Depuis l’avènement de la crise de 2012 au Mali, beaucoup de personnes ont été victimes de conflits. Parmi ces personnes touchées, les enfants et les femmes qui constituent les couches vulnérables occupent une partie importante. Au cours de la 5ème audience publique non judiciaire de la commission vérité justice et réconciliation (CVJR), plusieurs victimes ont fait des témoignages émouvants dont le thème portait sur « les femmes victimes de violences sexuelles et les enfants victimes de conflits ». Mariage forcé, viol, esclavage sexuel, enrôlement d’enfants de guerre etc. sont entre autres les natures de ces violences. Chacune de ces victimes représente des centaines de cas similaires. Pour des raisons de sécurité, les victimes ont témoigné à l’anonymat.
La victime numéro 1 est une femme veuve âgée de 54 ans originaire de Ségou. Elle a été victime d’un viol collectif en 2012 à Gao par un groupe armé. C’est pendant l’occupation de cette ville du nord du Mali que des hommes armés ont fait irruption dans son domicile où elle vivait avec son mari, ses enfants, son beau-frère et un colocataire. Tous ont été ligotés avant de violer toutes les femmes qui s’y trouvaient. Depuis ce jour, son mari a disparu et jusqu’à nos jours aucun membre de la famille n’a de ses nouvelles. Ces actes ont poussé son enfant âgé de 15 ans de s’exiler dans un pays voisin. Son beau-frère ne pouvant pas supporter est décédé après. Cette dame ne souhaite pas que de tels actes inhumains et dégradants soient commis à d’autres femmes.
La victime numéro 2 est une femme divorcée âgée de 40 ans de Tombouctou. Juste après son divorce en 2012 pendant l’occupation de Tombouctou par des groupes armés, elle a été remariée de force à un responsable de groupe armé. Ce dernier est venu l’enlever avec 07 hommes armés laissant derrière elle sa vieille maman malade et son bébé. Ce mariage forcé a duré 06 mois avec un enfant qui a aujourd’hui 09 ans. Cet enfant est victime de stigmatisation à l’école. Elle était gardée par 02 hommes armés à chaque fois que le monsieur se déplaçait. Elle a été victime de stigmatisation pendant qu’elle était enceinte.
Elle, la victime numéro 6 est une femme âgée de 48 ans originaire de Ségou. La victime est partie en aventure à Kidal depuis 1995 où elle s’est mariée. Elle y est restée jusqu’aux évènements de 2012. Après le massacre d’Aguelhok son mari avait décidé que sa famille retourne à Gao. Soudain, les hommes armés ont fait irruption chez eux puis les ont dépossédés de biens en disant que ces biens ont été gagnés à Kidal et resteront à Kidal. La victime a été agressée violemment par les assaillants lorsqu’elle s’est opposée à l’enlèvement de sa moto Jakarta. A défaut de la violer, ils ont introduit le bout de leur fusil dans son organe génital et l’ont retiré avec force. Ce qui a provoqué la déchirure d’une partie de cet organe. La famille a fini par quitter Kidal pour la région de Ségou. La victime souffre encore de la stigmatisation de la part de ses coépouses.
Agée de 20 ans, la victime numéro 10 de cette 5ème audience publique de la CVJR, a été victime d’un enrôlement d’enfants en 2012 à Tombouctou par un groupe armé quand il avait l’âge de 11 ans. Avec l’occupation de la partie nord du pays à cette époque, les classes étaient fermées. Ce groupe armé envoyait ses éléments en véhicule pour sensibiliser les enfants afin qu’ils adhèrent à leur cause. Une fois adhérées, les jeunes recrues bénéficiaient d’une formation militaire. Cet enfant de 11 ans est resté dans le mouvement pendant deux ans alors que sa maman était réfugiée dans un pays voisin. Quand celle-ci a appris la nouvelle, elle est vite rentrée à Tombouctou pour mener des démarches afin d’obtenir la libération de son enfant. Ainsi, après plusieurs tentatives et avec l’aide de certains notables l’enfant a été libéré. Il est ensuite retourné à l’école après avoir perdu 03 années scolaires. Dans son intervention, Il souhaiterait que l’Etat assure la sécurité sur toute l’étendue du territoire du pays. Que l’Etat récupère toutes les armes proliférées. Qu’il finalise le processus DDR et qu’il prévienne la non récurrence.
Quant à la victime numéro 11, elle est un enfant âgé de 12 ans qui a été victime d’une balle perdue alors qu’il était en train de jouer au ballon avec ses amis à Gao en 2013. Cela a provoqué une crise cardiaque chez sa grand-mère chez qui il habitait et est décédé par la suite. La plaie a été infectée à cause du retard accusé dans son transfert vers un hôpital régional. C’est pourquoi, une jambe de cet enfant a été amputée. Il marche aujourd’hui avec une béquille. L’enfant a abandonné l’école à cause de la stigmatisation et son rêve de devenir footballeur s’est envolé. Il a besoin de soutien afin qu’il puisse reprendre le chemin de l’école et jouer au ballon avec ses amis.
M D K