L’application pour mobiles pilotée par intelligence artificielle dénommée I.Avocat, qui est apparue au tout début de cette année, a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Le mini-programme qui promettait aussi efficacement et à moindre coût de se passer des services d’un avocat s’est attiré les foudres de la profession.
L’intelligence artificielle peu permettre à l’Afrique d’avancer sur des enjeux cruciaux, mais doit être encadrée pour éviter les dérives.
L’intelligence artificielle peut permettre à l’Afrique d’avancer sur des enjeux cruciaux, mais doit être encadrée pour éviter les dérives.
Dès le début, l’affaire était déjà mal engagée. L’argument marketing pour vendre cette appli auprès des internautes a ulcéré tous les professionnels du droit. Dans un spot promotionnel tourné sur le parvis de la cour d’appel de la ville de Lyon, un justiciable, sans doute fictif, vante les prouesses de ce mini-programme boosté à l’IA qui serait capable d’apporter des réponses « en une minute », « là où un avocat mettrait un an ». La description de ce service « d’avocat virtuel sur mobile » mettait également en avant le coup réduit de son abonnement, de « 69 euros par an contre 1 000 euros pour un avocat. » Et clou du spectacle : le créateur de l’appli, connu à Lyon comme champion d’Europe de boxe thaïe, concluait : « Bien que je n’aie pas de diplôme officiel, je suis capable de rivaliser avec n’importe quel avocat ». Mais voilà ! pas la peine d’être un ténor du barreau pour comprendre que cette profession, comme celle des médecins, est réglementée en France et que toute personne qui prétend la pratiquer sans diplôme tombe sous le coup du « délit d’usurpation du titre d’avocat », nous apprend le Code pénal.
Par ailleurs, les conseils juridiques délivrés par l’appli seraient médiocres, dénoncent certains avocats sur les réseaux sociaux.
Le programme IA de l’application a tendance à halluciner, c’est-à-dire à inventer des réponses sur des questions précises de droit, remarque, par exemple, Maître Eolas sur le réseau social X. Notamment, que l’IA cite des articles de loi qui n’existent pas ou alors les datent de façon erronée. Mais le principal problème d’I.Avocat est avant tout celui de la confidentialité et la sécurité des données qui ont été analysées par le système. Après un scan des documents contenus dans un dossier de procédure, il devient impossible de savoir dans quelle région du monde ils seront hébergés ! Peut-être aux Émirats arabes unis, s’inquiètent les professionnels du droit, qui remarquent que l’entreprise, à l’origine d’I.Avocat, est immatriculée à Dubaï.
Pour faire face aux critiques et à la suite de la mise en demeure du barreau de Paris lui demandant de retirer son programme, le créateur de l’application promet qu’il va modifier les fonctionnalités de son intelligence artificielle.
Il indique que son appli ne servira qu’à donner des conseils juridiques aux internautes. Par ailleurs, le dispositif proposera, sur le modèle de Doctolib, une plateforme sur mobile de mise en relation entre des justiciables et des avocats. En revanche, il ne regrette pas du tout son coup d’éclat en ligne qui lui a permis de réaliser un buzz retentissant. Son application qui ne s’obtient que par un abonnement payant, a été téléchargée plus de 20 000 fois depuis le 1ᵉʳ janvier.