Si les espoirs étaient retrouvés à cause de la bonne pluviométrie enregistrée cette année, la mauvaise gouvernance est venue basculer les prévisions. En cause, la chaine d’approvisionnement des engrais aux agriculteurs n’a pas correctement fonctionné, malgré les engagements et les promesses prises par le gouvernement consécutif aux alertes sur l’insuffisance d’engrais.
Des champs de céréales, à perte de vue, jaunissent. Les plans de coton qui, n’arrivent pas à produire. Des paysans s’endettent pour sauver le peu qui reste. Voilà la situation funeste qui menace l’atteinte de l’objectif des millions de tonnes annoncées par les acteurs du secteur de la production agricole de la campagne 2022-2023 dans un contexte de cherté de la vie.
Face à la situation, de nombreux agricultures pessimismes préviennent l’Etat de prendre d’autre disposition pour une éventuelle contre saison en vue d’éviter la famine qui frappe de plusieurs localités du pays auxquelles l’État et les partenaires techniques apportent des assistances. C’était dû aux conséquences de la mauvaise pluviométrie de la campagne écoulée et l’insécurité.
Loin du scenario de l’année dernière, Mamadou SOUMAHORO, un enseignant à la retraite à Kalana alerte déjà sur les récoltes des céréales dans sa zone.
« J’avais fait 3 hectares de maïs cette année, mais à faute d’intrants, je me suis limité à un hectare et les deux autres ont été abandonnés dans la nature. Le sac du prix de l’engrais est excessivement cher, puisque nous n’avons pas bénéficié de l’aide de l’État. Les prix des autres pesticides ont triplé cette année. Mes moyens financiers ne me permettent pas de produire les 12 tonnes comme d’habitude », a-t-il regretté.
A défaut de se procurer de pesticides, les conséquences du non utilisation de ce produit sur le champ de l’enseignant à la retraite sont sans appel : des plants de maïs qui jonchent dans les herbes à la merci des animaux ; les plants de haricots se perdent dans les herbes.
Une scène pathétique similaire à de nombreux champs de Kalana, une localité située dans le cercle Yanfolila, réputée pour l’agriculture dans notre pays.
A l’image de Kalana, dans la zone office du Niger qui fournit une grande partie de la production céréalière, il n’y a pas grand espoir. Là-bas, Sinaly SINETA, vit aussi le même calvaire lié aux contraintes d’accès à l’engrais et aux pesticides.
Alors que la saison est presque finie, M. SINETA semble tourner la page. Selon lui, la seule alternative pour épargner les populations de la famine en période de soudure est la réalisation des grands programmes de contre saison. « Nous avons toutes les potentialités pour produire après les saisons de pluies », rassure-t-il.
Pourtant, les autorités maliennes avaient annoncé qu’elles allaient injecter 456 milliards FCFA dans le financement de la campagne agricole 2022-2023. « L’Etat fournira 176,2 milliards, les exploitants agricoles 203 milliards et les partenaires financiers 76,4 milliards. Sur ces sommes, 54,9 milliards sont destinés à la subvention des intrants de la production cotonnière pour maintenir le Mali au rang de premier producteur de coton d’Afrique subsaharienne. Un leadership qu’il a arraché en 2021 avec une production de 760 000 tonnes de coton graine. La filière céréales bénéficiera de 15,6 milliards car le Mali veut produire cette année 10,5 millions de tonnes » avant annoncé le président de la transition lors de la 12e session du Conseil supérieur de l’agriculture (CSA) tenue le 12 avril à Koulouba.
Ce jour-là, le président Assimi GOITA avait formulé des recommandations au gouvernement afin de permettre au secteur agricole de jouer le rôle qui lui revient dans le processus du développement économique, politique et social.
« Il s’agit, entre autres, de doter le secteur du développement rural d’une Loi de programmation des investissements dans le secteur agricole ; de poursuivre le programme de pluies provoquées en début et fin de l’hivernage ; de mettre en place un programme spécial de promotion de certaines productions céréalières et maraîchères de très grande consommation et accroître l’utilisation des intrants locaux », avait-il promis.
Mais dans aucun de ces secteurs, les résultats escomptés ne seront pas respectés fautes d’intrants agricoles.
Malgré les assurances du Ministre de l’Agriculture et du développement rural, il y a quelques jours sur les antennes de l’ORTM, la situation est catastrophique sur le terrain.
Source : Info-Matin