Initialement convoqué en conseil de discipline le 1erjuin dernier, le magistrat Cheick Mohamed Chérif Koné a remporté la première manche de son combat en faisant reporter l’audience au 15 juin prochain. C’était au terme d’une audience « expéditive » à la Cour Suprême qui n’a duré que 4 minutes. Le magistrat ‘’rebelle’’ avait saisi l’occasion pour mettre en cause la qualité du président de la transition à présider le Conseil supérieur de la magistrature.
Le « procès de la magistrature » : c’est ainsi que Cheick Mohamed Chérif Koné qualifie la procédure disciplinaire engagée contre lui par le président de la transition, auteur d’un double coup d’Etat. « Mon grand souhait est que la procédure soit menée jusqu’à terme, conformément à la loi, sans la moindre entrave de notre part », a-t-il écrit dans un mémo envoyé le 1er juin dernier au Procureur général de la Cour suprême, président de la procédure disciplinaire.
Dans son mémo, le magistrat indique que « nos dirigeants ne sauraient demeurer en marge du droit ». Car, à son avis, « ce serait une démission pour les membres de nos organisations de rester inactifs et muets face aux atteintes les plus graves à l’indépendance du pouvoir judiciaire, aux règles de procédure, ainsi qu’aux libertés et droits fondamentaux consacrés par les instruments internationaux et notre constitution ».
En effet, c’est en sa qualité de président de l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) que Cheick Mohamed Chérif Koné avait dénoncé la procédure conduisant à l’arrestation de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et l’ancienne ministre des Finances Bouaré Fily Sissoko, dans l’affaire des équipements militaires. Cette prise de position lui avait valu d’être limogé, en septembre 2021, de son poste de Premier avocat général près la Cour Suprême du Mali.
Mais Chérif Koné ne désarme pas. Au contraire, le magistrat assure qu’il est « hors de question pour lui de cautionner » la violation des principes et règles de démocratie de la part de quiconque, y compris d’un président de Transition. Pour le magistrat convoqué, la qualité du Colonel Assimi Goïta, premier magistrat du pays et président du conseil supérieur de la magistrature « sont légitimement discutables pour être juridiquement contestables, au regard de notre Constitution, de la charte de la Transition et du droit international ».
Pour sa défense le 15 juin prochain, Cheick Mohamed Chérif Koné révèle sa stratégie. Du moins en partie. Pour ce faire, le magistrat s’est entouré d’un pool de juristes de renommée nationale et internationale dirigé par le redouté Me Kassoum Tapo, dernier ancien ministre de la Justice du défunt Président IBK.
Mamadou TOGOLA
Source : maliweb.net