ils ont ligotés avec des bandes d’étoffe, en les faisant marcher ou en les transportant sur leurs engins. Dans ce comportement, il y a de grandes leçons. En violation de toutes les conventions internationales et les lois de la guerre, ces images obscènes ont été montrée partout. Les médias occidentaux en ont particulièrement fait leurs choux gras, eux qui ne feront jamais pareil avec des soldats européens ou américains dans pareille situation. Les assaillants, qui parlaient tous la même langue en jubilant, n’ont pas été avares en propos méprisants. A supposer que nos soldats avaient eu le dessus sur eux, des médias prépositionnés et des citoyens rémunérés pour dénigrer l’armée nationale, auraient vite crié au génocide contre une ethnie ; des images des criminels alors tués auraient même été sorties de leur contexte, par la magie de l’IA (Intelligence Artificielle) pour les exhiber comme les cadavres de locuteurs d’une langue spécifique, que l’armée malienne serait allée massacrer dans leurs villages, avec leurs troupeaux. Autre leçon importante : les assaillants n’ont pas montré aucun élément supposé être de Wagner, ce qui dément la présence des troupes combattantes de Wagner qui passeraient leur temps à égorger des Maliens. Il y avait des militaires blancs de par leur peau, des Touaregs et des Arabes, adeptes incorrigibles de la patrie avec ses diversités ethniques, linguistiques et autres, cette patrie millénaire qui s’appelle Mali. Tels sont quelques éclairages qui doivent inciter tous les Maliens à ne pas se laisser démoraliser. La guerre qui nous est imposée, durera-t-elle des siècles, n’est pas à perdre. L’ennemi ne renoncera jamais parce qu’il ne convoite que les richesses de notre sous-sol et parce qu’il considère nos terres comme des propriétés privées, de droit divin, qui lui ont échappé et qu’il doit récupérer coûte que coûte, quitte à engager le processus de la recolonisation. Ne dormons pas, lisons bien ce qui s’est passé à Boulkessi, Dioura, Diafarabé, Tombouctou : un maillon d’un vaste plan, d’une conspiration résolue. L’ennemi est toujours dans l’air, sur la terre, parmi nous, chez les voisins, et certainement plus loin.
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National n° 697 du jeudi, 05 juin 2025.