L’Evaluation de Politique Publique fait partie des missions assignées au Vérificateur Général en vertu de l’article 2 de la Loi n°2021-069 du 23 décembre 2021 l’instituant. Elle peut se définir comme une appréciation systématique et objective d’une politique, en cours ou terminée, de sa conception, de sa mise en œuvre et de ses résultats, dans le but de déterminer sa pertinence, son efficacité, son efficience en matière de développement, et son impact. Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) vient d’évaluer le plan d’actions pluriannuel budgétisé 2019 à 2022 (PAPB 2019-2022) du programme décennal de développement de l’éducation et de la formation professionnelle (PRODEC 2), en identifiant 34 questions d’évaluation dont les réponses devraient contribuer à améliorer la mise en œuvre du PRODEC 2. L’équipe d’évaluation a retenu six (6) questions en fonction de leur importance et compte tenu des ressources budgétaires disponibles ainsi que du délai imparti pour la réalisation des travaux. Elles sont regroupées en quatre (4) critères d’évaluation : la pertinence, l’efficacité stratégique, l’efficacité opérationnelle et la gouvernance.
Le critère de la pertinence : La matrice de gestion des risques n’avait pas prévu la réalisation simultanée des risques identifiés, une réalité à laquelle le programme a été confronté pendant sa phase de mise en œuvre. C’est pourquoi, la mission recommande au Directeur de la Cellule de Planification et de Statistique (CPS) du secteur de l’Education assurant le Secrétariat technique du PRODEC 2, de tenir compte de l’hypothèse de survenance simultanée des risques dans la matrice de gestion des risques des autres phases du PRODEC 2.
Le critère de l’efficacité stratégique : à travers ce critère, la mission a cherché à savoir si des mesures, devant contribuer à relever le niveau de fréquentation des séries et filières scientifiques par les élèves, sont prévues par le PRODEC 2, ainsi que des actions importantes touchant la politique de manuels scolaires et la création d’une cité des sciences. De plus, les mécanismes de reddition de comptes comme les rapports annuels de performance n’ont pas permis d’apprécier la réalité de l’exécution technique et financière du PAPB 2019-2022. Pour pallier ces insuffisances, la mission recommande au Ministre de l’Education Nationale de réviser la politique nationale de manuels scolaires et du matériel didactique ; de mettre à la disposition des élèves et enseignants des manuels scolaires ; de créer une cité des sciences ; et de réaliser les activités prévues au PAPB au titre de la promotion des filières et des séries scientifiques.
Au Directeur de la CPS du secteur de l’Education assurant le Secrétariat technique du PRODEC 2, de produire des rapports d’activités annuels fiables.
Et au Président du Comité de pilotage du PRODEC 2, de s’assurer de la production et de la fiabilité des données contenues dans les Rapports annuels de performance (RAP), de veiller à l’adoption de procédures de planification et de gestion budgétaire, comptable et administrative de la mise en œuvre du PRODEC 2.
Le critère de l’efficacité opérationnelle : Pour améliorer le mécanisme de prévention et de gestion des risques et vulnérabilités, le PRODEC 2 a prévu l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de contingence. Malgré cette prévision dans le document du PRODEC 2, il n’existe pas de plan de contingence pour le système éducatif du Mali.
Pour répondre aux enjeux des écoles coraniques dans un contexte d’insécurité et de chômage des jeunes, le PRODEC 2 a retenu parmi les résultats, l’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif formel. Le processus d’intégration des écoles coraniques est à l’arrêt depuis plusieurs années, alors que la question constitue un enjeu majeur de sécurité et de lutte contre le chômage des jeunes.
La mission recommande au Premier ministre, Chef du Gouvernement, de sensibiliser et impliquer les acteurs concernés par la question d’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif national ; de trancher la question de rattachement des écoles coraniques ; d’adopter les textes portant création, organisation et fonctionnement de l’agence chargée de la gestion des écoles coraniques ; de suivre le processus d’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif national.
Au Ministre de l’Administration Territoriale et de Décentralisation, d’identifier les écoles coraniques existant au Mali.
Au Ministre de l’Education Nationale et au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, d’élaborer un plan de contingence destiné au système éducatif en concertation avec les autres départements et acteurs concernés.
Le critère de la gouvernance : L’appropriation du programme par les acteurs est une bonne pratique conditionnant la réussite de la mise en œuvre des programmes. Il ressort que plusieurs acteurs clés du PRODEC 2 ne disposaient ni du document de programme ni de son plan d’actions au passage de l’équipe d’évaluation. De même, l’équipe d’évaluation a eu la confirmation qu’aucun atelier ou séance de travail relativement à l’appropriation du PRODEC 2 n’a été réalisé à l’attention du personnel de certaines structures impliquées dans sa mise en œuvre.
Les organes de gouvernance et de suivi de la mise en œuvre du PRODEC 2 ne sont pas entièrement fonctionnels. Cela a un impact sur la mise en œuvre du programme dans un contexte de non-appropriation de celui-ci par des acteurs clés.
Pour une gouvernance plus optimale du PRODEC 2, la mission recommande au Ministre de l’Education Nationale de veiller sur la création et le fonctionnement des organes de gouvernance ;
et au Directeur de la CPS du secteur de l’Education, assurant le Secrétariat technique du PRODEC 2, d’initier les activités d’appropriation du programme à l’attention des acteurs clés.
Correspondance particulière ORBITE MEDIA