L’Indice d’accès aux semences en Afrique TASAI en abrégé́ a publié ce mardi 7 juin 2021 les conclusions de son étude nationale pour le Mali dont la première étude a été menée en 2018 qui portait sur le maïs, le riz, le sorgho et le niébé, quatre cultures les plus importantes pour la sécurité alimentaire au Mali sous la haute présidence du Ministre du Développement Rurale M Modibo KEITA . Cet atelier est aussi organisé́ en étroite collaboration avec la Direction Nationale de l’Agriculture.
TASAI est une initiative de recherche sur l’industrie semencière visant à encourager les gouvernements africains et d’autres acteurs de l’industrie semencière à créer et à maintenir des environnements propices permettant d’accélérer le développement
d’un système semencier dynamique dirigé par le secteur privé. Les recherches de TASAI fournissent au secteur semencier vingt indicateurs, regroupés en cinq catégories – recherche et développement, compétitivité́ de l’industrie semencière, politiques et règlementations, soutien institutionnel et services aux petits agriculteurs.
Le gouvernement du Mali reconnait le rôle essentiel d’un système semencier dynamique dans le développement de notre secteur agricole. L’agriculture est l’épine dorsale de l’économie malienne. Environ 57% de la population active travaille dans l’agriculture et en tire une source de revenus. En outre, l’agriculture contribue pour environ 42 % du PIB global. Pour le Plan National d’Investissement dans le Secteur Agricole (PNISA), le secteur rural est le moteur de l’économie malienne.
Dans son discours d’ouverture le Ministre Modibo Keita dira que nous ne pouvons réaliser cette vision pour l’agriculture que si nous disposons d’un secteur semencier dynamique et efficace. Les données pour toute l’Afrique montrent clairement que les pays dotés de systèmes semenciers solides enregistrent également de bonnes performances en matière de production agricole. Par exemple, l’Égypte a un système semencier très solide. Selon les statistiques de la FAO, le rendement moyen du maïs en Égypte est d’environ 7,6 tonnes par hectare. C’est trois fois le rendement moyen du maïs au Mali, qui est d’environ 2,7 tonnes par hectare. La performance actuelle du système semencier au Mali est encore faible, et il dispose d’une grande marge d’amélioration, ce que démontre l’étude TASAI. LABOSEM a certifié 1 382 tonnes de semences de maïs en 2020/21. Ce chiffre est nettement inférieur au volume de semences de maïs produites la même année dans les autres pays de la CEDEAO. Les producteurs de semences du Burkina Faso ont ainsi produit 6 865 tonnes de semences de maïs en 2019, soit cinq fois le volume produit au Mali. Les producteurs de semences au Ghana ont quant à eux produit 10 831 tonnes de semences de maïs en 2019, soit huit fois le volume produit au Mali. Ceci alors que le Mali est un pays beaucoup plus grand que le Burkina Faso ou le Ghana.
Les pays qui disposent de systèmes semenciers solides ont également des taux élevés d’utilisation d’intrants améliorés par les petits agriculteurs. Par exemple, au Mali, l’utilisation de semences certifiées varie selon les cultures – d’environ 1 % pour les semences d’arachide à environ 15 % pour les semences de maïs.
En résumé de la conclusion des études menés par TASAI , il ressort que le système formel des semences au Mali est au début de sa phase de croissance (Ariga et al. 2019). La phase de croissance se caractérise entre autres par une certaine sélection d’origine, une homologation des variétés formalisée, des instruments politiques incomplets, quelques petites entreprises semencières et un réseau de vendeurs d’intrants agricoles réduit. Le rapport pays TASAI sur le Mali révèle de nombreux développements positifs dans le secteur semencier, dont la plupart résultent de progrès récents et de programmes mis en œuvre par le gouvernement. Par ailleurs, l’étude identifie également des enjeux pouvant limiter la croissance. Dans la catégorie recherche et développement, l’environnement de la recherche et du développement s’est amélioré́ au Mali avec l’augmentation du nombre de sélectionneurs qui est passé de 9 en 2018 à 16 en 2021. Toutefois, seul un des 16 sélectionneurs travaille dans le secteur privé, ce qui indique que la participation des acteurs du secteur privé dans la recherche et le développement est faible. La plupart des variétés homologuées sont dotées de caractéristiques spécifiques, ce qui montre la réactivité́ des programmes de sélection en réponse aux besoins des exploitations agricoles et de l’industrie. Une lacune réside dans le fait que l’IER reste la principale source des semences de base ; la diversification de la liste des sources améliorerait l’accès des producteurs semenciers aux semences de base. Dans la catégorie compétitivité́ du secteur, les 74 producteurs semenciers interrogés ont vendu 63 variétés au total en 2020. Toutefois, la plupart des variétés sur le marché́ sont anciennes. Par exemple, la variété́ de maïs Sotubaka a 25 ans, Adny11, une variété́ de riz, et CSM 63 E (jakunbè), une variété́ de sorgho, ont toutes les deux 33 ans. Tandis que le nombre de producteurs semenciers de maïs et de niébé́ a augmenté́ au cours des deux dernières années, le nombre de producteurs de semences de sorgho et de riz a baissé́. Cette baisse est attribuée à la clôture du WAAPP, un acheteur majeur de semences en 2018. Bien que les marchés des semences de maïs et de riz soient relativement compétitifs, il n’y a pas eu d’augmentation significative du volume de semences vendues.
Bokoum Abdoul Momini
Source: maliweb