Après l’Imam Dicko, qualifiant le gouvernement d’«arrogant », les cadres du M5-RFP Malikura alertant sur quelques insatisfactions de la gouvernance, c’est le membre du CNT, Ben Le Cerveau qui dégaine…Des agitations qui méritent des réponses.
Avant-hier portées par l’imam Mahmoud Dicko, hier par Konimba Sidibé du M5-RFP Mali kura, puis aujourd’hui (la semaine dernière) par Adama Diarra dit Ben le Cerveau du Conseil national de Transition (CNT), les récriminations contre la Transition se font de plus en plus audibles. Ce qui signifie que le bateau de la Transition malienne semble légèrement secoué par quelques vents de désaccords. Même si ces vents ne sont pas forts, il y a urgence de mettre en place une équipe gouvernementale d’ouverture pour y faire face. Histoire de colmater les brèches pour se remettre d’aplomb face aux nombreux défis qui assaillent le pays.
En effet, c’est au cours du mois de mai dernier que l’Imam Dicko, l’ex-autorité morale du mouvement qui a fragilisé le régime IBK et a conduit à sa chute, avait jeté un gros pavé dans la mare de la Transition. « Pendant que le peuple malien est pris en otage par des gouvernements arrogants, je dis bien “arrogants”, on ne cherche pas de solutions [aux problèmes de notre pays]. Nous, nous sommes dans notre arrogance, et le peuple est en train de mourir ». Des propos qui avaient piqué au vif sans aucune réponse concrète.
Ce fut le tour du M5-RFP Malikura des Konimba Sidibé, Me Mohamed Aly Bathily, Mme Sy Kadiatou Sow, Modibo Sidibé et d’autres de donner de la voix sur la marche du pays. Non sans insister sur le fait que « la situation sécuritaire du pays s’est fortement détériorée »
Après ces griefs récemment épluchés par la tendance dite « Mali kura » du mouvement M5-RFP, c’est le tour du président de l’association Yèrèwolo-Debout sur les remparts, Adama Diarra dit Ben Le Cerveau, membre du CNT, de dégainer contre la gestion du pays durant ces derniers mois. Quelle mouche a pu piquer ce soutien de première heure du pouvoir de transition ? Il se joint ainsi aux Konimba Sidibé, Me Mohamed Aly Bathily et autres qui deviennent de plus en plus critiques de la gouvernance.
Le leader de Yèrèwolo- Débout sur les remparts, sur un ton presque menaçant, dénonce la mauvaise gouvernance, notamment la corruption et des pratiques similaires qui jurent avec le changement attendu. Parmi ces pratiques, il cite des recrutements frauduleux à la police, à la Caisse nationale d’Assurance Maladie (CANAM), la corruption au sein du CNT, du gouvernement et à la présidence de la République du Mali. Avant d’inviter le gouvernement à abandonner son projet de port obligatoire de casque, qui entrera en vigueur, en janvier 2023. Non sans manquer de qualifier cette mesure gouvernementale d’impopulaire par ces temps de vie chère, où l’État est incapable de fournir le marché national en denrées de première nécessité pour soulager la souffrance des Maliens.
Et ce jeune leader, qui a beaucoup participé à la démolition du régime IBK de dénoncer aussi l’augmentation du nombre des membres du CNT, comme budgétivore, de même que l’augmentation du budget de la présidence de la République, etc..
Ces prises de positions ajoutées aux critiques de ces dernières semaines sur les tentatives de musellement de la presse, les menaces de grèves, comme celles des étudiants, celle des magistrats constituent une véritable cure d’amaigrissement à la « majorité » au pouvoir de Transition. Cela doit alerter le chef de l’Etat et son Premier ministre par intérim à rectifier rapidement le tir, pour conduire le pays à bon port.
Cela doit passer par des gestes forts rassembleurs. Par exemple, un discours à la Nation du chef de l’Etat pour démontrer qu’il est à l’écoute du peuple et remobiliser les forces vives au chevet de la patrie. Ensuite, le Col Assimi Goïta doit procéder à des consultations pouvant aboutir à la formation d’un gouvernement consensuel et vertueux.
Bruno D SEGBEDJI
Mali Horizon